Report de la rentrée scolaire : Le poisson noyé dans l’eau !
12 octobre 2024Le ministre va-t-il réussir dans la gestion des syndicats de l’éducation. C’est la question que l’on se pose au regard de la situation caractérisée par le report de la rentrée scolaire 2024-2025. Le seul prétexte d’inondation ne suffit pas pour le faire car l’État se doit en toute circonstance trouver des solutions aux problèmes qu’il peut rencontrer à tout moment.
D’entrée, nous apportons notre compassion et soutien à toutes les victimes des inondations intervenues pendant la saison pluvieuse. Une catastrophe naturelle qui a mis des Maliens dans une situation indescriptible ! Les plus touchés et exposés sont les enfants dont les parents traversent des situations financières difficiles en cette veille de rentrée scolaire. Une pensée pieuse à tous ces Maliens contraints d’être des déplacés, des réfugies en raison des inondations. « Le temps est à la fois le pansement à toutes leurs blessures et un espoir de renaissance ».La situation du pays sur le plan pluviométrique est inquiétante avec les inondations et la montée qui a atteint un niveau jamais égalé. Cette situation a eu des conséquences énormes sur l’éducation, l’économie avec la destruction des récoltes, les inondations des périmètres irrigués, la destruction de certaines plantations et les périmètres de maraichage. Mais c’est surtout les conséquences sur le plan éducatif qui sont très inquiétantes car elle provoque un bouleversement profond du calendrier scolaire quand bien même que certaines écoles privées en violation des décrets du département ministériel de l’éducation auraient commencé les cours depuis le 3 septembre dernier. Une brèche grandement ouverte dans la gestion de l’éducation par l’actuel ministre et son staff. Un manque de fermeté de leur part qui pourrait avoir de graves conséquences. Certes, les inondations sur la grande majorité du territoire ont contraint les sinistrés à occuper certaines écoles publiques en attendant de trouver une solution. Mais ce prétexte cache plusieurs autres problèmes à des niveaux différents. Parmi ces problèmes, il y a le manque de communication et de cohérence de vision entre les syndicats de l’éducation et le département ; un manque d’anticipation et de proactivité, un manque de vision claire pour faire face à toutes les situations imprévues, entre autres. Bref, le ministre et son secrétaire général semblent ne pas maitriser le fonctionnement du système éducatif et sa ‘’locomotive.’’ Un prestige qui n’est pas donné à tout le monde.
Sur le sujet, un confère a mis son doigt sur la plaie. Les autorités de l’éducation se sont expliquées mais leurs arguments semblent être insuffisants pour se justifier. En effet, au Mali, le nombre de salles de classe est 20.161. Parmi celles-ci, seulement 183 sont occupées par les sinistrés. En plus, sur les 86 lycées publics dont dispose le pays, seulement 2 ont des cas de salles soit occupées ou inondées. Pour les Instituts de Formation des Maitres, ils sont au nombre de 19 dont avec seulement 2 cas d’inondations. Quant aux écoles professionnelles, il n’y a un cas de salle en situation d’indisponibilité. En se basant sur ce tableau, il y a-t-il une raison pour décaler la rentrée surtout que certaines écoles privées occupées par les enfants du pays qui ont le même droit à l’éducation que les autres sont en train d’étudier ? Enfin, l’argument selon lequel des classes sont occupées ne peut pas tenir la route car depuis au moins 12 ans, des dizaines d’écoles étaient fermées dans les régions du nord et du centre mais cela n’a pas été un prétexte pour reporter la rentrée scolaire. « Le département doit éviter de noyer le poisson dans l’eau ».
Cette attitude condescendante de la part des plus hautes autorités de l’éducation est-elle l’expression de leur « deux poids deux mesures »envers certains enfants du même pays car, certaines d’entre elles ont leurs enfants dans ces écoles privées qui pourtant ont commencé les cours depuis plus d’un mois.
