Primature : Ces défis qui attendent Choguel Kokala Maïga !

Primature : Ces défis qui attendent Choguel Kokala Maïga !

14 juin 2021 0 Par Mali Scoop

Chose promise, chose due. Donc, le nouvel Homme fort de Bamako, le Colonel Assimi Goïta, a tenu sa promesse de nommer le Président du Comité stratégique de la transition, Dr Choguel Kokala Maïga, comme son Premier Ministre. La publication officielle de la décision n’attendait que son investiture en tant que Président de la transition, Chef de l’Etat. Un choix logique dans la mesure où ce sont le M5-rfp et l’Armée qui ont renversé IBK, le 18 août 2021. En substance, Choguel est un Homme d’une carrière politique et administrative très riche, un acteur politique malien plein d’expériences. Il maitrise bien les grands dossiers de l’Etat et ne manque pas de stratégies pour affronter les défis majeurs qui l’attendent.

Agé de 63 ans (né en 1958 à Tabango, cercle d’Ansongo, Région de Gao), Dr Choguel Kokala Maïga a fait ses études primaires dans son village natal puis le collège à Bara. Après le DEF, il est orienté au Lycée technique de Bamako. Après avoir décroché son Baccalauréat, en 1977, il obtient une Bourse d’Etat pour se former à l’Institut des télécommunications de Moscou d’où il sortira en 1983 comme Ingénieur des télécommunications (spécialité satellite et faisceaux). En 1988, il prépare et obtient son Doctorat d’Etat en télécommunications.
C’est par la suite qu’il sera employé par dans la Fonction publique malienne dans la Société des télécommunications du Mali (SOTELMA) où il occupera plusieurs postes techniques (Ingénieur des projets à la Direction des études et de la planification, Coordinateur national du programme national de la mise en œuvre du Plan directeur des télécommunications, Directeur de l’Ecole nationale des postes et télécommunications).
Au plan politique, Choguel Kokala Maïga devient membre de l’Union nationale des jeunes du Mali sous le Régime de Moussa Traoré puis, en février 1997, il préside le parti Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR).
En 2002, il participe à l’élection présidentielle où il obtient 2,73 % des voix au premier tour, avant de soutenir au second tour Amadou Toumani Touré. Dans la perspective des législatives qui suivent, son parti s’allie au Rassemblement pour le Mali (RPM) d’Ibrahim Boubacar Kéïta et au Congrès national d’initiative démocratique (CNID) dans la coalition Espoir 2002.
En 2013, il sera de nouveau candidat à la présidentielle.
En janvier 2008, il est nommé Directeur du Comité de régulation des télécommunications (CRT).
En mai 2021, le nouveau PM rejette la proposition de Bah N’Daw de faire entrer le M5-rfp au Gouvernement Moctar Ouane (2).
Le 28 mai 2021, peu après la démission du Président de transition, Bah N’Daw, et de son Premier Ministre Moctar Ouane, le Colonel Assimi Goïta décide de confier le poste de Premier ministre au M5-rfp. Celui-ci désigne Choguel Maïga pour occuper la primature. Le choix porté sur lui n’est pas fortuit. Et, pour cause, il aura fait preuve de vision, de rassemblement, de dynamisme et de cohérence et le tout avec une rigueur et une constance hors du commun tout au long du combat pour le changement du M5-rfp, après la disparition brutale du Chef de file de l’opposition, feu Soumaïla Cissé…

Les défis qui l’attendent

Au plan sociopolitique, économique et sécuritaire, les dossiers qui attendent le nouveau PM sont tous d’actualité brulante.
Ainsi, dans le secteur économique, la crise est là avec la situation vécue au cours de ces derniers mois qui ont précédé le coup d’Etat d’août 2021. Il va devoir vite composer avec la classe politique nationale profondément divisée pour des intérêts personnels et égoïstes, mais aussi avec la junte militaire se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Donc, la tâche ne sera pas du tout facile pour le nouveau Chef du Gouvernement de la transition qui doit mettre tout son poids dans la balance pour éviter d’être manipulé par les différents acteurs qui veillent sur leurs intérêts partisans.
De nos jours, les Maliens rêvaient avoir un Premier Ministre plein d’expériences et à la hauteur de sa mission pour sortir le pays de sa crise actuelle. Donc, un technocrate doublé d’un leadership politique capable de rassembler et réconcilier le peuple malien avec lui-même, finir avec les conflits intercommunautaires. Un Leader qui exercera une gouvernance vertueuse, qui connaît le pays, les communautés, qui est à l’écoute et peut parler à tout le monde. Sur la capacité du nouveau Premier Ministre à répondre à ces attentes, voire à les incarner, beaucoup s’interrogent et nombreux sont ceux à douter, tant il a la connaissance parfaite de plusieurs dossiers. Reste à savoir comment va-t-il s’y prendre pour la gestion des réformes politiques, institutionnelles, sécuritaires et militaires puis renouer avec la communauté internationale opposée aux putschistes. Les élections législatives contestées d’avril dernier ont été le détonateur de la crise politique malienne.

