Hamed SOW : ‘’La critique, elle est nécessaire pour tirer les enseignements, mais ne bâtie pas en soi un pays’’
23 juin 2021De la vie de son parti, le Rassemblement des travailleurs pour le développement(RTD) à la fusion de celui-ci avec l’URD, en passant par la vie de la nation et l’élection présidentielle à venir. L’ancien ministre sous le régime ATT, Dr Hamed SOW se livre dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder.
Le Point : vous êtes le président du parti Rassemblement des travailleurs pour le développement (RTD). Comment se porte aujourd’hui votre parti ?
Hamed sow: Le parti RTD a toujours été un parti, je dirai efficace et discret. Nous n’avons pas adopté le même format que les partis classiques, c’est à dire que nous n’avons pas crée les sections, les sous-sections, les fédérations etc.C’est un groupement essentiel composé de jeunes. Des jeunes qui ont l’avantage de ne pas dépendre d’une façon générale de l’État, ce ne sont pas des fonctionnaires, ce sont des jeunes qui sont dans des sociétés privées ; qui sont notaires, avocats, opérateurs économiques etc.
Donc ces jeunes ont l’avantage d’avoir les moyens et ils sont là essentiellement par conviction et donc , c’est la raison pour laquelle, ils ne peuvent que d’aller vers la mise en place de structures lourds , nous avons plutôt travaillé sur le réseautage, c’est-à-dire que chaque responsable du parti a constitué un réseau au niveau de sa famille, au niveau de ses amis ainsi de suite et en demandant à ces différents membres de constituer des réseaux. Donc on a fait une sorte de larges toiles d’araignées qui, certes n’a pas le même degré de représentativité dans chacune des régions mais qui quand même pour l’essentiel fait un mariage assez suffisant sur le territoire national.
C’est ça l’efficacité de ce parti et donc à un moment donné, j’ai eu personnellement , vous connaissez mes relations avec feu Soumaïla Cissé, donc au mois d’octobre 2020 après sa libération, nous nous sommes retrouvés à Dakar, nous avons eu une longue discussion et compte tenu du fait que lors des élections de 2018 , je l’avais soutenu fortement et il a souhaité que nous sortons de l’émiettement politique qui fragilise les partis politiques pour essayer de faire un large rassemblement c’était ça son but et il m’a en ce qui te concerne, moi j’aimerai bien que tu nous rejoint à l’URD. Malheureusement, Dieu en a décidé autrement et lorsque j’étais venu en janvier dernier pour les condoléances, certains membres de l’URD à qui il avait fait la confidence m’ont approché et j’ai dit que j’allais tenir cet engagement là, d’autant plus que ça rejoignait mes propres convictions et c’est à ce niveau là que j’ai parlé avec les jeunes de l’URD et le RTD ,qui ont accepté que nous fassions cette fusion avec l’URD. Nous avons donc fait un congrès extraordinaire avant-hier je crois, où nous avons dissous le RTD, maintenant avec l’URD nous sommes beaucoup en avance avec l’URD, nous allons mettre en place les commissions pour que ces commissions travaillent rapidement et que nous puissions arriver à cette fusion peut-être même avant la fin du mois.
Vous avez cassé votre parti pour vous retrouver à l’URD, serrez vous à mesure de vous entendre et avec quel statut ?
Hamed sow: Bon, l’URD a son mode opératoire mais, moi je crois que ce n’est pas une question de positionnement etc. Mais pour simplifier , en général quand y a une fusion, le président du parti devient vice président et les membres du bureau politique, nous, c’est le comité de coordination et les membres de ce conseil de coordination seront intégrés au niveau du bureau exécutif national de l’URD ,mais encore une fois , nous sommes pas des chercheurs de place , nous sommes là pour renforcer l’URD et avec le parti travailler pour préparer les prochaines échéances.
Que répondez vous à ceux qui disent que Docteur Sow va à l’URD parce qu’il veut être le candidat de ce parti ?
Hamed sow: je pense que j’ai fait suffisamment de déclarations sur ce plan. Non ! Je ne viens pas à l’URD pour dire que je serais le candidat de l’URD. Si Soumaila Cissé était vivant, je n’allais pas être candidat, je l’aurais accompagné et jouer un rôle actif pour son élection en 2022. Dieu en a décidé autrement, mais j’ai toujours dit qu’il ya des gens qui ont fondé ce parti là en 2003 avec Soumaila qui ont conduit le parti et que ya des gens qui sont certainement plus qualifiés que moi pour être candidat. On ne peut pas venir dans un parti et vouloir bousculer tout le monde et dire laissez moi la place, non ! Pas du tout ! Je trouve même que ça comme un manque de respect pour les gens qui sont dans ce parti depuis des années. Par contre, ce que j’ai dit, si maintenant au niveau de l’URD, si les membres du bureau exécutif national estiment que peut-être quelqu’un comme moi puisse fédérer et rassembler et porter les couleurs du parti. Ça, ce serait un honneur qui ne se refuse pas.
