TRANSITION AU MALI : Bah N’Daw entre le marteau de la Cedeao et l’enclume des Maliens

TRANSITION AU MALI : Bah N’Daw entre le marteau de la Cedeao et l’enclume des Maliens

6 octobre 2020 0 Par Mali Scoop

Le colonel à la retraite, Bah Daw a pris les rênes de la transition malienne. Une mission noble et exaltante, mais très délicate quand on sait que cette mission s’annonce très difficile, vue le contexte actuel de la situation du Mali.

Les leaders du Mouvement du 5 juin estiment donc que le choix de Bah N’Daw n’engage que la junte. Les questions que l’on peut dès lors se poser, sont les suivantes : que feront les compagnons de lutte de l’imam Dicko ?

Vont-ils accepter le fait accompli au risque de se voir forcer la main dans les mêmes conditions pour la mise en place des autres organes de la Transition ? Ou alors, vont-ils engager un bras de fer avec la soldatesque en lançant leurs ouailles dans la rue comme ce fut le cas contre le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) ?

Les Maliens doivent tourner la page du passé et se tourner résolument vers l’avenir. Il y a eu déjà trop de temps perdu et les sanctions qu’endurent les populations, risquent d’hypothéquer leur élan à accompagner la longue genèse du « Mali nouveau » auquel elles aspirent. Et de toute façon, le peuple malien ne peut s’en prendre qu’à lui-même car il apprend aussi dans la douleur qu’il n’y a pas de bon coup d’Etat et qu’il faut se garder d’applaudir l’immixtion des militaires sur la scène politique.

En attendant que l’avenir nous situe, l’on peut dire que le grand gagnant de cette foire aux dupes, est le colonel Assimi Goïta. L’homme peut se tirer avec le statut d’ancien Chef de l’Etat et occupe le poste stratégique de la vice-présidence avec des prérogatives que d’aucuns jugent disproportionnées, en l’occurrence la défense, la sécurité et la refondation de l’Etat. Les Chefs d’Etat de la CEDEAO avaient d’ailleurs exigé que la charte de la Transition soit relue pour donner ces attributions au Président de la Transition.

« Bah N’Daw est un homme droit, intègre, patriote, qui n’a pas les mains trempées dans des magouilles », a-t-on pu entendre. Si cette renommée n’est pas surfaite ni une légende créée pour faire accepter le diktat de la junte, le nouveau président est un homme de poigne qui pourrait bien être l’homme de la situation.

Mais l’on imagine que la tâche ne sera pas de tout repos. Et pour cause. D’abord, l’homme devra se livrer à des travaux herculéens. Il devra, en effet, relever le défi de la sécurité, lancer le vaste chantier de la réconciliation des Maliens et surtout organiser des élections démocratiques, inclusives et transparentes, acceptées dans un contexte de partition de fait du pays et d’insécurité généralisée.
Ensuite, pour garder ses marges de manœuvre, il devra s’affranchir de la tutelle de celui qui l’a fait roi. Et cela, l’on imagine que ce sera tout, sauf de la tarte. Enfin, l’on peut bien se demander de quelle légitimité il disposera pour agir, quand on sait qu’il est déjà contesté par une partie de la classe politique et de la société civile qui croit disposer, elle, de la légitimité d’avoir provoqué la chute du président IBK.

Assi De DIAPE