L’annonce du départ des troupes des troupes françaises
Comme avait le Président Macron, il devient clair maintenant que la France n’accompagnera pas un Régime illégitime ; c’est-à-dire issu d’un coup d’Etat militaire. C’est dans cette perspective qu’il a annoncé, hier, jeudi 10 juin 2021, la fin de la présence de BARKHANE au Mali et une réorganisation profonde de la présence des troupes françaises dans le Sahel puis la fermeture de leurs Bases en accordant priorité à la lutte contre le terrorisme à l’aide des forces spéciales. Ce qui ne présage de facilités pour le Gouvernement de Choguel et d’Assimi ainsi qu’aux FAMA déployés avec des moyens très limités sur le front. Sans ambages, certains observateurs avertis s’interrogent sur l’avenir du Mali avec cette annonce du retrait de la France du Nord du Mali.
Face aux innombrables défis majeurs, Choguel doit pouvoir organiser des élections transparentes, dans le délai prévu par la communauté internationale, avec à la clé un fichier électoral consensuel puis composer avec toutes les composantes de la classe politique nationale et de la société civile. Parce que la bonne organisation du scrutin dont les résultats seront acceptables par tous en dépendra aussi.
Autre défi majeur à relever est de restaurer le climat sécuritaire des Maliens. Le terrorisme est à un niveau dramatique dans ce pays. Ce dossier, Dr Maïga le connaît. Les forces armées présentes au Nord et au Centre du pays subissent des attaques répétées, si elles ne sont tout simplement pas victimes d’engins explosifs improvisés. D’où, la situation sécuritaire n’a cessé de se détériorer depuis 2012. Les attaques contre des camps de l’Armée malienne et les forces étrangères (Barkhane et MINUSMA) se sont multipliées, de même que les affrontements intercommunautaires.
Choguel doit aussi réussir à convaincre absolument les Bailleurs de fonds et Investisseurs étrangers et la Communauté internationale. Le pays fait face au poids d’une pluie de sanctions prise par de certains partenaires, notamment en la CEDEAO, l’UA, la Banque Mondiale, l’UE ? l’OIF et les pays occidentaux dont La France et les Etats Unis d’Amérique.
Il y a aussi défi de renflouement des caisses de l’Etat. Les réformes qui s’imposent pour créer le cadre macro-économique nécessaire à cette fin doivent être engagées au plus tôt. C’est ce qui lui permettra d’améliorer vite le cadre de vie, sensiblement dégradé, des 20 millions de Maliens confrontés à de sérieuses conséquences de la crise sociopolitique et sécuritaire sévissant à l’échelle nationale de 2012 à nos jours. Le nouveau PM devra faire face à plusieurs mouvements de contestations dans plusieurs secteurs. Les revendications des syndicats sont sans aucun doute parmi les dossiers qui attendent à la primature.
Egalement, sur le front syndical, D r Choguel prend les reines de la primature d’Assimi Goïta dans un contexte de vie sociale très critique: coupures d’électricité, saison de grèves dans tous les secteurs publiques et privés, corruption, injustice sociale, chômage des jeunes, pauvreté, … Partout et à chaque instant, ce sont
Des grognes sociales qui secouent les Gouvernants. Le nouveau Chef du Gouvernement doit mesurer l’ampleur à la mesure des défis afin de relancer un pays en arrêt.
Ajoutons que la gestion de la crise du Nord est très attendue. Là, Choguel doit pouvoir et savoir faire preuve de stratégie, d’habileté et de diplomatie. Surtout concernant la gestion des dossiers de l’Accord d’Alger et du conflit intercommunautaire (sévissant au Centre du pays).
En plus, c’est le dossier portant «Refondation de l’Etat-nation » puis ceux de l’intégrité territoriale du Mali avec le retour effectif de l’Administration sur l’ensemble du territoire national ainsi que le retour des Réfugiés maliens à l’extérieur et Déplacés internes dans leurs localités respectives.
Pour la lutte contre la corruption, les multiples scandales financiers dénoncés sans cesse mais sans aucune poursuite judiciaire des auteurs devant les juridictions compétentes doivent faire l’objet d’enquêtes. C’est la même chose pour les massacres des 23 manifestants les 10,11 et 12 juillet 2020 sous le Régime d’IBK, lors des contestations populaires organisées par le M5-rfp ayant abouti au renversement du Régime par l’Armée, le 18 août 2020.
Ce qui dénote que le nouveau PM a du pain sur la planche. Surtout que tout le monde s’interroge anxieusement si les Kaki de Kati lui réserveront comme promis la marge de manœuvre qu’il lui faut absolument en pareilles circonstances très critiques pour le pays.
La Rédaction