AFFAIRE PARTI SADI : La justice veut-elle faire sa mue ?
29 mai 2024Le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) de Oumar Mariko, ne sera pas dissous, pour le moment. Ainsi en a décidé la Justice malienne qui déboute, du même coup, le gouvernement de la transition.
Le Parti SADI avait reçu une assignation en justice visant sa dissolution le 28 décembre 2023. Cette assignation, délivrée par un huissier, marquait le début d’une procédure juridique complexe et politiquement chargée. Le contentieux de l’État, représentant le ministère de l’Administration territoriale, avait introduit cette requête, invoquant divers motifs pour justifier la dissolution du parti.
Initialement prévue pour le 8 janvier 2024, l’audience a été reportée à plusieurs reprises, reflétant les tensions et les enjeux élevés autour de cette affaire. Pendant cette période, le président du parti, le Docteur Oumar Mariko, était en exil.
Depuis avril 2022, il avait quitté le Mali après avoir accusé l’armée de commettre des exactions contre des civils, des propos qui lui avaient valu des menaces et des pressions politiques intenses.
Le verdict rendu le 20 mai a été accueilli avec satisfaction par les membres et les sympathisants du Parti SADI. Oumar Mariko, toujours en exil, a qualifié cette décision de « victoire pour la démocratie ».
Dans un message audio, il a exprimé sa joie et rendu « hommage aux martyrs de la lutte démocratique ». « Le sang des martyrs vient de parler », a-t-il déclaré, saluant le courage de la justice malienne qui, selon lui, a démontré son indépendance et son engagement envers la vérité et les droits du peuple.
En tout cas, quand on sait que, généralement, la Justice, sous nos tropiques, est connue pour être aux ordres du prince régnant et qu’au Mali, toute contestation de la volonté du président Assimi Goïta, est considérée comme un crime de lèse-majesté, on ne peut que saluer le courage du juge qui a osé dire non au locataire du palais de Koulouba.
C’est tout simplement audacieux. On se rappelle, en effet, la décision, pour le moins étonnante de la Cour constitutionnelle qui, saisie à l’effet de se prononcer sur la vacance du pouvoir au Mali, avait préféré s’en laver les mains en se déclarant incompétente. Toute chose qui avait contribué à ternir davantage l’image de la Justice malienne qui, à travers le verdict rendu dans l’affaire qui opposait l’Etat au président du SADI, tente de rattraper ce qui peut l’être encore.
Le Point