La rentrée scolaire et ses incertitudes :Mme la ministre dos au mur ?

La rentrée scolaire et ses incertitudes :Mme la ministre dos au mur ?

19 septembre 2022 0 Par Mali Scoop

Le domaine de l’éducation est un des portefeuilles ministériels le plus difficile à gérer. Il nécessite une personne chevronnée  dans la gestion des situations les plus difficiles. La ministre actuelle est déjà dos au mur et a besoin d’un miracle pour juguler les problèmes de l’éducation ? Entre syndicalisme et responsabilité ministérielle, le fossé est énorme.

La ministre de l’Éducation nationale a besoin d’être sauvée car elle est débordée et contestée dans sa propre ‘’basse-cour’’. Chaque mot sorti de la bouche est source de nouveau problème. Quand elle avait annoncé la date de la rentrée scolaire  pour le 16 septembre 2022, ce fut la chasse aux sorcières du côté des enseignants qui voulaient  l’abattre .Incertaine dans ses prises de décisions et hésitante dans leur application, elle est partie baissée la cime devant ces derniers. Elle pensait trouver la paix et la concorde afin d’amorcer dans la sérénité la reprise des classes, mais erreur. Elle a permis aux enseignants de mesurer sa ténacité et sa capacité de résistance. Sachant bien que désormais elle ne fait plus poids devant eux, les enseignants passent à la vite supérieure. Ils promettent d’être absents lors des premiers trois jours de la rentrée des classes, et en cas de non-satisfaction de leurs revendications, ils promettent de reconduire leur absence. Une habitude qui met la ministre Dédéou totalement dos au mur car la solution est impossible à trouver immédiatement.

En effet, les enseignants avaient tapé du poing sur la table sa première décision de fixer la rentrée scolaire au 16 septembre 2022. Dans un esprit de compromission, le gouvernement à travers la ministre, a systématiquement repoussé la rentrée au 03 octobre prochain. A moins de deux semaines après ce report, la synergie des syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre, à travers sa coordination de Bamako revient à la charge. Elle annonce une grève de trois jours à partir du 3 octobre 2022 c’est-à-dire le jour de la rentrée des classes. La raison avancée est le non-paiement de leurs arriérés et rappels. Selon, les enseignants, cette grève a été décidée, après plusieurs tentatives de résolutions pacifiques du problème. Pour un responsable de la synergie, ces arriérés de rappel d’activité datent de 2014, 2015, d’autres de 2020. Ce sont des rappels d’activité d’avancement, des rappels de réinsertion, de régularisation et autres que les prédécesseurs de la ministre n’ont pas pu payer et elle paie les pots cassés. La ministre a le monde qui s’écroule sur sa tête car les enseignants ne la ménageront point. Les élèves et leurs parents sont pris au piège de cette vindicte entre la synergie et le ministère de l’éducation.

Les parents n’ont que leurs larmes

Les parents d’élèves coincés, entre menaces de la synergie des enseignants, la cherté des fournitures scolaires et l’impossibilité de résoudre le problème actuel des enseignants sur la table de la ministre, n’ont que des larmes aux yeux. Comme écrit dans certains manuels scolaires « bientôt la rentrée des classes » mais certains élèves risquent de ne pas vivre cette année l’euphorie de cette rentrée. Elle est quasi incertaine pour cette année scolaire, car en prélude de celle-ci, les problèmes s’accumulent déjà.

Ce préavis de grève inquiète les parents d’élèves qui invitent les enseignants à la retenue. Ils demandent aux enseignants de penser à l’avenir des enfants et de modérer leur position pour que progressivement on puisse résoudre leur problème sans que les enfants ne payent le prix. « Nous ne pouvons que défendre les élèves, maintenant en défendant les élèves on défend aussi les enseignants. L’un ne peut aller sans l’autre » dixit Daouda Sacko, secrétaire général adjoint de la fédération nationale des associations des parents d’élèves du Mali. Il rappelle que quand le système éducatif est au rabais il n’y a plus d’État.

De son côté, le ministère de l’éducation nationale a fait savoir que des dispositions sont en cours d’exécution pour décanter la situation et empêcher le boycott de la rentrée scolaire à Bamako. La ministre est donc en mauvaise posture face à la situation qui prévaut avant l’ouverture des classes. Mme la ministre Sidibé Dédéou Ousmane,  a besoin de l’expertise de tous ses conseillers afin d’éviter son naufrage.

Vengeance ou mauvaise coïncidence ?

A l’intérieur de son département, la ministre doit avoir des ennemis qui veulent la mettre en grande difficulté voire la faire échouer. Elle a détruit leur réseau installé depuis des décennies au sein du département, ils vont essayer de la détruire à leur tour. Elle veut suivre le nouvel esprit de refondation de l’Etat dans le domaine de l’éducation : la fin des fraudes dans les examens de fin d’années et les concours. A titre de rappel, cette année, le gouvernement à travers le département de l’éducation a fait le nécessaire pour éviter les fraudes et donner l’occasion aux vrais méritants d’être admis. Une manière d’empêcher certains enseignants et conseillers du ministère qui faisaient de ces examens un fonds de commerce. Une situation qui fait que ces derniers ont passé les vacances dans des conditions financières difficiles. Ils ne laisseront donc pas la ministre tranquille car ils disposent eux aussi de moyens de pression et d’intimidations. Pour lui donner une leçon ou plutôt une correction voire se venger d’elle, ils réclament des arrières qui ne datent de son temps.

« Comme nous n’avons pas gagné assez d’argent avec les examens, nous avons besoin de nos arriérés pour combler le déficit financière » mijotent certainement des enseignants. C’est dire à quel point les concours et les examens sont devenus un véritable business pour certains enseignants.

Le Point