TRANSITION AU MALI : Le M5-rfp, seul au milieu du désert de l’opposition?

TRANSITION AU MALI : Le M5-rfp, seul au milieu du désert de l’opposition?

11 juin 2021 0 Par Mali Scoop

La politique, ça ne consiste pas à suivre le courant, mais à indiquer le cap » (Jacques Chirac).
La période transitoire du pays est très mouvementée en ces moments. Si les Leaders du M5-rfp font feu de tout bois en ce moment. Surtout après que l’ex vice-président a mis fin aux prérogatives du Président de la transition, Bah N’Daw, et son Premier ministre Moctar Ouane. Ce n’est pas le cas pour les autres regroupements politiques d’alors comme Ensemble pour le Mali. Beaucoup de formations politiques qui n’ont jamais cru à la chute d’IBK et qui étaient des farouches opposants au M5-rfp, veulent faire cavalier ensemble. Une manière pour eux de se repositionner dans le jeu politique national.
Le Mali politique, aujourd´hui caractérisé par une constitution à revoir, des Présidents de la République et des Députés non élus, des lois personnelles et iniques, une justice qui ne rassure aucun justiciable malien, une armée non républicaine retournée contre le Peuple.
« Rien n’a changé depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012. C’est la descente vertigineuse aux abîmes. Si ce n’est pas de l’enfer, cela y ressemble. Une prise de conscience est donc urgente pour tous les Maliens aimant leur pays pour que les choses puissent changer positivement.
Dans sa constance, le mouvement du 5 juin a su conquérir le cœur de milliers de Maliens. Ce qui fait de ce regroupement la principale force d’opposition du moment au Régime transitoire. Ce qui fait jaser les autres Leaders des formations politiques. Qui pour la grande majorité sont des anciens compagnons de lutte avec les Leaders de ce mouvement.
Et voyant la direction du vent tourner à leur avantage, ils sont prêts à tout pour jouer sur le nerf de ses Leaders afin d’avoir une place au soleil. Où, à défaut, saboter leur lutte.
Le hic est que depuis la chute du Régime d’IBK en août 2020, dans les conditions que tout le monde connaît, beaucoup de formations politiques dites de l´opposition ou de la majorité présidentielle se regardent en chiens de faïence. Et, pour beaucoup d´observateurs de la scène politique malienne, il faudrait un miracle pour qu’une nouvelle coalition homogène de l’opposition ou de la mouvance puisse voir le jour, se battre ensemble et réaliser l´alternance tant souhaitée.
Et le comportement de beaucoup d’Acteurs sur le terrain ne laisse pas présager d´un avenir rassurant. La classe politique est divisée ; et ce sont ces divisions, difficilement camouflables et difficilement camouflées, qui avaient fait ressurgir des comportements déshonorants qui eurent finalement raison de Bah N’Daw et son Premier ministre.
Et comme pour confirmer que la quasi majorité des forces vives de la Nation est malheureusement handicapée par ses propres contradictions, les agitations actuelles pour soutenir ou combattre les militaires au pouvoir est une parfaite illustration. L´éternel slogan le plus populaire au sein de leaders maliens, mais jamais prononcé, «le moi ou rien » a reprit ses lettres de noblesse.
Aujourd´hui, la situation politique malienne se présente comme suit: d´un côté un Régime militaire, qui veut faire bouger les choses, incarné par la Assimi Goïta qui, en dehors des délices immédiats du pouvoir, ne semble pas trop comprendre pourquoi il est là; entouré de ses frères d’armes et quelques amis, ils veulent redorer le blason du pays. Mais pas sans difficultés. Car, les intérêts en jeu sont énormes et les complices sont tapis dans l’ombre prêts à faire capoter la transition.
De l’autre côté, il y a les jusqu´au-boutistes et surtout tribalistes jusqu´aux os. Leur logique: le pouvoir à eux seuls ou le néant. Et, enfin, il y a le Peuple conscient du dénuement qui est le sien, mais résigné. À force de toujours se battre sans résultat escompté, les populations maliennes avaient ou ont fini par s´en remettre à Dieu.
L’évolution de la situation dans les jours à venir va montrer le vrai visage des Leaders tant politiques et de la société civile du Mali. Car, pour beaucoup d’entre eux, il faudra tout faire pour être dans les bonnes grâces des Responsables du M5-rfp. A défaut, se rapprocher des militaires. « Qui vivra verra ! », avait l’habitude de dire feu Lassidan national.
Paul Yapi N’GUESSAN