Bras de fer UNTM-Gouvernement de transition : Une grève largement suivie mais …

Bras de fer UNTM-Gouvernement de transition : Une grève largement suivie mais …

24 décembre 2020 0 Par Mali Scoop

Dans le cadre de sa mission régalienne d’œuvrer inlassablement à la défense, à la protection et à l’amélioration progressive des conditions de vie et de travail de ses militants, la puissante centrale syndicale des travailleurs maliens a déclenché une grève de cinq jours, courant semaine dernière. Mouvement suivi d’effets sur toute l’étendue du territoire national. Selon le constat qui s’y dégage, sur le terrain, dans tous les secteurs ou presque de l’Administration et des Banques et établissements financiers, les activités ont été paralysées. Plus préoccupant’est le retrait fracassant, en début de semaine dernière, de la Délégation de l’UNTM des négociations entamées entre le Gouvernement et ladite Centrale syndicale suite à des propos lancés par le Président de la Transition, Bah N’Daw, à l’encontre des syndicalistes depuis Abidjan, devant un parterre de compatriotes mobilisés pour prendre connaissance sur l’état du pays et le processus de sortie de crise en cours. Des propos jugés méprisants selon les syndicalistes qui ont tout simplement choisi de quitter, en début de semaine dernière, la table des négociations.

Naturellement, la fonction essentielle d’un mouvement syndical est d’assurer légalement la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs. Cela, à travers des actions militantes concrètes, des revendications, des grèves, des journées de débrayage, des déclarations, avis et préavis de grèves et des manifestations pacifiques.
C’est dans cette optique que l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) a lancé un mot d’ordre de grève de cinq jours pleins, à compter du lundi 14 jusqu’au vendredi 18 décembre 2020, à 00Heures, dans tout le pays. Mouvement largement suivi par ses partisans issus de toutes les sections affiliées.
Certes, ce fut là une grève largement suivie par les adhérents de l’UNTM. Mais, cependant, pour le Président de la Transition, Bah N’Daw, et les proches de la junte dont un Kaou Djim de la CMAS, cette grève ne serait pas la bienvenue. Elle était à renoncer puisque, selon un proche du Gouvernement, nous citons : « ni le moment ni le contexte le permet ; car, pour qui connait la situation du Mali (une transition qui peine à démarrer convenablement, l’insécurité grandissante, Covid-19 et ses impacts économiques et financiers etc.), une union sacrée doit être faite autour de l’essentiel qui est le Mali devant être au-dessus de tout ».
En tout état de cause, l’UNTM exige dans ses revendications: «l’harmonisation des indices de salaires dans la Fonction publique, des primes et des indemnités ou encore le sort des travailleurs compressés (des salariés des entreprises d’État nationalisées), l’emploi massif des jeunes… ». Un combat qui devait être déclenché depuis bien avant cette période transitoire qui s’annonce très compliquée vu la détermination des putschistes à se maintenir à tout prix au pouvoir. Ce, en ce sens que l’inégalité contre laquelle se dresse aujourd’hui Yakouba Katilé et ses Lieutenants ne date pas de nos jours. C’est un cas d’injustice érigé en système au vu et au su des Responsables de toutes les sections et centrales syndicales des travailleurs de ce pays. Mais, puisqu’à chaque Régime les Syndicalistes les plus influents avaient tous leur part du gâteau, le mal était resté jusque-là inaperçu et sans inconvénients dans la vie des travailleurs.
Ainsi, pour certains observateurs, c’est juste pour avoir été quasiment et politiquement exclue de tous les organes de gestion de la Transition en vigueur que les ténors de l’UNTM ont tenu à rompre le silence en tirant par les cheveux la présente plate revendicative dont nulle ne saurait nier pratiquement la légitimité et la véracité.
En tout cas, avant cette critique période transitoire, il n’y avait pas dans la Fonction publique malienne d’harmonie concernant les indices de salaires, les primes et les indemnités. De ce fait, à l’issue de ces 18 mois, le Gouvernement de Transition en place ne semble pas en mesure de résoudre pour de bon cette question. A la rigueur, c’est le dossier des travailleurs compressés, vieux de plusieurs dizaines d’années, qui peut être sorti des tiroirs et passé au crible puis retenu au sein des grandes recommandations à l’adresse du Régime devant être démocratiquement installé en 2021.
Côté des Dirigeants de la Transition, on se demande même de savoir pourquoi les Syndicalistes de l’UNTM n’ont pas réclamé tous ces Droits des travailleurs en temps normal de la vie de la Nation. C’est-à-dire, avec les précédents Régimes qui se sont normalement succédés à la tête du pays, mais, sous cette Transition. « Je ne comprends pas, depuis des années ce problème existe ; mais, l’UNTM ne l’a jamais soulevé sauf pendant cette transition », s’est interrogé virulemment un Membre de la junte. Selon un autre Responsable de la Transition, récemment, sous le Régime d’IBK : «les médecins les magistrats les DFM, les Préfets étaient tous en grèves tout le temps, souvent même des grèves illimitées ; mais Katilé et compagnies s’étaient toujours désolidarisés, puisqu’ils étaient favorisés par le pouvoir en place sur le dos des travailleurs. Ce qui n’a vraisemblablement pas été le cas avec gouvernement de Transition qui a visiblement mis fin à cela ».
En outre, un autre observateur a déclaré au journal LE POINT qu’au moment où, au plan international, l’on prône la diminution de l’âge d’aller à la retraite pour favoriser les jeunes Générations de Diplômés sans emploi, au Mali, c’est cette même centrale syndicale qui exigeait sous IBK aussi le prolongement de l’âge de la retraite. De ce fait, selon notre interlocuteur, il n’y a pas de logique dans les revendications de l’UNTM, en parlant de sa demande de « recrutement massif des jeunes dans la Fonction publique et les structures de l’Etat ». Et, pour conclure, un autre militaire dira qu’«au moment où le M5-rfp multipliait les revendications pour la démission du Régime défunt les mêmes Katilé étaient à la mangeoire avec les Karim et autres. Ils ne pensaient pas aux intérêts du Peuple ou des autres travailleurs ».
Ce qui semble fondé ; à l’avis de certains confrères de la place ; car, aura écrit un Analyste de cette crise sociale dans la crise généralisée : « On a vu l’UNTM accepter le moratoire sur les revendications sociales sous IBK, chose qui signifie que si IBK était resté l’UNTM allait continuer à manger sans penser aux Maliens et à ses adhérents.
Ne faut-il pas y voir des motifs cachés ? ».
Donc, les avis sont partagés par rapport aux motifs et l’opportunité de cette grève de l’UNTM qui fut pourtant largement suivie à l’échelle nationale. Cette grève qui, en termes de recettes, risque de couter à l’Etat malien, une perte d’une dizaine de milliards de FCFA au terme des cinq jours de grèves.
Habib Diallo