Mali : « Quand le CNSP oublie ses engagements, quelle amnésie ! »
2 octobre 2020L’histoire rendra à chacun la monnaie qu’il mérite en fonction de des dits et des faits de chacun. Les membres du CNSP sont en contradictions avec eux-mêmes et leurs engagements pris lors de la première déclaration faite quelques heures après le coup d’Etat.
Tu ne juges point les autres. Telle est la règle d’or de la religion donnée à plusieurs prophètes depuis des millénaires. Une injonction religieuse qui invite les hommes à ne pas être équidistant vis-à-vis de leur prochain. Ce principe nous apprend également si l’homme ne doit pas juger son prochain, c’est qu’il existe un autre juge immanent plus juste et plus équitable et dont le verdict est irréversible. Ce juge s’incarne à travers le ‘’Temps’’. Ne dit-on pas quand le temps est le meilleur juge et que tous les problèmes se résolvent dans le temps.
En effet, juste après le coup d’Etat, le président du CNSP avait affirmé sur les antennes des différentes radios et télévisions nationales et internationales que son club de militaires remettra vite le pouvoir aux civils. Mais, cela ne semblait pas le cas avant la nomination du nouveau président de la transition. La systématisation du pouvoir. Face à ce que certains appellent un vrai dilemme, deux idées se profilent dans l’esprit du malien lambda : soit ils sont devenus eux-mêmes civils ou la notion du mot civil a changé de sens en fonction du contexte malien.
A l’analyse, ce n’est pas les deux raisons évoquées, mais plutôt autre chose : les hommes en uniformes ont visiblement pris un goût pour le pouvoir et veulent créer tous les scenarios possibles pour afin goûter aux délices du pouvoir. Louis Ferdinand Céline, écrivain et médecin français (1894-1961) écrivait que : « le pouvoir c’est d’ouvrir une fenêtre dans une prison, trahir. Tout le monde en a envie, mais c’est rare qu’on puisse. » Avec leur nouvelle attitude, les militaires ont passé outre. Ils se sont systématiquement accaparés les reines du pouvoir non consensuelle tout donnant un simulacre du consensus. « Le malien n’a visiblement pas changé de nature ni comportement. Il est toujours prompt à suivre le prince du jour et à lui dire toujours OUI » on est d’accord et que tout est fait selon les règles de l’art. ATT, IBK en ont été victime de ce béni oui-oui. Jamais le malien n’a eu le courage de dire qu’il n’est pas d’accord au moment opportun. Cette situation de soumission est due au fait qu’il y a beaucoup d’affamés politiques et affamés du pouvoir depuis des décennies. A ceux-ci s’ajoutent ceux qui pensent prendre le pouvoir par la voie légale et légitime des urnes et sans encombrements.
Pour mettre en garde cette soldatesque, un citoyen lambda affirmait que « si Goita et ses hommes veulent le pouvoir, qu’ils déposent la tenue ; qu’ils patientent et se mettent en ordre de bataille pour les élections prochaines ». Mais visiblement les militaires ont fait déjà leur jeu et ont l’aval d’une partie des hommes politiques. Ils sont en passent de se légitimer aux yeux de l’opinion nationale et internationale.
Premier hic dans cette descente vers l’inconnu, ils ont choisi discrètement un président de la transition et le numéro1 de la junte devient de facto son adjoint. Les hommes, non les deux hommes prêteront serment ce vendredi matin. Le président dit-on, est un homme crédible et fût un bon soldat et dont le choix n’a été nullement contesté, mais, disons-le, tout de suite, la façon dont il a été choisi est loin d’être consensuelle. Les autres corporations socioprofessionnelles qui étaient dans la lutte pour le changement du régime sont restées bouche bée. Seule l’hyène du M5 s’est secouée la peau et crie à la violation des recommandations issues des concertations nationales. Pour certains observateurs, le Rubicon est franchi, le CNSP n’a d’yeux que pour Koulouba actuellement.
Entre la volonté du peuple pour un avenir radieux et le désir de s’accrocher aux arcans du pouvoir, l’histoire en jugera.
B.M