BROUILLES ENTRE LA FRANCE ET DES PAYS AFRICAINS :Paris souffle le chaud et le froid!
1 février 2023
La France, ex-puissance coloniale, se bat depuis des mois au Burkina Faso. Plusieurs manifestations ont eu lieu à Ouagadougou vendredi dernier, réclamant le retrait de la France du pays, qui compte environ 400 forces spéciales françaises, comme dans d’autres pays de la région sahélienne où elle s’est engagée militairement dans la lutte anti-djihadiste, une sorte de lutte gouvernementale à distance, surtout dans toute la région du Sahel, la force Serval puis la force Barkhane françaises étaient en quelque sorte dans une situation d’extraterritorialité au-dessus des États et des armées nationales.
Au nombre de ceux-là, la transition burkinabè dont les relations ne sont plus au beau fixe avec Paris. Cela a commencé par la suspension de la « radio mondiale », Radio France Internationale (RFI), pour se poursuivre avec la demande de départ de l’ambassadeur français en poste à Ouagadougou, Luc Hallade, et plus récemment, la dénonciation, par Ouagadougou, de l’accord militaire « qui permet aux forces françaises d’être présentes au Burkina Faso ».
En clair, le Burkina Faso a officiellement demandé le départ des troupes françaises basées dans le pays. Et ces dernières ont un mois pour le faire, à compter de la date de la demande qui court depuis le 18 janvier dernier, aux termes de l’accord signé entre les deux pays.
Même si Ouagadougou affirme qu’«il ne s’agit pas de la fin des relations diplomatiques entre le Burkina et la France », ce sont autant de signes d’une profonde détérioration des relations sur fond de volonté affichée des autorités intérimaires burkinabè de diversifier leurs partenaires. Ce que Paris ne voit pas forcément d’un bon œil.
En un mot comme en mille, c’est actuellement le froid diplomatique entre Ouagadougou et Paris et rien n’augure d’un retournement de situation dans de brefs délais. Au contraire, Paris a sans doute à craindre que le pays des Hommes intègres se soit résolument engagé dans le sillage de son voisin malien qui a déjà rompu les ponts avec l’ex-puissance coloniale dans les conditions que l’on sait.
Toutefois, la montée en flèche du sentiment anti-français dans certains pays de ce qui était considéré comme son pré-carré dans un passé pas si lointain, ne peut laisser Paris indifférente. La France va-t-elle alors changer son fusil d’épaule ?
La question est d’autant plus fondée que tout porte à croire que toute sa difficulté aujourd’hui, c’est qu’elle a semblé dormir pendant tout ce temps sur des accords qu’elle croyait peut-être acquis à jamais, mais qui ne sont pas loin d’être remis en cause de nos jours quand certains Africains n’appellent pas tout simplement à leur dénonciation comme c’est le cas avec le Burkina Faso.
C’est dire toute la peine que l’ex-puissance coloniale éprouve aujourd’hui encore à s’adapter à la nouvelle donne d’une Afrique manifestement ouverte à tous les vents de la mondialisation. Une situation qui a sonné le réveil de bien des consciences, surtout au sein d’une jeunesse et d’une société civile africaine résolument décidée à jouer un rôle de vigile, et à ne plus se laisser conter fleurette par des dirigeants désormais tenus à l’œil dans leurs rapports avec les puissances étrangères.
Le Point