IIIème République : Bienvenue dans la voyoucratie !
8 avril 2021Les pseudo-démocrates qui se sont succédés au pouvoir, depuis 1992, ont mis en place des mécanismes d’enrichissement illicite pour usurper les ressources nationales de ce pays. Afin d’échapper à la justice, ils ont élaboré des textes qui leur permettent de vivre dans l’impunité la plus totale. Aujourd’hui, ces Politiciens en fin de parcours pêchent dans les eaux troubles pour faire échouer l’alternance souhaitée par le Peuple souverain.
Le Mali, naturellement prospère, souffre de nos jours non pas du manque de ressources, mais du fait des Dirigeants qui se sont succédés au pouvoir depuis l’Indépendance à nos jours. L’élite politique est responsable de l’irruption de nouveaux Acteurs tels que les Religieux dans le plus profond du débat politique. Si les Dirigeants des deux premières Républiques ont commis des erreurs dans la gestion des affaires publiques, la fibre patriotique et la dignité humaine étaient affichés en plus du souci du respect de l’intérêt général.
La Révolution de Mars 1991 a été un tremplin pour ceux qui finiront par être les fossoyeurs de la République. En véritables chercheurs de trésors, ils ont dilapidé tous les acquis de leurs prédécesseurs.
La III ième République a été celle du règne de la spéculation foncière
Les journées de l’Espace d’Interpellation Démocratique (EDI), instaurées depuis plusieurs décennies maintenant, l’ont attesté à maintes reprises.
En effet, l’écrasante majorité des interpellations de l’Etat par les populations concernent des litiges fonciers. Les dossiers du foncier sont suivis par ceux relatifs à la non-exécution des décisions de la justice, aux régularisations des situations administratives et au non-respect des engagements contractuels de l’Etat. C’est sous la IIIe République que la terre a pris une valeur incommensurable. Le phénomène de spéculation foncière s’est développé avec la création de véritables structures spécialisées dans l’expropriation et l’accaparement des terres des pauvres populations. La complicité de ceux qui ont la charge de la gestion du foncier n’est qu’un secret de polichinelle : une véritable escroquerie foncière a vu le jour.
Aujourd’hui, les conflits fonciers sont la cause de trop de troubles sociopolitiques et économiques que connaît le Mali. Pire, ils sont la cause de l’injustice sociale qui met les populations dos à dos et le vivre-ensemble continue d’en faire les frais à divers endroits du Mali profond.
Jeux d’intérêts
Une mutation sociale s’est opérée depuis. Les Politiciens qui se doivent arbitrer les conflits entre les opérateurs économiques sont devenus eux-mêmes des opérateurs économiques. Autrement dit, juge et partie. Ceux qui sont Ministres ont leurs femmes qui subitement deviennent des Expertes en Affaires, les microsociétés voient le jour et empochent les fonds publics dont ils ont la charge de la gestion.
On n’oublie pas la multiplication l’offre de gré à gré des marchés publics dont l’exécution a été plus qu’en deçà des attentes.
Déclin de l’éducation au détriment du patriotisme
L’éducation est la meilleure chose qu’un Dirigeant doit offrir à son Peuple. Si autres fois, les cadres des pays limitrophes étaient en partie formés par les Enseignants maliens, aujourd’hui, le paradoxe est flagrant : le Mali est devenu la risée des autres États à cause du niveau exécrable de son système éducatif. Sa mauvaise orientation, à cause des choix politiques médiocres et son instrumentalisation par les supposés Démocrates ont tout détruit. Détruire un pays ne nécessite pas, uniquement, l’utilisation des bombes atomiques, de missiles à longues portées ou autres armes de destruction massive. Mais, il suffirait aussi d’affaiblir juste son système éducatif, en encourageant la tricherie, les fraudes et la corruption pour que l’autodestruction se fasse d’elle-même.
Du coup, des patients meurent aux mains de Médecins mal formés et corrompus ; des bâtisses, des autoroutes et des ouvrages d’art s’effondrent ; car, construits par des Architectes et des Ingénieurs mal formés ou corrompus. N’oublions pas le système économique du pays qui a vu fondre ses richesses et ses réserves de changes comme de la neige ; car, le tout c’est désormais entre les mains d’Hommes d’Affaires politiciens, d’investisseurs, de fraudeurs et corrompus.