L’amateurisme et l’imprudence
Le manque de mesures adéquates, le tâtonnement et la négligence de la situation par le département montre que les affaires sont mal gérées. La preuve la plus fragrante est le retard dans l’annonce du report de la rentrée scolaire. Les parents ont payé les fournitures scolaires, les frais de scolarité, les tenues scolaires, en utilisant leurs économies mises de côté depuis des mois pour la circonstance. Sans oublier que les parents des écoles privées frappées par cette mesure sont dans la précarité et l’hémorragie financière. Ils espèrent trouver un peu d’argent pour payer leurs dettes et subvenir aux besoins fondamentaux de leurs familles. Pour Moussa Mara, concernant ce report de la date de la rentrée scolaire au lundi 4 novembre, moins de 24H avant la date initiale du mardi 1er octobre, le Gouvernement aurait dû prendre cette décision beaucoup plus tôt, ce qui aurait sans doute évité des dépenses aux parents d’élèves, en cette période de grandes difficultés économiques. Selon lui, gouverner c’est aussi et surtout prévoir, anticiper, préparer et faire face aux situations le mieux possible ! Il demande aux autorités de s’organiser pour que le mois d’enseignement perdu puisse être effectivement rattrapé afin que nos enfants ne souffrent pas de cette perte de temps d’apprentissage. Cette dernière partie est une équation à plusieurs inconnues, car les mois perdus ne pourront pas être rattrapés sans une répercussion sur l’année scolaire suivante. En plus comment organiser les examens de fin d’années à la même période que les autres écoles qui commencé avant les écoles publiques et privées frappées par cette situation ? Le département de l’éducation doit fournir des explications dans ce sens afin d’éclairer la lanterne des citoyens qui restent interrogatifs sur le sujet.
Certaines écoles privées ont commencé depuis le 3 septembre dernier?
Comme disait un citoyen, « l’État est fort et détient tous les moyens pour faire exécuter ses directives. Une sanction est obligatoire car une décision gouvernementale n’est pas à saboter. Qu’il prenne des précautions contre les promoteurs d’écoles privées qui refusent de respecter les décisions des plus hautes autorités ». L’inquiétude et la vraie question qui mérite d’être posée est : qu’est ce qui ne va pas au niveau du département ministériel pour ne pas être au courant de ce qui passe au niveau dans certaines écoles privées ?Cette question a tout son sens car depuis un certain temps, le département de l’éducation a pris la décision de sanctionner les écoles privées qui respecteront les dates réelles de la rente scolaire. Comme disait un analyste, « les responsables de l’éducation ont parlé pour parler et non pour prendre des mesures réelles et idoines afin d’éviter ce manque de respect ». Des écoles privées de « hautes gammes » ont été insensibles à cette menace du département concernant les dates de la rentrée scolaire. Pire, elles font la sourde oreille car elles savent que les sanctions ne tomberont jamais. Le ministre a promis des sanctions à la hauteur de l’acte mais « la montagne a accouché d’une souris ». Rien n’a été fait de façon officielle pour les dissuader ou les contraindre à attendre les autres écoles publiques et privées. Dans les conditions normales, aucune école sur le territoire malien ne doit commencer son année scolaire sans l’aval du département de l’éducation. C’est d’ailleurs la règle générale dans tous les pays du monde sauf au Mali. C’est donc cette vérité qui s’impose : le ministre de l’éducation et son département n’arrivent pas à mettre fin aux anciennes pratiques qui nuisent à l’école malienne malgré la volonté des plus hautes autorités à refonder la gestion du pays. « La refondation de l’État doit commencer par la refondation du système éducatif et son plan d’action ». Les états généraux sur l’éducation et autres réflexions stratégiques sur l’éducation sont très capitaux mais ne servent à rien si le juste minimum ne peut être respecté par les autorités en charge de l’éducation.
Un problème cache un autre
Dans la gestion de la chose éducation, il se peut que le ministre ait oublié de mettre au cœur les différents syndicats. Si c’est me cas, il a commis l’un des plus grands péchés du moment car les syndicalistes sont des montagnes de problèmes à gérer avec la plus grande prudence et intelligence. « Ils ne pardonnent pas de se faire exclure du navire ». Tous les ministres de l’éducation du Mali qui ont coulé l’ont été à cause de la mauvaise gestion des syndicats. Selon certaines sources bien introduites, le ministre, depuis sa nomination n’a pas crée l’occasion de rencontrer les syndicats malgré la demande pressante de ceux-ci pour le rencontrer avant de mettre sur le tableau les vrais problèmes de l’éducation et tenter de trouver des solutions idoines. Une main tendue des syndicats qui vient d’être plié, car ils sentent que le ministre veut gérer tout le problème de l’école sans les vrais acteurs de l’école ». Et c’est compte tenu de la situation maintenant que le ministre a besoin d’eux alors que ceux-ci ne sont plus disponibles pour lui. Ils ne veulent pas eux aussi rencontrer le ministre. Et le hic est que la rentrée scolaire ne peut se faire sans les consulter et faire une petite évaluation de la situation générale de l’école.
Le Point