LA DEMOCRATIE AU MALI :Ou le pouvoir en pâture !

LA DEMOCRATIE AU MALI :Ou le pouvoir en pâture !

8 avril 2021 0 Par Mali Scoop

26 mars 1991, la grogne générale a eu raison du général Moussa Traoré. S’en suivra une Conférence nationale qui traçait les bases du renouveau démocratique, mettant fin à 23 années de dictature militaire. Le Mali venait ainsi de montrer la voie pour un processus de démocratisation qui va embraser l’Afrique subsaharienne. 30 ans après, que reste-t-il des acquis de cette démocratie ?
En effet, après 23 années de dictature, les Maliens ont décidé de changer de cap avec le renouveau démocratique. Depuis1989, le pays traverse une grande crise. L’état était en cessation de paiement. En 1990 et 1991, la contestation populaire a atteint son point culminant. C’est alors que le régime révolutionnaire a décidé de faire appel à tous les fils du pays pour qu’ils décident de l’orientation politique à donner au Mali lors de grandes assises nationales, appelées Conférence nationale des forces vives de la nation. Au nombre des avancées démocratiques, la République du Mali est et demeure l’un des pays de référence du continent en matière de création d’institutions démocratiques, de cadres des intellectuels respectables et respectés partout ailleurs dans le monde, des dispositions des lois et autres. Malgré cette belle santé de la vie démocratique, après trois décennies les institutions républicaines présentent bien des écueils, toute chose qui a facilité les fameux coups de force du 22 mars 2012 et celui du 18 août 2020.
Quelques écueils de la démocratie malienne
Stoppant du coup le processus démocratique des acquis du 26 mars 1991. D’entrée de jeu, le premier écueil s’appellerait : la perte de crédibilité des institutions républicaines du pouvoir et du contre-pouvoir dans le subconscient des dix millions de Maliens. Car ces Maliens se montrent réticents quant à la saisine des institutions de la République. Pour eux, il n’y aurait plus de réelle satisfaction. De même, les Maliens observent de façon croissante une certaine primauté des prérogatives du pouvoir exécutif et de la Cour constitutionnelle sur les autres institutions. Ce qui se remarque dans le respect de certaines décisions des tribunaux et qui souffre d’un manque d’application incompréhensible.
Aussi, il est facilement remarqué, par les temps qui courent, un vrai problème dans la République, en ce qui concerne la séparation des pouvoirs. Dans la pratique, l’application de la séparation du pouvoir et de contre-pouvoir bute de plus en plus sur la volonté du pouvoir exécutif. L’autre chose qui constitue l’une des faiblesses des institutions républicaines réside dans le problème de collaboration entre elles. Cette collaboration étroite entre les institutions du pouvoir et de contre-pouvoir dans la gestion de l’Etat se transforme de plus en plus en une guerre froide entre les institutions de la République. Toutes choses qui montrent que trente années après l’historique conférence nationale des forces vives de la nation de 1991, les institutions républicaines s’égarent peu à peu de l’esprit souverain. Face à cela, les institutions républicaines doivent se réinventer, et pour ce faire l’on attend beaucoup des nouvelles autorités du pays.

Mais apparemment, ils ont déjà montrés leur limite. Car ils ne savent pas par quel bout commencer. Le pays vit une situation très critique en ce moment. La liberté d’expression est menacée, et sauvagement utilisé avec l’avènement des réseaux sociaux. Au moment où les Maliens s’interrogent sur l’avenir de la démocratie, des analystes politiques persistent et signent que la Conférence nationale n’est pas un accident de parcours et qu’elle ne mérite pas l’oubli, ni le combat que lui livre aujourd’hui l’actuelle génération.
Certes partout dans le monde la démocratie est en danger. Cela amène à demander si la démocratie est surchargée, est-elle incapable de prendre des décisions rapides, est-elle trop lourde pour trouver des solutions rapides aux crises ? Si la dictature a toujours conduit à une catastrophe. Dès lors, il faut être confiant et calme, être toujours prêt à défendre la démocratie. Mais de quelle manière, car aujourd’hui l’on peut sans se tromper que ce sont les Maliens qui ont plutôt subi la démocratie. Alors que faire ?
La Rédaction