Mort Programmée de l’IUG : A qui profite le crime ?
17 février 2023Les années se suivent et se ressemblent à l’Institut universitaire de gestion (IUG). La récurrence des crises est telle qu’il paraît difficile de croire à un concours de circonstances dues au simple hasard. Les enseignants de cette fleur fanée de l’enseignement supérieur au Mali en sont convaincus : un plan diabolique est orchestré contre cet établissement qui a jusque-là fait le bonheur de nombreux diplômés. Contrairement à la plupart des autres établissements d’enseignement supérieur devenus de simples machines à fabriquer des chômeurs. D’où la question : qui seraient derrière ce plan machiavélique de liquidation de l’Institut universitaire de gestion ?
Difficile pour l’instant de répondre à cette question dans la mesure où ce qui arrive à cette école ne saurait être l’œuvre d’une seule personne. Telle la mafia, difficile de coller un visage à un système aux ramifications des plus sournoises. L’ « épicentre » du problème se situe au niveau de l’Unité de formation et de production (UFP) de l’IUG, communément appelée Cours du soir. Qui gêne de nombreux établissements privés, mais surtout dont les fonds colossaux serviraient plutôt une poignée d’individus placés à tous les niveaux de la chaîne hiérarchique. Mais un retour en arrière s’impose pour mieux appréhender cette équation à plusieurs inconnues.
Les cours du soir de l’IUG sont une initiative des enseignants de cet établissement, à la suite d’une formation au Canada, pays où les enseignants, pour améliorer leur situation financière, avaient la possibilité d’organiser des cours privés dans l’enceinte de leur établissement, moyennant le reversement d’un pourcentage maximum de 20 à 25% à la structure d’accueil pour l’utilisation des locaux. Un peu comme dans certains établissements hospitaliers au Mali où les mêmes faveurs sont accordées aux médecins. Pour les maintenir davantage sur place. La même expérience a été tentée à l’IUG avec beaucoup de réussite. Le besoin était là, de nombreux fonctionnaires voulant poursuivre les études et obtenir des diplômes supérieurs. Le succès fut tel que l’expérience a été étendue à plusieurs régions du Mali (Kayes, Sikasso, Mopti, San, Koutiala) afin de donner les mêmes opportunités aux fonctionnaires de l’intérieur, qui naturellement avaient les mêmes ambitions d’avancer. Une initiative tellement utile et noble ! Mais avec le système universitaire, l’ex Ecole des Hautes Etudes Pratiques (EHEP devenue IUG) a été rattachée à l’USSGB (Université des sciences sociales et de gestion de Bamako). Les problèmes, notamment de retard de paiement des heures supplémentaires et des honoraires (pour les cours du soir) ont commencé. Et se sont même accentués sous l’ancien recteur, Pr Samba Diallo. Cela avait occasionné une grève des enseignants qui avait duré presque quatre mois. Interpellé sur cette grève par les députés, Me MountagaTall, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, déclarait en substance que les enseignants voulaient privatiser une structure de l’Etat. Ce qui n’était pas le cas. Au contraire c’est plutôt l’Etat qui a nationalisé une structure privée, estiment certains enseignants. Mais là n’était pas leur préoccupation principale. Ils demandaient simplement l’application de l’accord qui les liait à l’Etat et dont une des clauses stipulait que 20% (25% au maximum) des fonds générés soit reversés à l’Etat (rectorat), le reste devant être géré par l’administration de l’IUG. Ce qui aurait permis de renforcer l’IUG avec de nouvelles infrastructures, d’étendre les cours délocalisés à d’autres régions du Mali, etc. c’est d’ailleurs l’argent généré par les cours du soir qui a servi la réalisation de la nouvelle bibliothèque de l’université. Là-dessus les spéculations vont bon train et prétendent que deux fonds parallèles (de l’Etat et de l’UFP)auraient été frauduleusement utilisés pour cette réalisation. Dans tous les cas, tout porte à croire que les nouveaux gestionnaires devraient avoir visiblement d’autres visées peu avouables sur les « recettes » de l’UFP.
