COUP D’ETAT MILITAIRE : Kati a encore sorti les muscles

COUP D’ETAT MILITAIRE : Kati a encore sorti les muscles

12 septembre 2020 0 Par Mali Scoop

Des coups de feu ont été entendus, le 18 août 2020, au camp militaire de Kati situé à quelques encablures de Bamako.  Ces soldats mutins ont arrêté plusieurs personnalités dont le chef de l’Etat, le Premier ministre, des ministres… On est d’autant plus fondé à l’affirmer que le pays traverse, depuis 2012, la plus grave crise sécuritaire de son histoire.

Si la Grande muette qui était censée défendre la patrie et avec elle, le régime, en vient à se soulever contre son régime, autant dire que le navire Mali qui tangue depuis plus de deux mois, est au bord du naufrage. Les Maliens sont-ils conscients des risques qu’ils encourent? Cela dit, en semant la confusion dans la capitale malienne, le camp militaire de Kati joue gros ce d’autant que c’est cette même garnison qui avait favorisé, en 2012, l’invasion du pays par les groupes armés à travers l’un des coups d’Etat les plus stupides de l’histoire du pays, qui aura vu l’arrivée au pouvoir du capitaine Haya Sanogo. On connaît la suite.

En tout cas, c’est dommage que l’armée malienne ait choisi, une fois de plus, de s’illustrer négativement au moment où le pays va déjà très mal. Kati voudrait scier le moral de bien des hommes et femmes engagés aux côtés de l’armée pour bouter le terrorisme hors des frontières du Mali, qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Combinaison perdant-perdant

Il n’est certes pas impossible aux Maliens de vivre sous des régimes non démocratiques. Ce qui est insupportable, et particulièrement pour les plus jeunes, c’est la combinaison perdant-perdant : totalitarisme politique et déficience économique. Pour des citoyens de plus en plus mondialisés, la perpétuation au pouvoir de ces leaders est vécue comme une malédiction et la cooptation de leur successeur, la goutte d’eau de trop.

Enfin, si la condamnation d’un coup d’Etat militaire contre un véritable régime démocratique est justifiée, deux conditions sont nécessaires pour la rendre efficace. Pour être crédible, la CEDEAO devrait aussi condamner, sans équivoque, la manipulation flagrante des élections. Cette pratique, qui équivaut à de véritables coups d’Etat civils, est la cause réelle des coups d’Etat militaires. L’annonce du coup d’Etat militaire contre le régime du président Ibrahim Boubacar Kéita a plongé les Maliens dans une joie ou tristesse, l’incompréhension ou l’émoi.

Paul N’GUESSAN