Au fil des ans, la Justice est devenue injuste et au service des plus forts, des plus offrants : elle a été entre les mains d’Hommes de Lois, des petits Juges malformés et corrompus au détriment des Magistrats intègres, professionnels et patriotes.
Tous les domaines de la société, tous les secteurs de l’Etat sont en ruines ; puisque gérés par des Politiciens abonnés à la fraude et aux jeux de corruption. Cette élite intellectuelle n’a aucune valeur, ni de repères et ne sert plus de modèles en termes de grandeur, de dignité, de conscience et surtout … d’exemplarité. Ce qui engendre, au finish, l’effondrement de la Nation.
La destruction de l’Armée
L’Armée, tout comme l’Education, constitue un des piliers de l’État. Selon Franck SILVI : «Un pays sans Armée, est un pays sans avenir». Et, pourtant, c’est ce que nous voyons aujourd’hui. L’Armée malienne était une des plus puissantes de la Sous-région, mais sous le règne des Politiciens pseudo-démocrates, cette vaillante Armée n’est aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. La crise de 2012 a affiché au grand jour les failles de l’Armée. Des failles qui se sont accrues au fil du temps.
La première plaie est le mode de recrutement basé sur le népotisme, la corruption voire le favoritisme qui fait d’office la règle du jeu. Les conséquences d’un tel système de recrutement ne peuvent que détruire l’ordre hiérarchique et engendrer le désordre au sein de cette institution. De facto, sont remises en cause les Règles fondamentales que sont la discipline et l’organisation hiérarchique.
Un pseudo-démocrate ne disait-il pas que le « Mali n’a pas besoin d’une Armée de guerre, mais d’une Armée humanitaire » et pourtant la guerre n’est-elle pas notre quotidien aujourd’hui ?
Nos Soldats sont en train de périr au Centre et au Nord du pays faute de moyens et de formation militaire. Que leurs âmes reposent en paix !Dans ces conditions, nous sommes obligés de sous-traiter notre sécurité nationale avant d’avoir une Armée disciplinée, hiérarchisée et surtout bien équipée.
La régression de l’Economie nationale
Dans leur course folle à la recherche de la richesse, les Politiciens pseudo-démocrates ont liquidé toutes les sociétés de production du pays. Le Mali qui était une puissance industrielle à l’ère des Indépendances nationales chèrement acquises par nos Etats n’a plus rien de concret. Malgré une aide de l’Etat pour la formation citoyenne, les Politiciens pseudo-démocrates ont, donc, échoué au vu de l’incivisme des militants et la chute des taux de participations aux élections. A cela s’ajoute le désaveu flagrant des populations à l’endroit des acteurs politiques, qui ont ouvert la voie à l’émergence d’autres acteurs, plus populaires et populistes que les réels concernés. L’aide aux partis politiques a, de ce fait, été « inutile » à bien d’égards et mérite un audit sans précédent au nom de la refondation de l’arène politique nationale.
En se référant aux Rapports du Bureau du Vérificateur Général (BVG), on dénombre plus de 100 personnalités milliardaires au Mali, qui restent une menace pour la bonne gouvernance et le respect des textes fondamentaux. C’est une erreur de penser que la classe politique, tout bord confondu, laisse les coudées franches pour une gestion optimale des affaires d’un Mali financièrement asphyxié et économiquement exsangue. Pourtant, les priorités, en plus de la guerre contre les djihadistes tournent autour de la sécurisation, les questionsdu développement, le consensus politico-social en plus des réformes institutionnelles. Les différents Régimes, les systèmes politiques et les Institutions qu’ils incarnaient étaient mauvais, voire nuisibles : il faut en reconstruire un cadre viable et durable. C’est ce qui avait conduit le Peuple à aller au Dialogue national inclusif dont les recommandations restent la boussole de la refondation tant souhaitée par tous.
Par rapport à la durée de la Transition, il convient de noter avec force que les problèmes du Mali sont trop nombreux et complexes pour être aplanis en une courte période. Il ne faut pas espérer accomplir en 18 mois ce que nous n’avons pas pu faire en 60 ans d’Indépendance. Cela d’autant plus que la situation présente du pays est infiniment plus désastreux qu’elle ne l’était au moment de l’Indépendance. La Transition est attendue pour une rupture totale avec ce système oligarchique, de corruption à ciel ouvert et la suspension de toute Loi favorisant le vol et l’impunité sous toutes ses formes.
Idrissa Keïta