MINI-SOMMET A ACCRA : La CEDEAO maintient la pression sur le CNSP

MINI-SOMMET A ACCRA : La CEDEAO maintient la pression sur le CNSP

28 septembre 2020 0 Par Mali Scoop

Réunis en mini sommet dans la capitale ghanéenne le 15 septembre, les chefs d’Etat de la CEDEAO se sont penchés, sur la feuille de route de la junte militaire à qui ils avaient donné un ultimatum d’une semaine pour désigner un civil à la tête du pays après le coup d’Etat militaire du 18 août 2020 et dont l’expiration est intervenue le 15 septembre 2020. À la sortie de cette rencontre, c’est un nouvel ultimatum d’une semaine qui a été accordé à la junte pour faire bouger les lignes, sinon ce sera un embargo plus sévère que le Mali connaitra.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le grand oral du colonel Assimi Goïta à Accra n’aura pas permis de fissurer le bloc CEDEAO, contrairement aux autres rencontres sur le Mali, au cours desquelles il y a eu des voix discordantes. C’est donc un vrai flop pour la junte. C’est dire si le colonel Goïta doit changer son fusil d’épaule. Lui et ses camarades doivent redoubler d’ardeur en œuvrant pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel en nommant un président et un Premier ministre civils, comme l’exige la CEDEAO. La question est donc de savoir à quelle sauce la junte malienne sera mangée par les chefs d’Etat de la CEDEAO qui sont restés ferme sur leur première prise de position à savoir le retour des civils aux affaires. Autrement dit, quel sera le sort des putschistes de Bamako qui, depuis leur prise du pouvoir le 18 août dernier, ne semblent toujours pas aller dans le sens des exigences de la CEDEAO ?

Certes, les lignes ont quelque peu bougé à Bamako où les concertations nationales ont permis, en fin de semaine dernière, de dégager une charte censée tracer les sillons de la transition. Le hic est que la CEDEAO veut une transition exclusivement civile et la plus courte possible, a fini par se rebiffer pour les 18 mois comme voulu par la charte de la transition. Car, autant, peut-on dire, la CEDEAO aura échoué à rétablir IBK sur son trône, autant, dans son combat pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Mali, elle semble vouloir faire preuve d’intransigeance sur la question de la conduite de la transition par des civils. C’est pourquoi un nouvel ultimatum pourrait ressembler à une seconde chance donnée aux putschistes maliens de faire la preuve de leur bonne foi, et surtout de terminer le travail des concertations nationales déjà entamées, mais dans l’esprit des exigences de la CEDEAO, c’est-à-dire en se tenant eux-mêmes à l’écart de la transition.

On constate que petit à petit, l’étau pourrait se resserrer autour de la junte qui devra sortir le grand jeu non seulement pour bénéficier de la confiance de la CEDEAO, mais aussi de celle fondamentale des Maliens au sein desquels des voix discordantes comme celle du M5 voire de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) qui n’a pas pris part aux concertations nationales, commencent à s’élever. Une situation qui dessert et fragilise au plus haut point la situation d’Assimi Goïta et ses camarades si ces derniers ne peuvent plus se prévaloir du soutien et de la légitimité populaire face à la CEDEAO.

Paul N’GUESSAN