G5 SAHEL : Mort-né après un si douloureux accouchement !
27 mai 2022Le bateau du G5 Sahel a fin ipar se saborder ? La question est d’autant plus fondée que l’un des membres les plus emblématiques, en l’occurrence le Mali, qui passe aujourd’hui à bien des égards pour être l’épicentre du terrorisme dans la région, vient d’annoncer son retrait pur et simple de l’organisation régionale qui regroupe, outre le pays du colonel Assimi Goïta, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad. Et le président nigérien Mohamed Bazoum d’annoncer le mercredi 18 mai, la mort de cette organisation.
Le retrait du Mali ressemble à un trou béant percé dans la coque de ce corsaire censé aller à l’abordage des terroristes, mais qui n’a jamais su trouver les bons vents pour accoster ces malfaiteurs des temps modernes qui troublent le sommeil des populations du Sahel en se moquant éperdument des frontières entre pays. La raison invoquée est d’avoir attendu de guerre lasse son tour pour présider l’institution régionale. En effet, dans son communiqué de retrait du 15 mai dernier, Bamako indique qu’une conférence des chefs d’Etat prévue pour février 2022 à Bamako, devait « consacrer le début de la présidence malienne du G5 » mais « près d’un trimestre après le terme indiqué », cette rencontre « ne s’est toujours pas tenue ».
Le président nigérien, Mohamed Bazoum, a déclaré dans une interview publiée ce mercredi que le G5 Sahel, qui combat les groupes armés islamistes en Afrique de l’Ouest, était « décédé » après l’annonce par les autorités maliennes de la transition du retrait du Mali de l’alliance militaire.
Les autorités maliennes ont annoncé dimanche dernier le retrait du pays du G5 Sahel en mettant en avant le peu de progrès réalisés face aux insurgés et l’échec dans l’organisation récente de sommets au Mali, une décision qui isole davantage le pays de ses voisins.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’humainement parlant, l’on peut comprendre la frustration du Mali de ne pas se voir confier les responsabilités de cette présidence tournante arrêtée de commun accord. On pourrait aussi le comprendre, politiquement, si les accusations portées contre l’Hexagone de manipulation des chefs d’Etat du G5 Sahel étaient avérées.
En quittant le navire le Mali a permis aux yeux du monde entier de comprendre que cette force conjointe n’était en réalité qu’un bras armé de la force Barkhane. Car comment comprendre qu’après le départ annoncé du Mali, le Niger annonce la mort de celle-ci. Comme si le Mali à lui seul était l’initiatrice de cette force conjointe. Dans la réalité cette force du G5 Sahel était juste une trouvaille de la France pour maintenir sa domination sur les armées des pays du Sahel dans une soi-disant collaboration militaire.
Le départ du Mali certes a été un coup dur pour cette force, mais elle pouvait quand même bien continuer sa mission de lutte contre le terrorisme dans le Sahel surtout que le Mali n’est pas le seul pays à vivre les affres des ‘’fous’’ de Dieu en ce moment. Toujours est-il que dans la pratique, les opérations conjointes initiées par-ci par-là par certains pays voisins et qui ont donné des résultats probants sur le terrain, ont fini de convaincre plus d’un que si ce genre d’opérations étaient reconduites de façon régulière et permanente, cela pourrait permettre de réduire considérablement la voilure des terroristes et de gêner leur progression dans la sous-région. C’est pourquoi, au regard des enjeux, l’on peut se demander si dans le fond, pourquoi refuser de donner la présidence tournante au Mali.
Maintenant que la force est mort de sa belle mort, la question est d’autant plus fondée que c’est une décision qui pourrait être lourde de conséquences dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. C’est dire s’il est temps de penser à une entité beaucoup plus large, au moment où après le Sahel, les pays du littoral sont devenus un objectif pour les terroristes. En témoignent les récentes attaques meurtrières au Togo et au Bénin, en plus du harcèlement dont est victime la Côte d’Ivoire qui a déjà connu plusieurs attaques sur son sol. C’est à ce prix que les africains doivent penser à la création d’une force africaine digne de ce nom pour faire face à la menace actuelle. Ce G5 Sahel qui était qu’une coquille vide identifiable à un « machin » qui n’existait que de nom, est appelé à mourir de sa belle mort, après un enfantement assez douloureux.
Le Point