Dr Hamadoun Bocoum , Consultant international et Président du parti Mouvement patriotique des peuples d’Afrique(MPPA) : « Il est impérieux de valoriser le secteur privé et construire des grappes financières dédiées à l’Agro business…»
30 octobre 2024Dans une interview qu’il nous a accordée, Dr Hamadoun Bocoum, président du Mouvement patriotique des peuples d’Afrique(MPPA) étale la vision de son parti. De son retour au bercail à l’élection présidentielle, en passant par l’AES, la crise énergétique que connaît notre pays. Le Consultant international propose des solutions pour un développement économique viable.
Le Point : Monsieur Bonjour. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs s’il vous plaît ?
Dr Hamadoun Bocoum : Bonjour. Je suis Hamadoun Bocoum, Consultant international de nationalité malienne. Je suis le président du parti Mouvement patriotique des peuples d’Afrique (MPPA).
Consultant international installé et exerçant en Europe depuis plus d’une trentaine d’année. Vous avez aujourd’hui décidé de rentrer au pays. Alors quelles sont les motivations derrière ce retour au bercail ?
Dr Hamadoun Bocoum : Merci. D’abord je dirai qu’avant d’aller à Genève, j’étais ici au Mali. J’ai grandi ici, travaillé ici avant d’aller à Genève. Dans le cadre de mon métier de consultant international, je suis au courant des questions de développement globalement à travers le monde et surtout du continent, des ACP du continent. Je pense que le moment est venu pour moi au regard de ce qui se passe chez nous, de mettre ma plume aussi dans les essors de développement de notre pays. En revenant au pays actuellement, j’ai quelque part dans la tête, l’idée d’aider mon pays et d’accompagner autant que faire se peut cette transition que je vois complètement positive. Je suis donc là pour contribuer au développement de mon pays. Voilà !
Est-ce la raison pour laquelle vous avez décidé de vous lancer dans la politique en créant un parti politique dénommé Mouvement patriotique des peuples d’Afrique (MPPA) ?
Dr Hamadoun Bocoum : Oui, tout à fait, depuis plus de dix ans, j’ai des collaborateurs, des amis qui ont toujours essayé de me convaincre de rentrer dans la politique. Ce n’était pas trop facile, car mon travail ne me permettait pas d’avoir un temps pour ça. Et maintenant qu’ils ont senti que je suis allégé, ils m’ont encore rapproché et j’ai finalement dit ok ! Nous avons alors créé le parti MPPA (Mouvement patriotique des peuples d’Afrique).
Quelle est la vision de votre parti ?
Dr Hamadoun Bocoum : Je dirai qu’au MPPA, nous avons en primo un caractère de souveraineté surtout économique. Nous sommes des économistes de développement et tout de suite, j’ai dit oui d’accord, créons le parti pour aider notre pays et l’Afrique. Nous avons en effet senti qu’il y a des efforts de changements de paradigme en Afrique. J’ai dit pourquoi pas.
Si ces efforts de changement de paradigme démarrent en plus dans mon pays par ces colonels là et contre toute attente. En fait, je n’ai jamais pensé que le changement de paradigme même économique, politique de mon pays allait démarrer par des militaires parce qu’on a tellement de cerveaux à l’intérieur et à l’extérieur. Quand je me suis rendu compte que c’est vraiment un changement de paradigme amorcé avec le plus grand sérieux, je dis bien ! On y va ! Accompagnons ces militaires parce que c’est déjà parti, et c’est sûr et certain qu’on est à un niveau de non retour. Mettons donc notre plume, tout ce qu’on peut pour les aider à faire avancer ce changement de paradigme.
En créant le MPPA, nous pensons évidemment que c’est pour la conquête du pouvoir. A cet effet, qu’est-ce que vous comptez proposer concrètement aux Maliens ?
Dr Hamadoun Bocoum : Je pense que nous avons décidé à notre niveau de proposer essentiellement trois choses.
Et ces trois choses se recoupent stratégiquement.
D’abord, pour nous, la première souveraineté pour un pays, une nation, c’est d’abord la souveraineté alimentaire. Je suis Agro- économiste. Quand je regarde les factures d’exportations des denrées Agro-alimentaires de notre pays, c’est ahurissant, c’est inacceptable. Vous savez, à part le Mali, il n’y aucun pays africain qui a deux grands fleuves et des zones cultivables en Afrique. Il n’y en a pas. C’est bien dommage de voir que nous sommes toujours en train d’importer certaines denrées alimentaires.