Est-ce que vous n’êtes pas déraciné des réalités du Mali, parce que tantôt au Sénégal, tantôt en Côte d’ivoire ?
Hamed sow: Non ! Vous savez, on a dit ça dans le temps quand j’étais à l’extérieur, vous vous souvenez en 2006 – 2007 quand je dirigeais le PDS, j’étais à Bruxelles depuis plus de 15 ans, pourtant c’est moi qu’ATT était allé chercher pour rédiger son programme de développement économique et social. C’est pas parce que géographiquement on est éloigné qu’on ne s’occupe pas de son pays , qu’on ne s’intéresse pas de son pays et même des fois on en sait beaucoup plus parce qu’on s’informe, et ceux qui ont, excusez-moi les expressions le nez au bidon ,des fois n’ont pas le temps de la réflexion , non pas le recule nécessaire donc moi je suis souvent étonné quand je viens au pays, quand je discute avec les gens que j’ai beaucoup plus de connaissances sur certaines réalités du pays. D’ailleurs je trouve que jusqu’à présent, le débat, c’est vrai, le contexte l’oblige, ça porte essentiellement sur les questions sécuritaires, sur les questions d’élections alors qu’on n’aborde même pas les problèmes réels, les problèmes de fonds de ce pays.
Est- ce qu’en 2022 Hamed Sow ne va pas être candidat sous la bannière de l’URD ou pas?
Hamed Sow: Ah non ! Si l’URD ne me choisit pas, je ne vois pas comment je serais candidat. Je sais que certains lorsqu’ils viennent et qu’ils ne sont pas choisis, ils plient bagage pour aller ailleurs. Non, encore une fois je vous dis, c’est un engagement que j’ai pris avec feu Soumaila Cissé dont les gens connaissaient mes liens amicaux, fraternels. En plus de ça, je pense aujourd’hui que ce parti orphelin de son fondateur et de son principal leader a besoin d’être renforcé et donc ce n’est pas une question d’ambition personnelle, loin s’en faut, c’est beaucoup plus une question d’analyse politique c’est vrai, parce que c’est un parti qui est structuré mais également de l’engagement pris vis-à -vis d’un homme.
Pour terminer, qu’est-ce que vous répondez à ceux-là qui pensent que vous avez été de ceux-là, avec ATT, qui ont mis ce pays dans un gouffre ?
Hamed Sow : Non, j’ai pas entendu quelqu’un dire qu’ATT a mis le pays dans un gouffre! Bien au contraire, il est parti et beaucoup l’ont regretté et je pense que quand on regarde le bilan de nos réalisations, tout ce que nous avons fait, c’est plus de cent œuvres majeures qui ont été faites, donc, ça, c’est peut-être une facilité de langage. Au contraire, c’est depuis que nous avons quitté que ce pays est progressivement descendu dans les affres, de tous ces problèmes que nous connaissons. Aujourd’hui y a espoir de stopper cette descente aux enfers et de pourvoir partir, et, pour ça, on a besoin de tout le monde, on a pas besoin de jeter l’anathème sur tel ou tel régime, en tout cas, pour moi, si on passe tout notre temps à accuser les uns et les autres ,on ne bâtirait pas le Mali. La critique, elle est nécessaire pour tirer les enseignements, mais ne bâtie pas en soi un pays. Ce qui est important, c’est qu’on arrive à organiser de très bonnes élections. Pourquoi je dis ça, parce que si on entre dans les schémas passés, c’est-à-dire, les gens qui ont volé l’argent de ce pays , qui se sont enrichis en toute impunité et qui vont , avec ces sous peut-être pas directement, mais avec des prête-noms pour acheter ces élections et gagner ces élections là , les mêmes causes vont engendrer les mêmes effets , le pays ne bougera pas et avec la croissance démographique nos problèmes vont se complexifier . Nous irons donc vers un lendemain difficile. C’est pour cela que ces élections sont importantes, il faudrait que ce soit des élections où les Maliens puissent choisir un bon président.
Propos recueillis par Paul YAPI N’GUESSAN