Qui a favorisé ce qui n’est plus ni moins qu’une confiscation ? Les syndicalistes sont formels : c’est Me Tall qui a signé l’arrêté qui cède la gestion des fonds des cours du soir au rectorat. Les mauvaises langues vont jusqu’à soupçonner l’avocat d’avoir exigé une contrepartie de quelque 80 millions de F CFA. Allez savoir ! En tout cas, Me Tall n’a jamais démenti cette accusation quoique des confrères en aient déjà fait cas. Comme on dit, qui ne dit mot…Toujours est-il que depuis, les crises succèdent aux crises ; les procès-verbaux sont signés régulièrement sous la présidence du Pr Younouss Hamèye Dicko, pour ensuite dormir dans les tiroirs, les recteurs et les ministres successifs les ignorant complètement. « Cela ne saurait être pure coïncidence. Un ministre, deux ministres, trois ministres, quatre ministres, même résultat. Il y a anguille sous roche », déduit un syndicaliste. Une anguille pas difficile à dénicher, puisque « des membres du cabinet recevraient des avantages issus des fonds de l’IUG », indiquent des enseignants. Faut-il accorder du crédit à tout cela ?
Les faits sont têtus, dit-on.
Cela fait plus d’un an que les enseignants de l’IUG n’ont pas perçu un centime de leurs honoraires des cours du soir. D’aucuns pourraient penser qu’ils ont déjà un salaire pour les cours du jour. Mais ce serait mal appréhender le problème. En effet, il ne faudrait jamais perdre de vue que les cours du soir sont une initiative originale des enseignants de l’IUG. Pour rendre service aux fonctionnaires nécessiteux, mais aussi pour améliorer leurs conditions de vie qui sont loin d’être les meilleures. Les enseignants du supérieur du Mali sont les plus mal payés de la sous-région, et probablement d’Afrique. Des secrétaires employés par le même Etat dans certaines agences gagnent mieux qu’un professeur de rang A. Ensuite ils ne demandent que l’application d’un accord conclu en bonne et due forme avec l’Etat. Sans compter que tous les enseignants de cours du soir ne sont pas des fonctionnaires, et donc nourrissent leur famille à partir de leurs honoraires de l’UFP. « Peu avant de mourir, un collègue m’a demandé le prix de l’essence pour rentrer à la maison. Ce jour-là, je n’ai pu lui remettre que 500 F, qu’il a pris. Il était malade et est décédé moins de trois mois après, pendant que ses honoraires étaient utilisés à payer les primes de 300 000 F mensuels du recteur et de ses collaborateurs, à relooker le rectorat. D’autres collègues sont décédés dans les mêmes circonstances », s’indigne un enseignant.
Plus de 500 millions volatilisés au rectorat
Un audit commandité, il y a moins d’un an, a décelé un trou de plus de 500 millions au rectorat sur les fonds générés par l’UFP. « Ce n’est donc pas étonnant que nous ne soyons pas payés depuis plus d’un an maintenant », fait remarquer un syndicaliste. Qui regrette que, malgré ces faits accablants et la saisine du pôle économique à plusieurs reprises, aucune suite ne soit perceptible. « La justice est une machine lourde. Mais quand même ! Nous avions d’abord porté plainte contre l’ancien directeur Macalou qui avait illégalement logé les fonds des cours du soir à Orabank et qui retardait nos paiements à cause des dividendes attendues. Macalou n’a jamais été inquiété. Il a été simplement demandé à la banque de fermer le compte et de se conformer aux textes. Nous avons relancé le pôle économique après avoir constaté qu’un an après sa sommation, ledit compte n’était toujours pas fermé. Nous avons porté plainte à nouveau à la suite des conclusions de l’audit qui a d’abord fait état de plus de 600 millions introuvables dans le rapport provisoire, avant de fixer le gap à plus de 500 millions. Que faire de plus ? Pire, le financier par qui tout passe est toujours en place, malgré toutes ces irrégularités. C’est à croire qu’il est intouchable », déplore-t-on à l’IUG.
Malgré les nombreuses crises, le ministre Keïta traîne le pas.
L’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Keïta, est considéré par de nombreux enseignants (et pas uniquement de l’IUG) comme « le pire ministre de tous les temps ». Et pour cause.
