TENSIONS PREELECTORALES EN COTE-D’IVOIRE : Que peut faire encore la CEDEAO ?

TENSIONS PREELECTORALES EN COTE-D’IVOIRE : Que peut faire encore la CEDEAO ?

27 octobre 2020 0 Par Mali Scoop

Une mission ministérielle de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), conduite par la Ghanéenne Shirley Ayorkor, est arrivée à Abidjan le 18 octobre dernier, dans la matinée, pour tenter d’apaiser les vives tensions préélectorales en Côte d’Ivoire, nées de la décision assumée du président sortant, Alassane Ouattara, de se présenter à la présidentielle du 31 octobre prochain, pour la troisième fois consécutive.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les lignes n’ont pas bougé malgré les appels au calme et au fair-play politique lancés aux différents acteurs, et il est à craindre que le climat déjà électrique sur le terrain, s’alourdisse davantage au fur et à mesure qu’approchera la date fatidique du 31 octobre. Les échauffourées à Bongouanou dans le fief supposé de l’un des candidats de l’opposition, Pascal Affi Nguessan, et les propos arrière-gardistes à caractère tribaliste enregistrés çà et là, ces derniers temps, sont la parfaite illustration des risques réels de déflagration si l’élection présidentielle est organisée en l’état, c’est-à-dire sans un minimum de consensus entre les différents protagonistes.
Seulement, voilà : les positions semblent tellement tranchées qu’à une dizaine de jours de l’élection, il est quasiment impossible de trouver un modus vivendi qui éviterait une crise post-électorale lourde de conséquences pour ce pays qui en a déjà fait les frais dans un passé récent. La surdité, pour ne pas dire le nombrilisme des leaders politiques ivoiriens face au risque de naufrage collectif, aurait pu être pallié par la diplomatie préventive de la CEDEAO et de la communauté internationale, mais rien que la présidentielle, en Guinée-Conakry avec Alpha Condé comme candidat à un 3e mandat, vient rappeler que l’institution régionale a atteint le degré achevé d’incompétence en matière de prévention de crise politique dans notre sous-région.
Du coup, on s’interroge sur l’efficacité de cette stratégie ponce-pilatiste qui consiste à instrumentaliser des cyber-activistes vivant hors du pays, pour créer le désordre, tout en clamant leur légalisme et leur respect des institutions de la République. Une chose est sûre, si les choses restent en l’état, Alassane Ouattara va rouler en roue libre vers son 3e mandat, face aux têtes d’affiche de l’opposition qui promettent d’être aux abonnés absents le 31 octobre, et à un candidat, Kouadio Konan Bertin, dont le principal défi sera d’obtenir les 5% de suffrages requis pour le remboursement de sa caution.
Car, ce qui paraît intéresser aujourd’hui bon nombre d’Ivoiriens, qui ne veulent pas revivre la tragédie de 2011, c’est plutôt l’offre politique que chaque candidat est appelé à leur présenter. L’opposition devrait se concentrer sur l’essentiel sous peine d’avoir un réveil douloureux. En tout état de cause, les discours haineux, empreints de xénophobie et autres propos va-t-en-guerre aux relents ethnicistes et régionalistes, ne doivent plus avoir droit de cité dans ce pays qui n’a pas encore fini de panser ses plaies.
Cela dit, la campagne désormais lancée, on peut s’interroger sur le nombre d’Ivoiriens qui se donneront la peine d’aller retirer leurs cartes d’électeurs, le tout, c’est connu, n’étant pas de se faire enrôler. En tous les cas, tout le mal qu’on puisse souhaiter à la Côte d’Ivoire, c’est l’union sacrée de ses filles et fils pour négocier, en douceur et en toute tranquillité, le virage dangereux qu’elle s’apprête à amorcer.
Assi de DIAPE