TRANSITION AU MALI : Assimi Goïta, le Président aux pleins pouvoirs !
1 mars 2022Le Conseil national de la transition (CNT) a adopté une nouvelle charte. C’était le 21 février 2022, lors d’une séance plénière qui se penchait sur la modification de la charte adoptée au lendemain de la chute de feu Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), en août 2020, et qui courait jusqu’aux élections initialement prévues pour se tenir à la fin de ce mois de février 2022.
Pour cause, les élections censées signer le retour du pays à l’ordre constitutionnel à l’horizon de ce mois de février 2022, ne pourront se tenir à la date indiquée ; les autorités de la transition s’étant, à deux mois de l’échéance, déclarées incapables de respecter ce délai. Quand on sait que ce manquement avait valu les foudres de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) au Mali qui vit depuis lors, sous embargo économique et diplomatique, c’est peu de dire que la nouvelle échéance de la transition était attendue avec beaucoup d’intérêt au-delà même des frontières du pays. Mais il va falloir encore patienter avant de la connaître.
Cette passe décisive du Colonel Malick Diaw du CNT au Colonel Assimi Goita en dit long., Car ouvrant un grand boulevard au colonel Assimi Goïta vers les buts sans gardien d’une présidence, pour l’élection de laquelle il ne pourra pas prendre part, tant qu’il reste président de la transition.
La seule lecture possible de cette disposition de la nouvelle charte, c’est le passeport délivré avec visa, au patron de la junte, qui n’aura, sans doute, que le choix de dire oui à l’appel insistant du peuple pour se porter candidat à une présidentielle qu’il aura, lui-même organisée. Et comme en Afrique, on n’organise pas des élections pour les perdre, l’occasion, et toute l’opportunité sera donnée au colonel de se refaire une virginité par les urnes. Et il aura atteint l’autre bout de la voie, jalonnée de deux putschs qu’il s’est tracée.
Subitement, comme dans une amnésie collective, tous ont oublié que Assimi Goïta, est le seul fautif de toute cette transe qui s’est emparée du Mali et a valu aux militaires qui ont tiré sur la démocratie, par deux fois en moins d’un an, le courroux logique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et d’une partie de la communauté internationale.
Dans un tour de magie dont seuls ont le secret les disciples de Belzébuth, les nouveaux maîtres de Bamako ont réussi à se cacher derrière les incohérences d’une France qui n’a pas su se réadapter au nouveau logiciel de partenariat égalitaire et gagnant-gagnant assimilé par les Africains, pour mener à bien leur dessein de garder leur pouvoir inconstitutionnel, le plus longtemps possible.
Désormais, en plus des 18 mois qu’ils ont déjà passés au palais présidentiel de Koulouba, le colonel et ses hommes, des militaires et des civils acquis à la cause des…militaires, peuvent s’y enkyster avec le blanc-seing du CNT, le parlement sans mandat du peuple.
La junte militaire au pouvoir au Mali, doit pouvoir revenir à de meilleurs sentiments pour éviter d’être pointée du doigt comme celle qui a ouvert la boîte de Pandore du retour de l’instabilité socio-politique dans une Afrique de l’ouest qui se cherche, avec plus ou moins de réussite, sur les chemins difficiles de la démocratie.
Bien malins les « parlementaires du CNT».Ils ont soigneusement évité de mettre les pieds dans le plat du sujet qui fâche, en se contentant d’une formule sibylline qui fixe la fin de la transition à l’organisation de la prochaine présidentielle sans en donner de délai précis. Pourtant, c’était tout l’intérêt de cette session parlementaire, dès lors que la disposition qui rend inéligible le président de la transition, n’a pas été touchée.
D’autant que la CEDEAO qui a catégoriquement rejeté le délai de cinq ans issus des Assises nationales de la refondation (ANR), délai ensuite ramené à quatre ans par les autorités intérimaires, continue de maintenir la pression pour une durée de transition « raisonnable ». Le réalisme va-t-il alors prévaloir ?
En tout cas, sur la question, l’institution sous-régionale qui soutient que c’est à son corps défendant qu’elle a pris des mesures punitives drastiques contre les tombeurs d’IBK, se dit prête à faire des concessions si Bamako ramène la durée de la transition à des proportions « raisonnables ».
Cela est d’autant plus impératif que dans les faits, c’est le peuple malien qui paye le plus lourd tribut de ces sanctions d’isolement qui poussent le pays au bord de l’asphyxie économique.
Le Point