« A ce jour, et ce depuis sa nomination, le ministre Keïta n’a jamais mis les pieds à l’IUG, même pour une prise de contact. Au même moment, il se rend régulièrement à la Direction générale de l’Enseignement supérieur situé à quelques centaines de mètres de l’IUG. Même à l’inauguration du nouveau bâtiment il a préféré se faire représenter par son Secrétaire général. N’est-ce pas du mépris, ça ? », s’indigne un enseignant. Qui est loin d’être le seul à incriminer le ministre de tutelle. « Chez nous au Mali, voire en Afrique, on dit que l’Homme, c’est la parole. Tenez ! Lorsque le ministre Keïta a pris fonction, lors d’une rencontre avec nos syndicalistes, il a raconté une anecdote qui laissait penser que les problèmes de l’IUG allaient être un mauvais souvenir. En effet, il aurait rencontré une ancienne diplômée de l’IUG qui l’aurait prié de tout faire pour sauver cette belle école qui lui a donné l’opportunité d’être ce qu’elle est aujourd’hui. Le ministre avait dit avoir été très touché par ce témoignage et cette sollicitation, et donc qu’il a plus d’une raison pour résoudre le problème de l’IUG. Plus tard, informé de la revendication des syndicats sur l’application de l’accord portant sur la répartition des quotas, le même ministre a soutenu publiquement qu’il ne voyait pas d’inconvénient à ce que celui qui génère les fonds les gère. Il a même donné des ‘’instructions’’ à son financier dans ce sens. Depuis, il évite même de rencontrer nos syndiqués. Que penser d’un tel personnage ? D’ailleurs il a soi-disant démissionné de l’ENA.» s’interroge un autre enseignant.
La goutte qui fait déborder le vase, c’est la décision aux contours très flous qu’il vient de prendre en date du 3 février dernier annulant le recrutement au poste de recteur de l’USSGB. Au motif que « pendant que le processus suivait son cours, il a été constaté que le secret de la délibération des travaux de la Commission n’a pas été respecté. Ce qui est de nature à entacher la sincérité de ce recrutement. » Est-ce la seule et vraie raison ?
« Les dessous d’une annulation »
A l’IUG, « on » est convaincus que cette annulation par le ministre Keïta a des « dessous » inavoués qu’il n’oserait rendre publics. Quatre personnes avaient été présélectionnées : l’actuel directeur de l’Institut Universitaire pour le Développement territorial (IUDT), Pr Adama Diabaté, l’actuel Directeur de l’IUG, Pr Fané, le Directeur des Etudes de l’IUG, Pr Demba COULIBALY et un « représentant ou protégé » du rectorat. Tous les trois premiers auraient fait l’affaire des enseignants de l’IUG. Le premier est un produit de l’établissement ; le deuxième est assez bien perçu (du moins jusqu’à récemment), avec la forte personnalité que tout le monde lui concède et son sens de l’inclusivité dans la gestion des dossiers ; le troisième a fait toute sa carrière à l’IUG et est aussi qualifié d’homme à caractère. Bref, de nombreux enseignants estiment que chacun de ces trois candidats présélectionnés aurait pu trouver une solution définitive à leur crise récurrente. Aussi, cette décision du ministre « mal aimé » est-elle perçue comme une tactique pour écarter « tous ceux qui sont susceptibles de solutionner le ‘’cancer’’ de l’IUG : « Pour perpétuer le système et profiter de la générosité de la vache laitière, il faut quelqu’un du sérail. Me Tall avait nommé Macalou selon le même principe, alors même que l’enquête de moralité était on ne peut plus défavorable », estime-t-on.
Une année universitaire pas loin d’être gâchée
Les conséquences de cette annulation sont désastreuses pour l’IUG. En effet, à ce jour, l’IUG n’a pu organiser son habituel test d’entrée pour des raisons de bureaucratie administrative, « si on veut être gentil », sinon « en raison de l’appétit grandissant du rectorat pour les sous que génère ce test », martèlent les voix les plus hostiles. D’habitude, l’IUG organise et finance son test sur les frais d’inscription. Le rectorat exige que les inscriptions soient faites sur ses quittances. Autrement dit, « tout l’argent doit leur être versé ; ils en font ce qu’ils veulent et payeront les frais d’inscription quand ils voudraient voir s’ils voudraient. Pour preuve, on verse de l’argent et cela fait plus d’un an qu’on n’est pas payés. Non seulement on n’est pas payés, mais il n’y a même pas d’argent pour qu’on soit payés un jour. Les enseignants ne refusent pas d’ailleurs le principe des quittances ; ils demandent simplement le préfinancement de l’organisation qu’ils n’ont pu obtenir.Alors les syndicats ont refusé de prendre part à l’organisation du test à l’issue d’Assemblées générales. Tout le personnel est sur la même longueur d’ondes », explique un syndicaliste. Qui ajoute, par ailleurs, que cette annulation crée un autre problème, celui de retarder un autre dossier en souffrance et portant sur le paiement des heures supplémentaires : « certains collègues d’autres facultés ont commencé à toucher leurs heures supplémentaires. Les nôtres sont les plus petites de toutes, mais malgré tout notre dossier n’est même pas traité, d’abord du fait de la mauvaise foi du rectorat, ensuite faute de recteur, le précédent, Pr Balla Diarra ayant été nommé Directeur général de l’Ecole nationale d’administration (ENA, d’où avait été chassé le même ministre Keïta), et le vice-doyen, Dr Salif Bah, ayant fait valoir ses droits à la retraite. Malgré lui, puisque le système lui avait savamment concocté un ‘’contrat sur mesure’’ d’un an, annulé finalement sous la pression des syndicats ». C’est donc très troublés que les deux syndicats (SNESUP et SNEC) ont adressé une lettre au ministre Keïta pour lui exprimer leurs vives préoccupations. Visiblement sans en attendre grand-chose :« Comme dit l’adage, quand on a été un loup toute sa vie, difficile de faire l’agneau ». Les arguments invoqués par le ministre semblent tirés par les cheveux, selon les syndicalistes. En effet, il se murmure que ce sont des « acteurs » de la FSEG (Faculté des sciences économiques et de gestion) qui auraient « fait chanter » le ministre au motif que « personne n’a été présélectionné à la FSEG alors même qu’elle est plus importante aux côtés des petites écoles », sous-entendu l’IUG. Drôle d’argument ! « Certains » auraient donc « menacé de semer le désordre si jamais la procédure n’était pas annulée ».
