Rectification de la transition : Que faire pour conduire le processus à bon port ?

Rectification de la transition : Que faire pour conduire le processus à bon port ?

14 juin 2021 0 Par Mali Scoop

Pour n’avoir pas su mesurer la gravité de la crise dans laquelle se trouve ce pays dont les rênes du pouvoir étaient en errance dans les rues de Bamako et qu’eux ont osé récupérer, le Colonel Assimi Goïta et ses compagnons d’armes avaient commis deux erreurs monumentales dès le départ.

Primo, sous la pression de la communauté internationale, ils ont hésité de s’assumer en conservant leur pouvoir en faisant juste des concessions avec la mise en place d’un gouvernement de transition dirigé par un civil issu des rangs du Mouvement du 5 juin pour le Rassemblement des forces patriotiques (M5-rfp).
Secundo, ils se sont préoccupés du volet privilèges, postes juteux et question de prestiges en oubliant l’intérêt général de la nation. Pour preuve, à l’issue de chaque Conseil des ministres hebdomadaire, ce sont des Officiers de l’Armée qui sont nommés à la tête des Directions nationales et des Gouvernorats ou dans les missions diplomatiques et consulaires du pays. Ce qui avait commencé à susciter des inquiétudes formulées à l’adresse du Président de la transition, Bah N’Daw, et du Premier ministre, Moctar Ouane, qui n’avaient plus autre choix que de tenter de veiller désormais au grain. Bref, le préalable pour les putschistes aurait été de privilégier des dispositions devant conduire au bon port cette transition devenue mission confiée à eux par la CEDEAO au profit du Peuple malien tout entier. Mais hélas, tout est devenu question d’intérêts personnels ou affaire de postes juteux, de prestiges et de privilèges aux yeux des porteurs d’uniformes singulièrement.
En effet, les Auteurs du coup de force ayant permis de parachever le renversement du Régime d’IBK, le 18 août 2020, avaient vite oublié les promesses qu’eux ont fait au peuple réuni au Rond point de l’Indépendance de Bamako-Coura, le 19 août lendemain. A savoir composer avec le M5-rfp (l’aile civile des forces à l’origine du départ d’IBK) et à la communauté internationale qui exigeait la formation d’un gouvernement civil pour piloter la période transitoire de 18 mois. C’est plus tard que cette aile militaire de la transition a jugé nécessaire de rectifier le tir. Ce, en revenant à des meilleurs sentiments avec le Comité stratégique du M5-rfp. C’est dans ce cadre qu’Assimi Goïta, dès après son deuxième coup d’Etat du 24 mai dernier couronné par le renversement de son oncle Bah N’Daw avec son Premier ministre Moctar Ouane, aura fait des propositions concrètes à Dr Choguel Kokalla Maïga, Président du Comité stratégique du M5-rfp. Cela, vu les mérites des acteurs de ce mouvement qui sont restés constants dans leur combat pour la refondation de l’Etat malien, contre la mauvaise gouvernance et le phénomène de corruption devenu gangréneux dans notre pays. Nouvel élan courageux mais, au plan démocratique, très difficile à faire passer auprès de la communauté internationale et des respectueux de la Constitution de 1992 qui stipule que le coup d’Etat est un crime indescriptible. De ce fait, les nouveaux successeurs du premier gouvernement de la transition doivent prendre, dès l’instant, conscience des défis majeurs qui leur attendent. Car, la gestion des affaires de la nation entière est différente de la conduite d’une caserne militaire. Il s’agit de recourir aux vertus du dialogue et des négociations sincères avec la société civile, les partenaires sociaux et toutes les autres composantes des forces vives de la nation. Reste à savoir si Assimi Goïta saura tirer les leçons de la chute d’IBK et Bah N’Daw.
Amaye Maki