RÉHABILITATION DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE: Les députés ne désespèrent pas !
3 octobre 2020Rejetant en bloc leur mise à la retraite anticipée par le président déchu, IBK, les élus nationaux exigent une réhabilitation de la législature. Ils l’ont fait savoir à travers un point de presse, il y a une dizaine de jours. Tout reste possible selon eux vu que la Constitution n’est pas suspendue !
Si les regards sont à présent tournés sur les orientations à donner à la future Transition, les députés de la 6ème législature sont sur un autre front. Alors qu’ils avaient affiché leur mécontentement suite à la dissolution du Parlement, ils ont été refroidis par la junte : les élus nationaux furent sommés par le CNPS de rendre les véhicules qu’ils détenaient à Direction des biens de l’État.
Une page loin d’être tournée, car, dans un complexe hôtelier, ils ont procédé à une revue de la situation qui prévaut. Au lendemain des concertations nationales, les députés « sortants » n’entendaient pas rester en marge de l’actualité. Ils ont ainsi passé au peigne fin les conclusions du grand rendez-vous du CICB et leur réaction ne s’est pas faite attendre : ils réfutent catégoriquement la mise en place d’une Constituante.
Ainsi, l’organe législatif censé siéger lors de la Transition est rejeté en bloc par ceux qui ont été mis en arrêt de travail par le Président IBK qui rendait sa démission. Il faut rappeler qu’il avait dissout le Parlement et le Gouvernement alors qu’il était aux mains de la junte. L’immixtion de la Cour Constitutionnelle d’alors a été l’élément déclencheur qui aura eu raison de l’ancien patron de Koulouba. 31 députés furent élus « injustement » mettant la 6ème législature au cœur de la polémique. A telle enseigne que la CEDEAO était intervenue pour un consensus qui fut finalement rejeté car les concernés qui ont refusé de démissionner jusqu’à ce que toute l’Assemblée soit remerciée lors du Coup d’Etat.
Face aux médias, les Honorables maliens ont estimé être plus légitimes que ceux qu’on s’apprête à nommer. Choisir des compatriotes afin de légiférer alors qu’ils ont avec eux les suffrages du peuple est une pilule qui passe mal. Les locataires de Bagadadji dénoncent la dissolution du Parlement qui à leurs yeux n’a pas été faite dans les normes. Ils appellent donc à une réhabilitation de la législature.
Auront-ils gain de cause alors que les députés au cœur de la contestation avaient refusé de démissionner ? Quelle sera la réaction des députés réellement élus qui ont même refusé de siéger au Senat (encore inexistant) ? Le peuple acceptera-t-il d’avoir des leaders politiques siégeant en son nom alors qu’ils n’incarnent pas le choix sorti des unes ? Les 116 députés élus « normalement » arriveront-ils à convaincre ceux-là qui ont indiqué ne jamais céder leur siège sauf en cas de dissolution ? Ont-ils retenu les leçons du fait qu’à cause de la polémique autour de la législature, l’Assemblée a été vandalisée provoquant d’importants dégâts matériels ? Le RPM peut-il rebondir avec une assise majoritaire alors que celui qui l’incarne fut déposé par la junte et que son président, BokaryTréta, les larmes aux yeux a concédé le fait d’avoir failli à avoir le bilan escompté?
La réaction du CNSP est attendue car la junte semble avoir le dernier mot à moins d’un bras de fer juridique. A noter que ces échanges se sont déroulé à l’hôtel Salam et les travaux étaient dirigées par les présidents des groupes parlementaires.
Idrissa Keïta