Attaques meurtrières à Bandiagara : Faut-il encore espérer grand-chose de la transition ?

Attaques meurtrières à Bandiagara : Faut-il encore espérer grand-chose de la transition ?

16 décembre 2021 0 Par Mali Scoop

La situation va de mal en pire. L’insécurité devient encore plus préoccupante qu’auparavant. Les nouvelles stratégies de guerre des terroristes se développent et les communautés n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.
A l’allure des massacres avec ces techniques des pseudos terroristes, les populations du centre du pays risquent d’être totalement décimées. « Mêmes les animaux en pleine sècheresse aigue ou pendant la maladie de la peste n’ont pas connu un tel malheur », affirmait sur les réseaux sociaux une partie de la population de Bandiagara. Les lecteurs comprennent les excuses en amont d’une telle affirmation. Mais compte tenu de la situation désastreuse dans le centre pays, les populations ont laissé parler leur cœur en signe de détresse et de désespoir. Depuis le début de la crise à nos jours, nul ne peut dénombrer le nombre exact de morts ou de porter disparus. Pour certains chercheurs, c’est surtout la réponse et la solution apportées par le gouvernement qui favorise la recrudescence de ces massacres. La vie des populations de cette partie du pays ne tient que sur un fil en laine. Leur vie peut basculer dans l’horreur à tout moment. Dans ce cynique exercice, ce qui s’est passé la semaine dernière est plus craintive compte tenu de la méthode employée par les terroristes. Une méthode digne de la seconde guerre mondiale lorsque la fournaise s’était déchainée contre les alliés. Un camion de transport en commun a été attaqué sur la route de songho à 1km de la RN15 et 10km en allant vers Bandiagara. De sources officielles, il a été attaqué par les terroristes qui ont assassiné d’abord le chauffeur avant de fermer le véhicule et d’y mettre le feu avec ses passagers à l’intérieur. Le bilan est de 33 personnes mortes de manière atroce et inhumaine, des femmes avec leur bébé, des femmes enceintes, des jeunes et des vieux tous calcinés dans le bus. Quelques rares personnes ont pu s’échapper avec des brûlures monstrueuses. Les corps calcinés ont été inhumés sur place par les secours de la Direction Régionale de la Protection Civile de Mopti en présence du Maire de la Commune rurale de Songho.
Le gouvernement, dans un communiqué rendu public a présenté ses condoléances aux familles endeuillés et rassure les populations que toutes les mesures seront prises pour arrêter et punir les auteurs de cet acte ignoble et tragique. Pour les familles endeuillées, cette promesse sera tenue dans combien de temps et combien de fois des gens ont été massacrés sans que les auteurs ne soient punis. Une expression qui ne soulage guère des cœurs brisés et des âmes orphelines. Ce qui est difficilement compréhensible est que le gouvernement n’est pas un parti politique ou un particulier, il appartient à de tous les Maliens et de ce fait, il a le devoir de les protéger comme ils se doivent. Mais si tout s’arrête à des simples communiqués, les terroristes vont continuer à ôter la vie des humains comme des oiseaux. Le parti, FARE- AN KA WULI par sympathie a lui aussi condamné l’attaque et demande aux autorités nationales, civiles et militaires, de prendre urgemment toutes les dispositions qui s’imposent pour assurer aux populations maliennes la sécurité et la protection dont elles ont besoin et auxquelles elles ont droit, partout où elles se trouvent. Avec ce chagrin, les Maliens disent sans détours que « condamner n’est pas suffisant, mais il faut agir avec énergie et à la hauteur du mal commis».
Face à ce drame, deux choses ont choqué l’opinion nationale, internationale et les proches des victimes. D’abord, les images effroyables dont certaines n’ont pas pu être publiées par respect pour les proches des victimes. Ensuite, la réponse apportée par les autorités de la transition. Leur réaction n’a été pas à la hauteur du mal commis par les terroristes et les alliés. Les communautés de la localité et les ressortissants du centre s’indignent de ces ignobles massacres. Ils exigent l’arrêt immédiat de ces atrocités et affirment que les militaires doivent s’assumer en sécurisant les « paisibles et innocents citoyens ».
Où est le changement annoncé et entamé par les autorités de la transition ? C’est la question la plus répandue sur les lèvres ces derniers jours un peu partout dans le pays. « Ce qui se passe actuellement est extrêmement grave et il faut clairement identifiés les acteurs ». Tous ces massacres ne peuvent être commis sans que les auteurs et les complices ne soient identifiés et connus. « Il est temps de sortir des spéculations pour situer les responsables ? » disent les familles des victimes. Les avions, les matériels et les multiples missions en cours n’ont-ils pas eu les résultats escomptés ?
Pour certains jeunes de la région de Bandiagara, ces fameuses missions ne sont que des montages de toutes pièces pour endormir et tranquilliser les populations alors qu’en réalité, il n’en est rien.
« Les autorités de la transition sont maintenant face à la réalité qui les attend au lieu de passer le plus clair du temps dans l’imagination et la machination ». Les résultats sur le plan sécuritaire sont loin d’être satisfaisants. Par exemple, dans la même semaine ou a eu lieu le massacre de Songho, du centre au nord, d’autres villages dans le cercle d’Ansongo ont été vidés de leurs populations. Des centaines de personnes ont, soit perdu la vie, soit leurs moyens d’existence. De là, l’on comprend toute la nécessité pour les autorités de la transition à répondre à plusieurs questions brulantes. Parmi celles-ci : à quoi servent les avions achetés? A quoi servent les forces étrangères qui opèrent dans le pays et qui encombrent les Famas dans leurs opérations ? A quoi faut-il s’attendre dans les prochains jours? Les gens ont encore à l’esprit le rêve de voir un jour Wagner foulé le sol malien. Il peut ne pas être la solution mais son nom suffit pour donner une assurance d’une part et de l’insomnie d’autre part.
L’homme devient une marchandise vendue aux enchères
Les terroristes font le jeu du commerce traditionnel : le troc. Il y a moins d’un mois, des dogons ont été sortis de leurs bus qui partaient dont 2 quittaient Bankass pour Bamako ( Ogo Yara transport et Air Bankass) et le 3ème jour Ogo Yara transport quittait Bamako pour Bankass. Ces trois cars ont vidés de leurs passagers, tous les hommes ont été conduits à une destination inconnue. Quant aux femmes et les enfants, ils ont été libérés. Les ravisseurs ont demandé une rançon de 12 millions qui a été payé. Une véritable vente aux enchères. Ils exigent le retour des peuls déplacés dans leurs localités. Certes, les avis divergent quant à la nature de l’échange : certains pensent que ce rançon est payé pour la libération des hommes alors que d’autres pensent c’est pout libérer les bus. Mais quoi qu’il en soit l’homme est au centre de ce jeu des enchères terribles et inquiétantes.
Dans ce marchandage d’un autre commerce, les autorités de la transition restent en marge malgré la situation gravissime. Désormais l’une des nouvelles méthodes employées par les terroristes est la vente aux enchères. Que feront les autorités de la transition pour assurer davantage les populations ?
B.M