Sanctions de la CEDEAO contre le Mali : La France aussi perdante !

Dans l’esprit du commun des mortels, l’embargo contre le Mali ne pénalise que les populations et l’économie du pays. En réalité, avec l’interdépendance économique, les victimes collatérales sont nombreuses et certaines en paient plus que le pays qui est visé.

L’arrogance de ceux qui se croient grands est de commettre des erreurs qui peuvent conduire leur destruction. « Le lion et le moucheron » de Jean de la Fontaine est une illustration de cette pensée. Les occidentaux, aujourd’hui ne savent plus comment se donner une crédibilité aux yeux des africains en particulier les Maliens. Leur erreur ou plutôt leur mensonge dans la lutte contre le terrorisme a  engendré des conséquences qui sont en train de mettre fin à leur crédibilité au sahel. Déjà des pays de l’Afrique de l’ouest commence à les échapper et il n’est pas exclu que d’autres pays emboitent le pas.

Avec l’embargo contre le Mali, beaucoup de pays ont tenté d’appliquer la stratégie de la fermeté et de la grandeur. Ils veulent donner un exemple de fermeté à tous les autres pays qui tenteront de suivre l’exemple malien. En réalité, ces pays, en agissant ainsi tentent de conserver leurs intérêts surtout économique, en particulier les pays occidentaux qui sont dans le Sahel. Au départ, la crainte des Maliens est de voir qu’ils ont été abandonnés par leurs amis. Mais le jeu  n’a pas duré longtemps. Le Mali ne sera pas le seul perdant dans ce jeu de couteau à double tranchant. Parmi les premières victimes, les populations de certains pays voisins. Les effets directs de cet embargo les poussent à montrer leur mécontentement de façon plus claire et rude. Au sommet de leurs Etats, certains présidents commencent à craindre pour leur fauteuil qui semble désormais menacé. Roc Kaboré est tombé et rien ne garantit que d’autres ne le suivront pas. Le Mali est devenu la marmite dont l’ébullition provoque la chaleur dans le voisinage. Pour paraphraser un leader religieux malien, ceux qui se sont réunis hier contre le Mali risqueront de ne plus présider aux destinées de leurs pays.

De tous les pays outre atlantique affectés par les conséquences de cet embargo, la France est le plus touché. « Pays sans ressources économiques véritables, qui profitent de ces populations et des ces anciennes colonies d’Afrique pour exister, la France paie les frais de l’embargo au Mali même la propagande qui veut à tout prix démontrer le contraire » dans certains medias africains. Selon la propagande française, l’appui budgétaire de la France et les financements de l’Agence française de développement (AFD) s’élèvent à cent trente milliards de francs CFA (130 000 000 000FCFA) par an. Un chiffre qui reste à vérifier compte tenu de la rareté des ressources économique de la France et les mécanismes de financement complexe et ambiguë. En fait, si une évaluation réelle est faite, le vrai financement annuel ne vaut pas la moitié de cette somme. Le revenu de la France au Mali est plus élevé qu’on ne peut l’imaginer. La France, on le sait se fait de l’argent dans ses anciennes colonies, en particulier le Mali. Par exemple, dans le seul secteur du transport avec la compagnie AIR France, la France réalise une prouesse économique extraordinaire. Selon certains économistes, si par jour cette compagnie effectue deux (2) vols, c’est-à-dire, l’aller-retour et qu’elle transporte 400 personnes ; en considérant que le prix moyen du billet d’avion est à 450 000 FCFA, la perte mensuelle serait de dix milliards de francs CFA (10 800 000 000) FCFA. Multipliez cette somme par douze(12) mois de l’année. Voilà les raisons de la reprise des vols Paris-Bamako-Paris. Il y a d’autres secteurs plus lucratifs comme ses sociétés de carburants et d’autres secteurs avantageux. La France perd économiquement et se fragilise davantage. D’où sa  panique de ces derniers temps à ne pas perdre d’autres pays dans la région. Elle est en mauvaise posture et sa descente aux enfers devient de plus en plus évidente.

Boncane Maïga