Si on vous dit que le Mali importe plus de 100 milliards de FCFA en pomme de terre. C’est grave ! Nous voulons donc y mettre fin. Notre projet est de voir en premier le Mali souverain sur le plan Agro-alimentaire. Pour atteindre cet objectif, il serait obligatoire d’inviter le secteur privé à entrer dans l’agro business, parce que l’agriculture familiale à tendance à montrer ses limites compte tenu de tout ce qui se passe. Il s’agira pour nous de faire en sorte que le privé entre dans l’agro business, qu’il fasse des productions massives de produits attendus et qu’à travers ça, nous puissions créer des industries et de l’emploi pour la jeunesse afin de réduire au maximum les candidats à l’immigration clandestine et ses nombreux morts en mer que l’on déplore ici et ailleurs.
Donc souveraineté alimentaire, industrie et emploi de la jeunesse et le troisième élément c’est de maîtriser l’énergie pour que l’on puisse promouvoir l’industrie, sans industrie y a pas de développement dans un pays et sans énergie, il n’y a pas d’industrie. C’est pour vous dire que nous nous avons trois équations à résoudre dans notre programme (souveraineté alimentaire, la promotion d’une industrie et emploi de la jeunesse et la maîtrise de l’énergie pour le développement du tissu industriel, surtout Agro-alimentaire. voilà en gros !
Vous parlez de maîtrise de l’Energie. Vous n’êtes pas sans savoir qu’actuellement le pays connait des difficultés en termes de fourniture d’électricité. Comment comptez-vous y prendre ?
Dr Hamadoun Bocoum : Oui sur le plan énergétique, je vais vous dire ceci. Je suis consultant international, je sais ce qui se passe à travers l’Afrique et le monde. En fait, vous ne me citerai pas aujourd’hui trois pays africains qui n’ont pas de problèmes d’énergie en réalité. C’est criard chez nous, c’est vrai, parce que nous ne sommes pas habitués à ça. Sinon tous les pays africains ont ce problème.
Aujourd’hui, si vous regardez très sérieusement l’énergie au Nigeria par exemple, la fourniture de l’énergie par le privé occupe plus de 60%. Ce que nous souhaitons, c’est d’aller en transition énergétique et je pense que le ton a été donné par les autorités avec ces projets de champs solaires ici et là.
Donc aider à développer les énergies renouvelables, le soleil par l’éolien, l’hydrogène parce que c’est possible. Dieu merci, nous avons des gisements d’hydrogène çà et là et qu’on aille en transition énergétique pour juguler complément cette question d’énergie et que l’on puisse démarrer une industrialisation dans le pays.
Le MPPA est-il aujourd’hui prêt pour la conquête du pouvoir si élection présidentielle il y a demain ?
Dr Hamadoun Bocoum : Ah ! Je pense que oui ! Nous irons à l’élection présidentielle si Dieu le veut ! Maintenant toute chose qui n’est pas arrivée, reste prévisionnelle. Mais une chose est néanmoins sûre, nous avons l’intention oui d’y aller. Nous allons nous préparer dès que nous sentirons que les pouvoirs publics sont prêts pour l’organisation. Nous allons commencer à nous organiser, nous manager et à aller vers ça, c’est certain.
Dans ce cas, êtes-vous disposé à aller en coalition avec des partis politiques ou vous comptez évoluer seul pour un début ?
Dr Hamadoun Bocoum : S’’il y a des hommes ou des structures politiques qui ont les mêmes visions que nous, on peut aller ensemble, pourquoi pas ! C’est une question de vision, nous, notre vision, je viens de l’étaler. S’il y a des hommes ou des femmes ou des structures politiques qui ont la même vision que nous, on va se tenir la main et aller ensemble, pourquoi pas.
M. Le président, le MPPA est aujourd’hui à quel niveau en termes d’implantation sur le territoire national ?
Dr Hamadoun Bocoum : Je vais vous dire que c’est juste en mars dernier que nous avons eu le récépissé de l’État. Nous sommes donc en train de nous organiser à l’interne. Les réunions techniques et organisationnelles continuent. Nous avons écrit le programme, on l’améliore, on le toilette. Lorsqu’on aura la certitude d’avoir terminé cette phase là. Nous ferons alors le lancement avec une programmation d’implantation à l’intérieur du pays et dans la diaspora.
