COUP D’ÉTAT AU MALI : ‘‘Pourquoi je ne condamne pas la junte’’ !

COUP D’ÉTAT AU MALI : ‘‘Pourquoi je ne condamne pas la junte’’ !

11 juin 2021 0 Par Mali Scoop

Au Tchad, le Conseil militaire de transition (CMT), la junte au pouvoir, est constitué de 15 Généraux quasiment analphabètes et presque tous membres de l’ethnie d’Idriss Deby, les zaghawa. Son Président, Mahamat Idriss Deby, lui-même général de 37 ans, a été adoubé par Emmanuel Macron aux toutes premières heures de sa prise de pouvoir. La junte occupe les postes clés (Défense, Sécurité intérieure, Affaires étrangères,…) dans le nouveau Gouvernement. La tutelle française lui garantit tranquillité et impunité.

Au Mali, le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) qui a renversé IBK en août dernier est constitué de jeunes officiers brillants, bien éduqués et formés dans des écoles et instituts de référence et avec un sens élevé du patriotisme qui rappelle un peu du look Thomas Sankara des années 1980.
Assimi Goïta, leur chef, formé en Russie, parle couramment français et russe. Leur autonomie de réflexion et de prise de décisions était assez claire dès le début. A ceux-là, il ne fallait bien évidemment pas laisser la direction d’un pays clé du pré-carré français.
Sous embargo économique et financier de la CEDEAO, il leur a été imposé de partager le pouvoir avec des civils. A l’occasion du remaniement ministériel, ils perdent les ministères régaliens de la défense nationale et de la sécurité intérieure.
Dans le même temps, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union Africain achevait une mission d’évaluation au Tchad à l’issue de laquelle aucune sanction n’a bien été prise contre la junte qui conserve les pleins pouvoirs.
Au Tchad, une junte analphabète sous contrôle français et de ses vassaux africains. Au Mali, une junte instruite, patriote, autonome, populaire et indépendante qui revendique elle aussi la même tranquillité mais que la France et ses vassaux de la CEDEAO et de l’UA veulent maintenir la tête sous l’eau.
C’est dans les errements de la haute diplomatie française qui place et déplace ses pions en Afrique au gré de ses intérêts et avec la complicité de nos Dirigeants, qu’il faut trouver l’explication de ce qui se passe depuis le 14 mai dernier au Mali. Raison pour laquelle je refuse de condamner les militaires maliens.
Paul Yapi N’GUESSAN