CHICHA : Le défi de l’interdiction !

Le gouvernement a donné six mois aux importateurs, distributeurs et consommateurs de la chicha à se conformer à l’arrêté ministériel qui interdit la commercialisation et la consommation de la ‘’chicha’’ au Mali. L’annonce a été faite lundi 15 août 2022 à travers un arrêté interministériel.

Selon les autorités, l’arrêté interministériel n°2022 du 15 août 2022, portant interdiction de l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la Chicha ou tout autre appareil similaire sur l’étendue du territoire est la suite logique d’un combat que les autorités mènent contre une « toxicomanie banalisée ». C’est suite à plusieurs investigations et des certificats d’analyse du Laboratoire national de la santé que l’Office central de lutte contre les stupéfiants (OCS) a conclu que la chicha permet de « dissimuler la consommation de plusieurs drogues dont le cannabis » et des médicaments détournés de leur usage.

Ils sont nombreux à Bamako, ceux qui pensent que cette décision doit être suivie d’actes concrets de la part des autorités. Une position soutenue par Dr Mamadou Guissé, enseignant-chercheur à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako. Il affirme qu’il faut d’autres mesures plus contraignantes pour empêcher la consommation de la Chicha. Pour lui, les mesures déjà annoncées par le Gouvernement contre les contrevenants à la décision ne sont pas dissuasives.

A compter de 15 février 2023, l’interdiction sera effective. Et pour assurer le respect de cette réglementation, les autorités comptent sévir.

Toutefois, des questions se posent sur l’efficacité des mesures qui seront prises notamment pour les consommations dans un cadre privé. Et les revendeurs de chicha ne comptent pas non plus se laisser faire. Ils ont le 14 octobre 2022 déposé une plainte contre l’arrêté interministériel demandant un sursis à la décision avant le jugement de fond, mais la Cour suprême a rejeté la requête le 26 janvier dernier.

Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé de 2021, plus de 100 millions de personnes consommeraient quotidiennement la chicha à travers le monde, principalement en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. Néanmoins, ce chiffre a certainement augmenté depuis, tant cette façon de consommer du tabac attire des nouveaux publics, principalement chez les jeunes (15-20 ans) où elle jouit d’un effet de mode. Pour l’OMS, “le tabagisme par pipe à eau est probablement associé à des cancers de la bouche, de l’œsophage et des poumons, et potentiellement à ceux de l’estomac et de la vessie.”

 Le Point