AIDE A LA PRESSE : Ce que Choguel et le ministre Toureh n’ont pas dit !

Le jeudi 2 Juin 2022, s’est tenu à la maison de la presse de Bamako, une importante conférence de presse animée par le président de la maison de la presse, Bandiougou Dante, qui s’est résolu d’éclairer la lanterne des journalistes suite à la sortie, le 16 mai dernier, du ministre de la communication qui affirmait lors de l’émission Malikoura Tasira que de 2018 à 2022 que le gouvernement du Mali a octroyé 606 millions de FCFFA au titre de subvention à la presse.(Aide à la presse). Ces propos seront soutenus par le Premier ministre, Choguel Kokala Maiga, quand il rencontrait, au cours d’une audience le 23 mai dernier le bureau de l’Association des éditeurs de presse privée(ASSEP)

Le président de la Maison de la Presse Bandiougou DANTE fera un exposé de près de 45 minutes pour expliquer aux journalistes sortis nombreux la situation. Dans son exposé, il a commencé par rappeler que c’est lors de la conférence nationale de 1991 que l’idée d’instaurer une aide à la presse est née. L’on apprend également dans cet exposé que de 1996 à 2017, l’aide à la presse était de deux cent (200) millions et que jusqu’à l’an 2016, cette aide était totalement logée à la Présidence de la république ; à partir de cette date, on a logé 90 millions à la Présidence et 90 millions au Ministère de la Communication.
L’on est en droit de se dire qu’à un moment donné, le budget de la présidence s’est avéré insuffisant ou alors que la présidence de la république à cette époque avait jugé nécessaire d’impliquer le département ministériel qui chapote la presse. Mais en réalité, c’est la première hypothèse qui semble s’approcher de la vérité parce que, le président de la Maison de la Presse nous apprendra que depuis 2018, la Présidence de la République censée verser 90 millions d’aide à la presse n’a rien donné à contrario du Ministère de la Communication qui a régulièrement versé de l’argent à la maison de la presse même si ça n’a pas toujours été ce qui était prévu. En 2018 par exemple, dit-il, le département en charge de la communication va verser soixante-onze millions deux cent cinquante mille francs ; en 2019, le ministère versera les 90 millions. Conscient des difficultés que traversaient la presse malienne, le comité de pilotage de la Maison de la Presse va solliciter et obtenir auprès du Premier Ministre de l’époque, Dr Boubou CISSE un appui de la primature qui débloquera à travers le Ministère de la Communication une somme de 200 millions ; donc, en 2019, le montant global de l’aide à la presse était de 290 millions. C’est donc sur cette base que le Ministère de la Communication va convoquer la commission chargée de la distribution de l’aide aux différents organes de presse qui va greffer à cette somme les 71 millions versés en 2018. Ce qui portera la somme totale à 361.250.000 FCFA qui seront équitablement répartis entre les radios et la presse écrite, précise Danté. La Maison de la Presse bénéficiera également de l’argent pour son fonctionnement.
A partir de ce moment, les patrons de la presse sont persuadés que tout va rentrer dans l’ordre et que désormais, ils recevront leurs aides comme il se doit ; sauf que, regrette-t-il, le Ministère de la Communication va verser en 2020 seulement 55 millions sur les 90 millions de FCFA prévus, et comme les précédentes années, la Présidence de la république, pour sa part, n’a rien versé comme les années précédentes.’’ Il apparaît donc évident que le partage ne pouvait pas s’effecteur’’, explique le président Bandiougou. C’est donc confiant que le nouveau Comité de Pilotage installé en Janvier 2021 prendra les commandes pensant pouvant apporter rapidement des solutions concrètes à la situation de la presse malienne. Et comme par le passé, le Ministère de la Communication fera des efforts pour remplir sa part du contrat puisqu’il fera deux versements qui font au total cent trente six millions cent dix-huit mille quatre cent francs pour l’année 2021 qui, il faut le dire n’ont pas encore été partagés tout simplement parce qu’insuffisant. Voilà en substance ce qu’il faut retenir des 606 millions dont parlent le ministre de la Communication et le Premier ministre
La mauvaise foi du ministre Toureh!
Ce qu’il faut retenir, c’est que les montants évoqués par le ministre sont exacts Sauf que, le ministre Toureh devrait avoir l’honnêteté de dire pourquoi la presse n’a pas reçu l’aide à la presse depuis 2020. Le ministre Toureh le sait bien d’autant plus que, c’est le département de la communication qui assure depuis belle lurette la présidence de la commission de répartition de l’Aide à la presse. Si pendant tout ce temps, la fameuse commission n’a pas siégé pour repartir l’Aide à la presse, ça veut dire tout simplement ce que ça veut dire. Nous pensons que le ministre Toureh aurait pu être complet dans son intervention s’il donnait des explications détaillées des montants débloqués de 2018 à nos jours par la Primature, la Présidence de la République et bien sûr son département. Pour ceux qui ne le savent pas, l’Aide à la presse provient de ces trois structures. Chacun donnant une part et c’est ce qui constitue en fait l’Aide à la presse. S’il arrive donc qu’une de ces structures ne libère pas sa part, il aurait forcement blocage. Et c’est le cas actuellement. En effet, Excepté le ministère de la communication et la Primature sous Boubou Cissé, la présidence de la République n’a versé aucun centime comme part de 2018 à nos jours. D’où le blocage auquel on assiste actuellement. L’Aide à la presse en l’état actuel ne saurait donc être partagée tout simplement parce que l’argent est insuffisant pour faire simple. Et ça fait au total 191.341.950 de FCFA débloqués par le seul département du ministère de la communication de 2020 à 2021. Imaginez un seul instant s’il faut partager ce montant entre les radios (environ 400), les journaux (plus de 200) ; la maison de la presse, l’ORTM, l’AMAP. Mais soyons sérieux ! Pendant que l’aide à la presse dans certains pays de la sous-région dépasse le milliard de FCFA chaque année. Au Mali, on jubile d’avoir donné 600 millions de FCFA à la presse en quatre ans. Que c’est pitoyable !

Quelles sont les réelles motivations du ministre de la Communication et du Premier Ministre ?
C’est la question que la plupart des journalistes se posent à l’heure actuelle. Ça aurait peut-être été mieux pour le ministre Touré et Choguel de dire que le budget est pour le moment insuffisant pour résoudre ce problème ; ou alors faire comme l’ancien Premier ministre Boubou Cissé qui a débloqué les sous bien avant la chute de feu IBK au titre de l’Aide à la presse. Mais Choguel Kokalla MAIGA joue dans la manipulation et surtout on a l’impression que son ambition sur ce sujet était de diviser la presse comme il a déjà fait avec la classe politique. C’est le moins que l’on puisse dire. Comment comprendre alors cette agitation de l’homme alors que la primature qu’il dirige n’a versé aucun centime au titre de l’Aide à la presse depuis son arrivée. Moctar Ouane, alors Premier ministre non plus ! Cela, Choguel le sait pertinemment. Par honnêteté, on aurait dû dire la réalité des choses à défaut de régler le problème.
Cette situation, faut-il le dire, ne va pas arranger l’image du Premier ministre du gouvernement de rectification qui est déjà mal en point.

Le Point