AFFAIRE DES 49 MILITAIRES IVOIRIENS ARRETES :Pourquoi Bamako demande une médiation ?

AFFAIRE DES 49 MILITAIRES IVOIRIENS ARRETES :Pourquoi Bamako demande une médiation ?

25 juillet 2022 0 Par Mali Scoop

Sollicité une première fois, début mai, pour jouer les facilitateurs entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Mali alors sous embargo de l’institution sous-régionale, le chef de l’Etat togolais vient à nouveau d’être invité par les autorités maliennes, à jouer les médiateurs entre Bamako et Abidjan dans l’affaire des 49 militaires ivoiriens, qui pollue les relations entre les deux capitales.

Les quarante-neuf soldats ivoiriens arrêtés le 10 juillet dernier à l’aéroport international de Bamako, sont en détention préventive en attendant d’être jugés. Ainsi en ont décidé les autorités de la transition malienne pour qui ces militaires ne sont ni plus ni moins que des « mercenaires ». Ce, malgré les explications d’Abidjan qui parle d’«une incompréhension malheureuse » ; assurant, la main sur le cœur, qu’il s’agit de soldats de l’armée régulière partis assurer la relève d’un contingent de sécurisation de sites de la Minusma (Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation du Mali).

A en croire Abidjan, la forme a été mise pour l’arrivée de ces soldats en terre malienne. Que s’est-il donc passé pour que les choses dérapent et virent à l’incident plus que diplomatique, Bamako allant même jusqu’à affirmer que l’objectif des soldats ivoiriens était de « briser la dynamique de la Refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que le retour à l’ordre constitutionnel » ? De graves accusations qui ne vont certainement pas améliorer des relations déjà froides entre les deux pays.

Car, le Mali et la Côte d’Ivoire qui sont liés par l’histoire et la géographie, ont plus à perdre qu’à gagner dans une situation de conflit au sommet entre les deux Etats. Car, au-delà des relations économiques et des échanges bilatéraux, les deux pays comptent respectivement une diaspora importante des deux côtés de la frontière commune. C’est pourquoi l’on peut se réjouir de cette initiative d’appel à une médiation, qui pourrait traduire une volonté de jouer balle à terre.

L’on veut bien croire à la thèse du complot contre Bamako, mais il est quand même fort de café qu’un commando déstabilisateur d’une cinquantaine de soldats, censé venir renverser un régime militaire, puisse se présenter aussi allègrement avec armes et bagages à l’aéroport de Bamako pour jouer les Rambo. C’est dire si au-delà des déclarations officielles, il y a des raisons de croire que cette affaire comporte aussi des non-dits. Quels peuvent-ils en être ?

Là est la véritable question qui en appelle aussi d’autres. Abidjan nourrit-elle de véritables intentions malveillantes envers les autorités intérimaires de Bamako au point de vouloir manœuvrer pour leur chute ? Bamako joue-t-elle à fond la carte de la victimisation, ou encore celle de l’intox à l’effet de tenir Abidjan par la barbichette dans cette transition qui ressemble à une partie de poker-menteur qui est loin d’avoir retournée toutes ses cartes ?

Bien malin qui saurait répondre à ces questions. Toujours est-il que si les relations entre Abidjan et Bamako avaient été saines, c’est une affaire qui aurait pu se régler dans le secret de la voie diplomatique, si tant est qu’il s’agisse seulement de dysfonctionnements administratifs ou d’un manque de communication entre partenaires.

Tout comme Bamako aurait pu tout simplement renvoyer les soldats ivoiriens à Abidjan, comme elle avait contraint le contingent danois de la force européenne Takuba à rentrer à la maison, pour ce qui passait à ses yeux comme une atteinte à sa souveraineté et un vice de procédure. Mais en procédant à ces accusations frontales qui ne peuvent qu’envenimer les relations entre les deux pays, et en choisissant la voie judiciaire pour régler le différend, l’on peut se demander si les autorités de Bamako ne cherchent pas à faire de ces soldats ivoiriens, une prise précieuse contre Abidjan.

Car, il ne faut pas oublier la position du président ADO au sein des instances de la CEDEAO, mais également l’affaire Karim Kéita, du nom de ce fils de l’ex-président IBK, réfugié en Côte d’Ivoire depuis la chute de son père dans les conditions que l’on sait, et qui semble bénéficier de la bienveillance et de la protection du locataire du palais du Plateau, au grand dam des autorités de Bamako qui ont délivré un mandat d’arrêt international contre lui.

Le Point