Vrai ou faux ? On n’en sait pas grand-chose, mais toujours est-il que le poids numérique de cette faculté « a souvent pesé en sa faveur au niveau des prises de décisions ». Un poids numérique qui est aussi le talon d’Achille de cette faculté où certains étudiants peuvent passer cinq voire sept ans pour avoir une licence de trois ans normalement.
A qui profite le crime ?
Les enseignants de l’IUG sont convaincus qu’ils font l’objet d’un vaste et cynique complot qui vise à fermer l’IUG pour de bon. Déjà les cours délocalisés sont arrêtés du fait de la seule volonté du rectorat ; et ce, après que l’école a acheté des véhicules neufs sur fonds propres ; véhicules qui servent maintenant au confort de certains personnels. De nombreux auditeurs de l’intérieur ont été ainsi lésés alors même qu’ils avaient payé leurs frais d’inscription. Aujourd’hui ils n’ont aucun recours. « Porter plainte contre qui ? Le remède serait pire que la maladie à cause des frais de justice », se résigne un auditeur.
Un autre fait majeur qui incite à « penser complot », c’est cette attitude de « la Fonction publique qui a décidé de n’envoyer aucun fonctionnaire à l’IUG. La raison est simple : des promoteurs d’écoles privées concurrentes soudoient des agents de la Fonction publique pour les orienter vers leurs écoles. Le résultat : pas de congé de formation si l’IUG figure sur votre demande », confie un enseignant. D’autres arguments sont avancés. Les problèmes de l’IUG se sont accentués sous le Pr Samba Diallo, et lorsqu’il a pris sa retraite, il s’est retrouvé à la tête de l’Université tuniso-malienne (situé à quelques encablures de l’IUG) dont l’éphémère président de l’Assemblée nationale, MoussaTimbiné, est le représentant. Le Pr Samba Diallo, était de la faculté de géographie et se serait arrangé pour qu’un autre de la « maison » lui succède, en la personne du Pr Balla Diarra. « Alors, tout cela pourrai-il être innocent, le fruit du simple hasard ? » s’interroge-t-on. Et si, comme si tout cela ne suffisait pas, le ministre Keïta, issu lui de la FSEG, annule ce qui paraissait à priori une perspective d’espérance, il n’y a qu’un pas que « Miché » franchit pour soupçonner le ministre, à défaut d’être du système, de « n’en être pas loin visiblement ». Mais encore. Les dernières négociations avec les syndicats ont été si houleuses que le Secrétaire général du ministère aurait tenu à peu près les propos suivants quelque temps après : « Mais ces syndicalistes n’étaient pas loin de nous frapper. Il faut même fermer cet IUG-là… ». Dans la même foulée et sur le même sujet, certains enseignants de l’IUG reprochent au doyen de la FSEG (SOBOIS, qu’il veuille bien nous excuser si l’orthographe de son nom est écornée) d’avoir tenu des propos similaires : « Qu’on ferme même l’IUG ! ». Quel intérêt aurait-il à vouloir la disparition de l’IUG ? Pour ses détracteurs, la FSEG est devenue une concurrente de l’IUG pour les cours du soir : « Alors même que nous appartenons à la même université, ils ont créé les mêmes filières avec la bénédiction de l’actuel ministre, qui est l’un des leurs, et qui a fait semblant d’avoir été induit en erreur. Le rectorat avait dit que le projet ne se réaliserait pas. Peine perdue, ils ont même cassé sensiblement les tarifs pour détourner nos étudiants. Et puis ce n’est pas un hasard si à chaque rentrée universitaire l’IUG fait face à de nombreux problèmes. Sans problème le choix est vite fait ; tout le monde voudrait aller à l’IUG ; mais plus les problèmes perdurent, plus les parents d’élèves, excédés et malheureux de voir leurs enfants à la maison, préfèrent les inscrire ailleurs ; quitte à ce que ce soit dans une école privée Bref, il n’y a aucune coïncidence dans les crises de l’IUG. Le système quoi ! »
Les plus hautes autorités seraient-elles aussi du « système » ?
