Insécurité au Centre du pays: Le village de Libé réduit en ruines !

Insécurité au Centre du pays: Le village de Libé réduit en ruines !

2 novembre 2020 0 Par Mali Scoop

Une situation dramatique cache une autre. Pendant que les feux des projecteurs marquant l’actualité dramatique étaient braqués sur la seule personne d’Assimi Goïta, quelque part, au Centre du pays, un carnage était en cours. Cela, avec tous les risques de tournure en « Nettoyage ethnique ». Et, comme il en a toujours été le cas, chez nous ici, le vrai drame est minimisé au profit des faits et gestes folkloriques.

Avec le conflit intercommunautaire sévissant depuis 2015 au Centre du pays, le Mali est au cœur d’un génocide qui ne dit pas son nom; car, deux ethnies sont en train de se détruire systématiquement sans véritable interposition de l’Etat. Certes, le mot peut être trop fort, mais c’est le seul convenable à la situation qui prévaut à l’instant dans la zone. De 2017 à nos jours, avec la montée d’un cran du conflit, personne ne peut dresser une liste exhaustive des morts des deux côtés (dogon/peulhs) ou donner un chiffre exact du nombre des disparus et déplacés internes ou Réfugiés loin des frontières maliennes. «Cette situation a été longtemps préparée et est minutieusement mise en exécution », a affirmé un patriarche originaire du Centre du pays. « L’incapacité des Autorités à anticiper sur les situations est le combustible qui maintient le feu vivant », a-t-il ajouté avant de conclure anxieusement que : « La paix n’est pas pour demain dans cette zone».
En effet, le jeudi 22 octobre 2020, le village de Libé, dans le Cercle de Bankass, Région de Mopti, a été la cible d’une série d’attaques foudroyantes ponctuée de massacres, de destruction de biens publics et privés au détriment des pauvres Populations locales sans défense ni protection sécuritaire et juridique. Vu la gravité de la situation sur le terrain, tout indique qu’il s’agit d’une logique de ‘’nettoyage ethnique’’. C’est ce qu’affirment des témoignages concordants. Les populations de ce village ont été agressées avec plusieurs victimes dont des blessés graves, des morts et leurs habitations détruites, leurs troupeaux enlevés, etc.
A cet effet, vu l’abondance des fausses informations, nous nous devons tout prouver afin que ce drame en passe de tourner en épuration ethnique soit pris au sérieux (l’image ci-dessus illustre largement le degré de l’horreur en question). « Le village de Libé a enterré 24 de ses fils innocents sauvagement tués », nous a confié avec yeux pleins de larmes un ressortissant du Cercle de Bankass. Selon lui, des enfants ont été noyés dans la marre du village quand ils étaient en fuite et il y a eu d’autres victimes mortelles parmi eux. La jeunesse de la section malienne de l’association tabitalpulaaku internationale vient de condamner énergiquement ce nettoyage ethnique et exige une enquête internationale indépendante pour que justice soit rendue.
Pourtant, juste au lendemain de ce carnage, le Colonel Assimi Goïta, Vice-président de la Transition, s’est rendu à Farabougou, village qui était assiégé depuis plus d’une semaine par des Hommes armés non identifiés. Le village était libéré mais des questions demeurent sur le bilan de l’assaut, les terroristes qui ont assiégé le village et leur motivation réelle. Le Vice-président de la Transition a mis l’occasion à profit pour s’entretenir avec notables et chefs coutumiers et religieux de la localité pour parer au pire. Salutaire, certes ; mais, il aurait dû également effectuer déplacement à Libé. Ne serait-ce que pour aller constater sur le terrain ce qui s’est réellement passé dans cette énième localité à feu et à sang. En revanche, les services des propagandistes habituels sont en train d’utiliser, comme ils en ont l’habitude, Farabougou pour magnifier l’image du jeune Officier en vue de lui propulser davantage au-devant de la scène politique nationale et tenter de lui donner plus de célébrité d’aura par rapport aux autres membres de la Transition en cours. Qu’attendent, donc, les plus hautes Autorités de la Transition pour mettre en place une stratégie commune pour la sécurisation de cette zone presque totalement incontrôlable. En substance, il est du devoir sacré de tous les membres de la Transition d’œuvrer inlassablement à la réconciliation de toutes les ethnies en conflit. Cette mission doit être de rigueur chez tous et de chacun, en tout lieu et en toute circonstance.
Au passage, force est d’admettre que durant cette saison pluvieuse qui finit, il y avait beaucoup d’inquiétudes par rapport à la circulation des Hommes armés non identifiés faisant penser à des risques d’agissement des milices d’autodéfense intercommunautaires tapis au sein des camps adverses. En conclusion, les nouveaux Décideurs politiques de notre pays sont fortement interpellés suite à ces massacres et de pillages systématiques de leurs Biens perpétrés en cette période de récoltes et où le peu de champs cultivés sont en pleine phase de maturité.
B.M