INONDATION A BAMAKO : La fuite en avant des autorités!
16 août 2021Les fortes pluies qui ont trempées Bamako ces derniers jours ont occasionné des morts et des dégâts matériels très importants. Un drame qui n’a rien de nouveau sur les berges du fleuve Niger et qui malheureusement risque de devenir banal.
Bamako sous les eaux et le Mali tout entier (ou presque) à cette période de saison des pluies avec son corollaire de dégâts matériels et de victimes de tout âge.
En 2013, la pluie avait occasionné plus de 24 morts et des dégâts matériels très importants. En 2019 ce sont 14 personnes qui ont perdu la vie suite à une forte averse. Le gouvernement depuis lors avait pris des mesures pour éviter que les saisons de pluies ne fassent encore des victimes. Les Maliens ont été témoins ces derniers mois, de vastes projets d’assainissement ont également été annoncés. Alors comment comprendre que cette saison des pluies – en ces premières heures – ait déjà fait autant de victimes malgré toutes les précautions du gouvernement ? A l’analyse, le gouvernement n’a pas donné une réponse plus large à cette problématique. Nous avons identifié trois zones d’intervention laissées en friche par les autorités maliennes.
Les indésirables bidonvilles qui repoussent
Premièrement, les opérations de déguerpissements des bidonvilles n’ont pas connues de suivi-évaluation. Dans certaines zones déguerpies, des populations sont revenues occuper les lieux sans être inquiétées. Une situation qui révèle que ces opérations étaient bien plus souvent des coups de Com’ ou des décisions sur le court terme. Par ailleurs, ce retour se justifie aussi et surtout par le fait que des solutions de relogements n’ont pas été offertes aux pauvres habitants de ces bidonvilles.
Le gouvernement n’a donc pas résolu le problème de façon durable en ce sens que, ces délogés finissaient toujours par se trouver d’autres zones d’habitation tout aussi précaires et à risque. S’ils s’entêtent à rester sur des terres très peu favorables c’est parce que dans le fond, les habitants de ces bidonvilles, sont pour la plupart, des employés dans les quartiers chics, qui pour des salaires en dessous du SMIG, ne peuvent se permettre de se payer le transport au jour le jour, de leur lieu de travail à leur quartier d’habitation que sont souvent, les quartiers populaires. Alors, ils préfèrent se trouver des baraquements dans la proximité de leur lieu de travail pour s’éviter des frais de déplacements qui engloutiraient leur maigre paie.
Le médecin après la mort
Deuxièmement, ce sont chaque fois des communiqués de presse, qui annoncent l’intensification de la sensibilisation et invite les populations à quitter les zones à risques ou à être prudent en temps de pluie. « Le médecin après la mort » comme toujours ! Une saison des pluies, grâce à la météo du 21ème siècle est prévisible. Un gouvernement responsable aurait depuis des mois, pris les mesures pour sensibiliser les populations sur les risques et les conduites à tenir pour éviter ces drames.
Les travaux prévus par le Gouvernement n’ont pas été exécutés
Une évaluation des zones à risques devrait également être mise en œuvre en vue de procéder à des déguerpissements d’avant saison des pluies, suivi bien sûr, de solutions de relogement. Mais, avec du recul, il faudra être tolérant envers les autorités, occupées à virer des milliards de FCFA à des fins inconnus, alors que le prix du coton a chuté ! C’est clair que les caisses se sont assez vidées pour qu’on puisse y trouver des miettes pour reloger des pauvres gens.
Troisièmement, il y a lieu de se poser des questions sur les politiques du gouvernement, notamment sur ses priorités. Bamako n’a pas de canalisation digne de ce nom pour faire face aux eaux de ruissèlement. Le cas d’Hamdallaye ACI 2000 en est une parfaite illustration.
Autant d’argent investi pour un cadre de vie paradisiaque alors que le système de drainage des eaux usées de tout Bamako souffre depuis des lustres et occasionnant au passage des inondations des rues à la moindre averse. C’est bien d’investir dans le beau mais investir dans l’utile est encore mieux. La course effrénée vers une émergence reluisante fait perdre la réalité aux autorités, face aux réalités actuelles du pays, qui demandent plus une mise à niveau, qu’un lifting.
Autant de questions comme tant d’autres, qui font le lit des égarements de nos autorités qui ont contribué à la mort de ces pauvres personnes.
Paul Yapi N’GUESSAN