KIDAL : L’espoir d’une paix retrouvée !
7 décembre 2023La région de Kidal a toujours été le foyer de tensions ayant abouti à des soulèvements politico militaires au Mali, notamment les rebellions touarègues ; bien que d’autres groupes ethniques soient également concernés.
La particularité de Kidal est assez marquée en ce sens que toutes les rébellions de 1963 à 2012 y ont commencé avant d’atteindre les autres régions du nord et certaines parties du centre et du sud du pays.
Depuis les années 90, les principaux soubresauts dans la région (rébellion de 1990, le soulèvement du 23 mai 2006) ont été réglés au moyen d’accords de paix. Des accords qui ont été signés à la hâte et qui, par la suite, ont connu des difficultés de mise en œuvre ayant le plus souvent conduit à leurs échecs.
Tous ces accords ont péché tant dans leur esprit, approche et démarche que dans leur contenu et schéma d’opérationnalisation. Les négociations de paix ont été menées sous pression et généralement plus orientées vers la sortie de crise que la construction d’une paix durable.
Les solutions qui en découlent n’ont pas été toujours réalisables et les démarches souvent moins idoines. C’est pourquoi malgré l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger signé au mois de mai 2015 par le gouvernement et la Plateforme des groupes qui lui sont affiliés, puis parachevé en juin 2015 avec l’apposition de la signature de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) dont le leadership est basé à Kidal, le statu quo demeure car les tractations ont été faites une fois de plus à la hâte.
La stabilité à Kidal a toujours été tributaire du triptyque sécurité-gouvernance-développement, en ce sens que l’insécurité est en partie causée par le sous-développement dans la région.
Depuis l’indépendance du Mali, les soulèvements de combattants Touaregs dans la région de Kidal contre le gouvernement central ont tous pointé du doigt le système de gouvernance en place. Les revendications subséquentes sont en général tributaires de la qualité de gestion des affaires publiques locales.
La multiplicité des attaques contre les positions des forces gouvernementales et la lenteur dans les pourparlers de paix, couplées à la grogne estudiantine à Bamako contre le régime de Moussa Traoré en place ont engendré un soulèvement populaire suivi d’un coup d’Etat militaire, le 26 mars 1991. C’est dans ce contexte que le Pacte national de 1992 a été négocié et signé.
L’accord de cessation des hostilités de Tamanrasset a permis d’arrêter momentanément les affrontements entre les mouvements rebelles et les forces gouvernementales, et de poser les jalons des pourparlers. Il a permis de réintégrer les ex-combattants au sein des forces de défense et de sécurité, et dans la fonction publique civile. Cet accord de paix a été aussi le précurseur de la décentralisation au Mali. Un nouveau découpage administratif du Mali a été entre-temps réalisé et Kidal, le foyer des tensions, érigée en région.
L’impasse politique entre Kidal et Bamako, la détérioration de la situation sécuritaire dans la région, la poussée de la criminalité transfrontalière, le chômage des jeunes, la fébrilité des actions de développement… et la chute du régime de Kadhafi en Libye dans les sillages du printemps arabe ont constitué les ingrédients de la crise de 2012.
La situation prévalant à Kidal exige une approche intégrée de la résilience des communautés, de la reconstruction et de l’amorce d’une nouvelle dynamique de développement territorial, pourront ainsi permettre de traduire les volontés politiques en actions concrètes susceptibles de ramener la paix, de stabiliser durablement la région de Kidal et l’inscrire dans une nouvelle dynamique de développement et de participation à la vie publique nationale pour la construction d’un nouveau Mali respectueux de sa diversité et économiquement émergent.
Assi De Diapé