Vous avez parlé de la vision de votre parti et de vos projets en évoquant l’épineuse question de l’emploi des jeunes. Est-ce à dire que vous avez concocté ou réfléchi quelque chose pour l’emploi des jeunes dans notre pays?
Dr Hamadoun Bocoum : Complément, j’ai fait la promotion du programme Shindel emploi Sahel où j’ai tourné avec le CILS. J’ai été voir la BIDC, la BOAD. J’ai discuté avec la CEDEAO à Abuja pour leur dire qu’il y a une proposition stratégique qui va faire que chacun de nos pays (côté Sahel en tout cas), peut promouvoir 5 millions d’emplois pour la jeunesse en milieu rural. Et nous avons crée Shindel emploi et nous sommes en discussion avec la fédération nationale des jeunes ruraux et la fédération nationale des femmes rurales pour promouvoir des projets et sous projets qui vont être des supports stratégiques de l’auto-emploi durable sur nos propres filières en collaboration étroite et juridique avec les collectivités territoriales qui sont détentrices de terres agricoles et d’espaces pour que les jeunes puissent produire des denrées qui sont attendus sur le marché ;signés des contrats de filières et être sûrs que ce sont vraiment des activités durables pour réduire complètement le chômage. Donc, Shindel emplo i, c’est une approche stratégique, originale, un business modèle spécifique pour que nos jeunes n’aillent plus ailleurs. Au contraire que les jeunes des autres pays viennent au Mali et dans l’AES.
Justement, parlant de l’AES, en tant que président de parti, que vous inspire la sortie du Mali de la CEDEAO pour l’Alliance des Etats du sahel (AES) avec le Burkina Faso et le Niger. Comment l’avez-vous apprécié ?
Dr Hamadoun Bocoum : Rire. Vous savez dans mon environnement social et immédiat, même aujourd’hui, j’ai un copain qui me qualifiait au téléphone de » consultant AES « .
J’ai aussi fait des sorties médiatiques où on voit carrément que je suis complètement pour l’AES parce que c’est un élan de souveraineté. Ces trois pays constituent, selon moi, une forte économie enviable dans les filières Agro alimentaires. Je ne parle pas des mines, de l’or ou du pétrole, pas du tout.
Je parle des économies rurales de ces trois pays. Je vous assure que c’est extraordinaire ce que nous pouvons faire ensemble. S’il y a une bonne orientation stratégique sur le plan développement économique et social, je vous assure que l’AES serait la meilleure de toutes les sous-régions de cette Afrique.
Car, il y a effectivement de quoi s’en réjouir !
Comme je vous le disais, mes amis m’appellent « consultant AES». Je l’’assume et je suis sûr que si et seulement si, il y a une bonne orientation stratégique et des plans d’actions réelles dans le cadre du développement, ces pays s’en sortiront !
Je suis résolument engagé pour cette alliance. Je ne suis pas derrière un homme pour un homme, pas du tout ! Je suis pour le Mali.
Votre mot de la fin ?
Dr Hamadoun Bocoum : Je prie pour que notre pays soit le meilleur en Afrique parce que naturellement il est le meilleur. Ça, c’est un. Je prie pour la paix, parce que sans paix, rien n’est possible. Je prie que nos dirigeants soient soutenus, appuyés, accompagnés pour que ce pays avance vers la paix et entamer des rames de développement .Mais j’ai un conseil. Je pense qu’il y a des discours qui ont lancé la question de souveraineté de notre pays et même de l’Afrique globalement. Ces discours continuent toujours d’ailleurs. Je pense qu’il faut maintenant qu’on aille à l’action. Ce que je conseille vraiment aux autorités, c’est de réduire un peu ces discours et aller dans des actions qui vont montrer au peuple malien qu’on est en train d’avancer vers des questions de construction nationale, de développement socio- économique pour l’avenir de la jeunesse et mettre les gens au travail. Le contexte actuel ne favorisant point un accès notifiable aux financements internationaux en faveur des Etats de l’AES. Il est impérieux de VALORISER LE SECTEUR PRIVE et construire des GRAPPES FINANCIÈRES pour les projets d’envergure. Il faut que les privés fassent maintenant le portage du développement économique et booster la croissance.
J’ajouterai aussi qu’il faut que ‘on aille au dialogue et ramener la paix au Mali et dans l’AES.
Interview réalisée par A. N’Djim
Le Point