EMBASTILLEMENT D’OPPOSANTS : Danger sur la République
16 décembre 2021Après l’ex-vice-président du Conseil national de transition (CNT), Issa Kaou N’Djim, arrêté en fin octobre dernier pour « troubles à l’ordre public et atteinte au crédit de l’Etat » et présenté à la Justice, c’est au tour de l’opposant Oumar Mariko, président du parti Sadi, d’entrer en conflit avec les autorités de la transition au point de se retrouver dans le collimateur de la Justice.
Il a été interpellé le 6 décembre dernier dans la capitale malienne, pour « propos injurieux » contre le Premier ministre Choguel Maïga et placé sous mandat de dépôt quelque 24 heures plus tard. Ce, dans le cadre d’une enquête préliminaire initiée par la Justice malienne. Une interpellation qui est intervenue en même temps que celle d’un militant de son parti, Aboubacar Camara, chroniqueur radio qui avait enregistré certains des propos reprochés aujourd’hui au leader politique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les autorités de la transition malienne ne semblent pas filer le parfait amour avec l’opposition. Principalement, le Premier ministre Choguel Maïga qui semble cristalliser les critiques au point de paraître pour le personnage le plus clivant au sommet de l’Etat.
Certes, en tant que chef de l’Exécutif, souvent appelé à aller au charbon pour défendre la ligne d’une transition qui peine encore à convaincre de la noblesse de ses intentions, sa position peut paraître à la fois des plus exposées et pas des plus confortables. Mais à force de jeter à tour de bras des opposants en prison pour un oui ou pour un non, le Premier ministre Choguel Maïga parait non seulement faire montre de frilosité, mais risque aussi de braquer davantage ses contradicteurs s’il ne contribue pas à faire l’unanimité contre lui, au moment où son gouvernement cherche pourtant la compréhension de la classe politique pour aller aux assises nationales de la refondation censées tracer les sillons de la piste de sortie de transition.
Comparaison n’est pas raison, mais sous d’autres cieux comme en France par exemple, l’on a pu voir un président en exercice recevoir en public, une gifle d’un citoyen lambda sans que le premier en fasse une affaire d’Etat. Quelques années plus tôt, c’est le chef de l’Etat le plus puissant au monde, le président américain, Georges Bush, qui a failli prendre en pleine figure, les chaussures d’un journaliste irakien lors d’une conférence de presse, sans que cela ne crée une crise diplomatique entre les deux pays. C’est dire si, sans vouloir rabaisser d’une quelconque façon, son honneur, le Premier ministre Choguel Maïga gagnerait à encaisser la critique. Ce n’est pas la susceptibilité à fleur de peau qui contribuera à laver son honneur.
La Rédaction