L’atmosphère est plus que morose dans la cour de l’IUG. Les regards sont tristes. Finie la belle époque ! La cour est quasi déserte. On n’y vient plus que lorsqu’on n’a pas le choix ou qu’on se soit ennuyé à la maison et qu’on veuille venir bavarder un peu. « Dieu ne dort : ça ira inch’Allah ! Tout ça va finir un jour ! » – sont devenus les complaintes lancinantes d’un corps professoral stressé, en mal de reconnaissance, de justice et de considération.
« L’aigreur » se lit par endroits. Alors elle est telle que qu’on n’est pas loin de penser que tout le monde semble se liguer contre le joyau en perdition. « Ce qui jadis avait fait notre privilège est aujourd’hui devenu la source de nos malheurs. Les gens ne nous pardonnent pas le succès de notre formation. La réussite a un prix que nous payons aujourd’hui. Malheureusement au vu et au su des plus hautes autorités qui ne lèvent pas le petit doigt. On a eu recours à la justice ; elle n’a pas réagi. On a sollicité les dirigeants ; ce fut le même résultat », se complaît un syndicaliste.
Quels politiques ?
Lorsqu’il a été nommé Directeur de cabinet du Premier ministre CHoguel K.M., le professeur Singaré espérait pouvoir trouver une solution au problème. Selon nos informations, le PM ne l’a pas encouragé, apparemment pour ne pas donner l’impression d’ingérence. Or, on ne lui demandait pas de prendre parti, mais de trouver une solution juste. En lieu et place, il aurait opté pour la fuite en avant. Comme on dit « la seule chose qui permet au mal de triompher est l’inaction des hommes de bien ».
Et l’option « Mali Kura » ?
N’en parlez surtout pas à l’IUG, où l’on est convaincu qu’au mieux, c’est une vue de l’esprit, une chimère ; au pire, « la grande escroquerie du siècle ». Un peu fort non ? « Au point où nous en sommes, plutôt ‘’Bilali ka buru’’. » Les enseignants de l’IUG sont au plus mal. Un des leurs, en l’occurrence, Dr Aboubakar Touré, chef du département Sciences et Techniques Commerciales (STC), par ailleurs chef de parti, a adressé une correspondance au président Goïta le suppliant de s’impliquer pour trouver une solution durable au problème. Les échos parvenus avaient laissé souffler un peu d’espoir pendant un certain temps ; mais au fil du temps, on s’est convaincu que, comme pour les autres, il n’en sortirait rien. Pour, semble-t-il, un certain nombre de raisons. Le ministre aurait les faveurs d’un ténor du régime dont l’épouse serait la sœur de la sienne propre. L’ancien recteur, Pr Balla, aurait les mêmes liens avec un autre cador du régime. « Si ce n’était pas vrai, comment pourriez-vous expliquer que même après ce rapport accablant de l’audit effectué, il eut plutôt droit à une promotion et non une sanction en ayant été nommé DG de l’ENA, d’où le même ministre avait été contraint à la démission. A croire que tout ce groupe ne forme qu’une seule et même famille ! C’est le même recteur dont l’admission du fils au niveau de l’université a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Pourtant, ce test n’a pas été invalidé et le ministre a pris un arrêté d’intégration. Vous en doutez encore ? C’est ce recteur qui a accordé un contrat supplémentaire d’un an à son vice-doyen qui partait à la retraite, pendant qu’on refuse de donner des contrats aux jeunes. Le cimetière n’est-il pas rempli d’hommes et de femmes indispensables ? C’est cela le Mali Kura ? Puisse Allah avoir enfin pitié du Maliba ! », dixit notre dernier interlocuteur. Dieu sauve le Maliba ! Sans oublier l’IUG !
Le Point