LIBERATION DE SOUMAILA CISSE ET SOPHIE PETRONIN : Qui a payé la rançon ?

LIBERATION DE SOUMAILA CISSE ET SOPHIE PETRONIN : Qui a payé la rançon ?

20 octobre 2020 0 Par Mali Scoop

Après la libération de Soumaïla Cissé, de deux Italiens et de Sophie Pétronin, de nombreuses questions se posent. Qui a payé la rançon dont on dit qu’elle varie entre 20 et 30 millions d’euros?

Quel a été le rôle joué par la France dans les négociations qui ont abouti à la libération de sa ressortissante restée près de quatre ans entre les mains des terroristes au Sahel ? A ces questions, la réponse des autorités françaises a été, on ne peut plus claire. « La France n’a pas négocié la libération de Sophie Pétronin, ni versé de rançon », a déclaré le chef du gouvernement français, Jean Castex, qui précise au passage que les négociations engagées par Bamako avec les terroristes, avaient pour objectif de libérer le chef de file de l’opposition politique, Soumaïla Cissé.

En tout cas, pour l’instant, les circonstances de cette libération d’otages restent encore floues. Faut-il croire aux autorités françaises qui disent n’avoir pas versé de rançon aux djihadistes ? La question reste posée, surtout quand on sait que le montant indiqué n’est pas à la portée d’un pays indigent comme le Mali qui, faut-il le rappeler, avait naguère vu son ambassadeur éconduit à l’ONU pour non-paiement de ses cotisations. Et ce n’est pas tout.

Le Mali pouvait-il se permettre de casser la tirelire quand on sait que le pays ployait sous le coup des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et ce, au lendemain du coup de force opéré par la soldatesque contre le régime devenu trop impopulaire de Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) ?

On peut douter de la capacité du Mali à verser des dizaines de millions d’euros aux djihadistes, quand on sait que le pays traverse en ce moment une situation de crise très aigue.
Quoi qu’il en soit, les dessous de la libération de Sophie Pétronin et compagnie, seront connus dans les jours ou mois à venir. Car, comme on le sait, « tout ce qui gît dans l’obscurité aspire à venir un jour à la lumière ». Cela dit, Soumaila Cissé est certes libéré, et les Maliens en avaient vraiment besoin, on peut tout de même regretter les contreparties qui l’ont accompagnée. Il s’agit du paiement de rançon qui, d’où qu’elle vienne, n’est pas une bonne chose en soi en ce sens qu’elle contribuera, à n’en point douter, à renforcer l’arsenal de guerre de l’ennemi dont on connaît déjà la capacité de nuisance.

Passée l’euphorie des premières heures face à la liberté recouvrée par les ex-otages, l’heure est à l’analyse et aux questionnements au fur et à mesure que les dessous de cette transaction se révèlent au grand jour. En effet, si le nombre précis de djihadistes libérés contre les quatre otages, reste flou, de nombreuses sources et pas des moindres s’accordent à dire que le chiffre tourne autour des deux cents. S’il faut ajouter à cela, le joli pactole de 20 millions d’euros de rançon qu’il aurait réussi à obtenir à l’appui de la libération de ses moudjahidines, il faut croire qu’Iyad Ag Ghali partait déjà en position de force à ces négociations, pour avoir réussi à obtenir la libération d’autant de combattants contre les quatre otages libérés. Et c’est peu dire que c’est en chef de guerre encore plus fort, qu’il se présentera désormais face à nos Etats. C’est pourquoi l’on peut être amené à se demander si dans cette guerre asymétrique que nous imposent les forces du mal tout en dictant les règles du jeu sans aucun égard pour le droit international, nous tenons le bon bout. La question se pose d’autant plus aujourd’hui qu’à la lumière de cet échange déséquilibré, l’on peut se demander quel sens on donne encore à la lutte contre le terrorisme dans nos contrées, si l’on peut passer des années, très souvent au péril de sa vie, à combattre, à traquer un ennemi qui ne s’impose aucune limite ni règle d’humanisme dans la violence gratuite contre des populations sans défense, pour finalement voir des prisonniers durement constitués, être libérés à la faveur d’un vent favorable. C’est un retour à la case départ qui a de quoi interroger sur la stratégie à adopter pour ne pas se retrouver, même à son corps défendant, dans le rôle du dindon de la farce.

La Rédaction