Colonel Assimi Goita : Echec sur le terrain, victoire à Bamako !
11 juin 2021Le chef des forces spéciales dédiées a la lutte contre le terrorisme, a renversé un civil (IBK) et le colonel à la retraite Bah N’Daw pour accéder au fauteuil suprême de Koulouba. S’il avait la même performance sur le terrain, aujourd’hui aucun rebelle ou terroriste ne serait aujourd’hui sur le territoire national. Pendant que la situation reste gravissime sur l’étendue du territoire, lui se réconforte davantage dans son fauteuil.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que, les forces spéciales dédiées à la lutte contre le terrorisme ont décidé de montrer leur force en ville et sur des civils non armés. Alors qu’on sait le rôle premier d’un soldat, c’est la guerre pour laquelle il est formé physiquement, techniquement et psychologiquement. Lorsqu’il sort de ce cadre, le militaire devient un grand problème pour les populations. C’est cette réalité qui se passe actuellement au Mali avec les soldats qui ont fait irruption sur la scène politique avec deux coups d’Etats en deux ans. Un record vu nulle part dans le monde contemporain. Au lieu de sortir les muscles face aux terroristes, ils préfèrent le montrer aux civils pour qui ils sont payés. Les officiers de l’armée malienne semblent ne plus avoir d’autres fonctions que cette pratique. Un confrère de la presse nationale affirmait que « les colonels continuent à défaire les pouvoirs et se créer des ennemis… Leur méthode ? Envoyer des hommes armés enlever la cible, l’emmener à Kati et l’obliger à démissionner… Cela a été le cas en août 2020 pour un président »démocratiquement » élu et en mai 2021 avec le président qu’ils ont imposé eux-mêmes ».
Une grosse erreur que les maliens pardonnent et cautionnent avec acclamations. Seulement dit-on, après la fête, il risque d’y avoir la défaite. Car les militaires dès au départ ont leurs stratégies pour s’implanter définitivement au pouvoir. Ils l’ont démontré à plusieurs reprises en démontant toutes formations politiques ou idéologiques performantes qu’ils ont trouvées sur place. A commencer par le M5RFP dont ils ont besoin aujourd’hui pour achever le reste des petites bandes de personnes ou de regroupements qui refusent de leur faire allégeance. Apres le M5RFP, mouvement tenace et efficace dans leur lutte pour s’accaparer du pouvoir, les militaires se sont tournés vers la CMAS et le mettre en pièces. Ils ont pu créer une guerre entre le guide spirituel, Mahmoud Dicko et son protégé, Kaou Djim. Ces deux victoires acquises, les militaires ont retourné les armes contre ceux-là mêmes qu’ils ont eux-mêmes choisis : le président de la transition et son PM pour les destituer et les conjuguer au passé composé.
Donc désormais, ils ont balayé toutes contraintes à la réalisation de leur rêve. Mêmes la CEDEAO et les Nations Unies ne les inquiètent plus. Ils ont pu les convaincre pour ne pas être sanctionnés. Le système les a mis seulement en garde contre d éventuels dérapages sur les droits de l’homme et des peuples car ils ouvriront la voix à d’autres personnes. En un mot, mieux vaut les prévenir que de venir les déloger par la force des armes. Quand a la CEDEAO, il a fallu un sommet extraordinaire pour statuer sur le cas du Mali. Elle a finalement décidé de suspendre le Mali de ses instances.
Sortis indemnes ce cette croisade a plusieurs risques, les militaires prennent des ailes en choisissant un PM parmi leurs anciens ennemis-le M5RFP et le choix est porté sur l’un des plus résistant de la lutte pour un Mali nouveau, Dr Choguel Maïga. Immortel politique et avec un petit parti politique qui ne vaut pas mieux qu’un atome en terme de poids sur l’échiquier politique national mais l’homme demeure un homme à part. Le choix porté sur lui est stratégique a plus d’un titre. D’abord, il a été choisi pour torpiller l’ancienne classe politique et barrer la route à toutes tentatives visant à saboter la transition. Il a la grande gueule pour défendre le régime contre toute personne qui le déstabiliserait. Beaucoup de ceux qui se disent forts et intelligents l’évite en débat public car il sait où commencer et terminer son argumentation dans la logique scientifique et dans les règles de l’art. Le Dr Choguel est bateau qui ne peut pas être noyé par les acteurs politiques actuels ; ils savent à qui ils ont à faire. Il est cohérent et rationnel, et infatigable dans le travail intellectuel. Il a une force de contradiction dans un débat. Ses adversaires politiques le craignent car il a toujours les preuves de ses affirmations.
Pour l’instant, juste après la formation du gouvernement les inquiétudes se dirigeront vers l’an 2022 ou les élections sont attendues.
Assimi Goita et les défis urgents
La survie de Goita comme président de la transition dépend de sa capacité à relever les grands défis. Il est désormais le nouvel homme fort du Mali chargé de mener la Transition jusqu’à son terme. Il a été réconforté dans son fauteuil par la cour constitutionnelle. Afin de bénéficier de la confiance du Peuple, il doit prendre un arrêté réduisant le train de vie de la Présidence, de la Primature et du Président du CNT.Après avoir posé cet acte, il pourra contenir la grogne sociale et entamer les négociations avec la centrale syndicale de l’UNTM.
Pour assurer davantage le peuple sur la bonne volonté et sa foi inébranlable à lutter contre la corruption et la délinquance financière, il doit diligenter une enquête portant sur des personnes militaires et civiles citées dans l’affaire des armements, procéder à des arrestations des présumés coupables. En un mot, il faut qu’il prenne le chantier de la lutte contre la corruption à bras-le-corps. Autre bataille à mener, l’organisation de l’élection présidentielle. Vu le manque du temps, il est important qu’il mette en stand-by toutes les autres élections à savoir les législatives, le référendum et celles des collectivités, tout en oubliant complètement la réorganisation territoriale. Son seul objectif doit être la présidentielle. Il pourrait avoir plus de crédits aux yeux du Peuple, s’il laisse son PM agir en toute liberté, afin d’éviter une autre démission forcée. Enfin, au niveau de la diplomatie, il doit accepter de nommer des civils chevronnés dans le domaine de la diplomatie.
B.M