LES TALIBAN AU POUVOIR EN AFGHANISTAN  : Une menace pour les pays du Sahel?

LES TALIBAN AU POUVOIR EN AFGHANISTAN : Une menace pour les pays du Sahel?

6 septembre 2021 0 Par Mali Scoop

Depuis la reprise du pouvoir à Kaboul par les Talibans, bien des interrogations se posent à propos du Sahel. L’une d’elles, et de loin la plus lancinante, est de savoir si, à l’instar des Talibans, les fondamentalistes islamistes parviendront à imposer leurs visées hégémonistes en Afrique de l’Ouest par la création d’un califat en bonne et due forme ou par tout autre forme de gouvernance organisée.
La rapide reprise de contrôle du territoire afghan par les Taliban, un groupe fondamentaliste, chassé du pouvoir il y a 20 ans par une intervention américaine, suscite des réactions en Afrique.
« Les troupes américaines ne peuvent et ne doivent pas se battre et mourir dans une guerre que les forces afghanes ne sont pas prêtes à mener pour elles-mêmes ».
Cette déclaration du président américain Joe Biden fait échos aux nombreuses réactions d’internautes africains qui redoutent un tel scénario catastrophe si jamais les forces étrangères en déploiement sur le continent devaient se retirer de façon similaire. Ils en appellent pour la plupart au renforcement des armées nationales africaines pour éviter un tel scénario sur le continent.
Bob Kabamba, analyste politique et professeur des sciences politiques à l’Université de Liège en Belgique, considère la situation à travers le prisme d’intérêts stratégiques nationaux en constante évolution.  »Lorsque l’on parle de relations internationales, ce qui compte ce sont d’abord les intérêts. D’abord les intérêts nationaux qui priment avant toute chose. Un pays est en relation avec un autre parce qu’il a intérêt à pouvoir communique et à être en relation avec cet Etat.
Mais lorsque cet Etat en un moment donné remet en cause les intérêts nationaux de cet Etat, là généralement il y a un changement d’attitude. Ce qui se passe en Afghanistan en est l’illustration parfaite.
Par rapport à l’Afrique, on a déjà connu ce genre de situation. Il y a déjà eu plusieurs opérations menées sur le continent africain par les Américains et les résultats ont été les mêmes. Les Américains appuient un pouvoir donné et lorsque ce pouvoir n’arrive plus à garantir les intérêts américains, il est lâché. On a le cas de la Somalie avec l’opération Restore Hope lorsque les Etats Unis sont intervenus pour essayer de mettre fin à la guerre civile. Mais cet engagement s’est avéré être un fiasco pour la politique étrangère américaine.
Pendant longtemps, Kadafi a eu d’excellents rapport avec les Etats-Unis et au fur et à mesure que les relations ont évolué, les Américains ont laissé faire les Français et les Britanniques qui les ont convaincus que le leader libyen ne pouvait plus garantir les intérêts occidentaux. »
En attendant, le constat est que malgré la vigoureuse riposte des armées du G5 Sahel aidées des forces internationales, la pieuvre tentaculaire est loin de rendre les armes. Au contraire, depuis quelque temps, les attaques meurtrières ne cessent de se multiplier dans l’espace sous-régional ouest-africain.
Particulièrement au Mali, au Burkina Faso et au Niger qui souffrent le martyre depuis l’offensive manquée des islamistes sur Bamako en 2013, suivie de leur dispersion dans la nature après avoir été stoppés net dans leur progression vers la capitale malienne, par la France de François Hollande. Comme quoi, dans cette guerre d’usure, il y a des raisons de nourrir des inquiétudes pour les pays du Sahel. Principalement le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui constituent le verrou de la sous-région. Surtout s’il se trouve des connexions ou autres ramifications entre les groupes armés qui évoluent au Sahel et les nouveaux maîtres de Kaboul qui ont retrouvé la plénitude de leurs moyens.

Les passerelles entre groupes islamistes ne manquant souvent pas en pareilles circonstances, alors que les Talibans sont connus pour leur rigorisme religieux qui cadre avec la vision de certains terroristes ouest-africains.
Paul YAPI N’GESSAN