NOUVELLE CONSTITUTION EN PERSPECTIVE :Va-t-on mettre fin aux coups d’Etat ?

NOUVELLE CONSTITUTION EN PERSPECTIVE :Va-t-on mettre fin aux coups d’Etat ?

22 juin 2022 0 Par Mali Scoop

Depuis le sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenu à Accra, le 4 juin dernier, sur les transitions politiques au Burkina, en Guinée et au Mali, les choses semblent évoluer à une grande vitesse au niveau des autorités de la transition malienne. En effet, cinq jours seulement après cette date, les autorités maliennes annonçaient une nouvelle transition d’une durée de 24 mois. Peu de temps après cette annonce, et alors que les débats houleux qu’elle a suscités ne sont pas encore retombés, voilà que le colonel Assimi Goïta, signe un décret portant création d’une commission chargée de la rédaction d’une nouvelle Constitution.

Il n’est pas superflu de préciser que cet avant-projet de Constitution doit être rédigé conformément à l’esprit de la refondation. L’orientation politique est donc, d’ores et déjà, déclinée. Autre précision qui vaut son pesant d’or, est que la rédaction d’une nouvelle Constitution pour le Mali, est l’une des recommandations phares des assises nationales, tenues en décembre dernier à Bamako.

De ce point de vue, on peut dire que c’est déjà bien que le colonel Assimi Goïta veuille traduire dans les actes, une des décisions majeures des assises nationales. Et si ce cadre, qui a regroupé presque toutes les sensibilités de la société malienne, a perçu le besoin de doter la Nation d’une nouvelle loi fondamentale, c’est que, quelque part, on peut estimer que la nécessité se posait. La grande question, dès lors, que l’on peut se poser, est de savoir si la nouvelle Constitution annoncée va aller dans le sens de la refondation tant prônée, ou si elle va tourner le dos à l’intérêt général, pour in fine, baliser le terrain pour une pérennisation du régime des putschistes.

Pour tous ceux qui connaissent l’histoire politique du Mali, la seconde hypothèse n’est pas à exclure. Le général Moussa Traoré, par exemple, à son avènement en 1968, suite au premier coup d’Etat du Mali, avait rédigé une nouvelle Constitution en jurant sur l’honneur que cela allait contribuer à tirer la démocratie vers le haut. Finalement, l’homme a non seulement passé plus de trois décennies au pouvoir, mais aussi il a ruiné le Mali au plan économique et social. Le vrai problème réside moins dans la Constitution que dans l’application des dispositions qu’elle contient

Assimi Goïta aura-t-il la sagesse de ces officiers ? Cette question taraude bien l’esprit des Maliens et des Maliennes, et certainement au-delà du Mali, ils sont nombreux à se la poser. En réalité, le vrai problème du Mali n’est pas la Constitution. Car, ce pays s’est presque toujours doté d’une nouvelle Constitution à chaque fois que l’on a assisté à une prise du pouvoir par coup d’Etat. Et les coups d’Etat, Dieu seul sait combien il y en a eu dans ce pays. Pour autant, le Mali ne s’en porte pas mieux au plan de la démocratie.

De ce point de vue, l’on peut dire, sans grand risque de se tromper, que le vrai problème du Mali réside moins dans la Constitution que dans l’application des dispositions qu’elle contient. Et ce constat peut être fait à l’endroit de tout le continent africain.

Le Point