Antonio Guterres :« La crise sahélienne est une menace pour nous tous »
30 octobre 2020Au même moment qu’un haut Responsable de l’UA (Union Africaine) prône le dialogue avec les djihadistes, le Secrétaire Général de l’ONU estime qu’« il y aura des groupes avec lesquels on pourra parler et qui auront intérêt à s’engager dans ce dialogue ».
Face à une situation sécuritaire et humanitaire qui ne cesse de se dégrader au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les Nations unies espèrent mobiliser 2,4 milliards de dollars (quelque 2 milliards d’euros) lors de la table ronde ministérielle organisée par vidéoconférence, mardi 20 octobre. Plus de 13 millions de personnes ont besoin d’aide d’urgence. L’insécurité provoque des déplacements massifs de population à la frontière des trois pays.
Le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, invite la Communauté internationale à prendre la mesure de la menace terroriste en Afrique et à faire preuve de plus de solidarité envers les populations d’une région où les indicateurs de développement humain sont les plus mauvais du monde.
« On ne peut pas dire que la crise soit hors de contrôle, mais nous sommes dans une situation dramatique et qui s’aggrave chaque jour. Pour décrire ce type de situation, les Anglo-Saxons parlent de Perfect Storm, de « tempête parfaite ». Cela décrit bien la combinaison d’événements à l’œuvre aujourd’hui dans la région», a jugé le patron de l’ONU.
Pour Antonio Guterres, «le dispositif sécuritaire en place n’est pas suffisant : nous avons la MINUSMA au Mali, qui est une force de maintien de la paix, mais il n’y a pas de paix à maintenir et il est évident que les limites imposées à son action ne permettent pas un combat efficace contre les menaces terroristes. ». Avant de poursuivre : «il y a Barkhane aussi et je rends hommage au travail exceptionnel des forces françaises, mais ses possibilités sont aussi limitées face à l’étendue du territoire à contrôler. Enfin, il y a le G5 Sahel. Je considère qu’il y a un péché originel dans la création de cette force régionale. Je me suis battu, et j’ai perdu cette bataille, pour que le G5 Sahel puisse être construit comme une force africaine d’imposition de la paix et de lutte antiterroriste, basée sur un mandat clair, sous le Chapitre VII de la charte des Nations unies, donné par le Conseil de sécurité et financée par des contributions obligatoires».
Paul N’GUESSAN