Crise alimentaire à Gao et Ménaka : La situation est alarmante !
19 février 2024Sans fanfaronnade ni tambour et trompette, la situation alimentaire dans les deux régions est très alarmante. Les populations vivent actuellement dans d’énormes difficultés alimentaires. Les quelques rares denrées qui existent sur le marché sont à prix d’or. Une souffrance de trop pour des populations meurtries par un conflit de plus de douze ans.
Sans présentation de la géographie des deux régions, elles sont coincées entre le Mali et le Niger et ne doivent leur salut que grâce aux voies de communication, ce sont les routes qui les lient aux capitales des deux pays. Sur le plan climat, la rareté des pluies est telle que rarement qu’aucune culture saisonnière n’est possible et par extension la culture des céréales propice à l’alimentation de la population. Donc, d’ores et déjà, elles ne bénéficient pas des mêmes avantages climatiques que certaines régions du pays. L’activité prépondérante et dominante sur laquelle repose exclusivement l’économie de ces régions est le commerce. A côté de celle-ci, figure l’élevage. Quant à cette dernière, il n’y a presque plus d’animaux car les bandits armés, les brigands et les terroristes ont emporté tout le cheptel et les propriétaires sont devenus des pauvres et vulnérables qui ont besoin d’un soutien pour vivre dignement. La plupart de ces anciens propriétaires sont des déplacés internes ou des réfugiés dans certains pays voisins. Quant au commerce, elle a commencé à être moribonde depuis la reconquête définitive du territoire à la fin de l’année 2023. Avec cette reconquête, les voies de communications principales sont bloquées pour contrôler les mouvements des personnes et les transactions des marchandises. Car les terroristes utilisent tous les moyens pour mobiliser leurs logistiques. Les autorités ne ménagent aucun effort pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Mais ce sont des mesures sécuritaires qui entraînent des conséquences négatives sur la vie et l’économie de la population. Le pire est qu’il n’y a aucune alternative économique mise en place par les autorités pour atténuer les effets directs de cette forme d’embargo qui ne dit pas son nom. Actuellement, cette fermeture des voies crée une rareté des produits de première nécessité en particulier les céréales, les hydrocarbures et autres produits importants pour la consommation de la population.
Ce manque criard de produits alimentaires est une autre forme d’insécurité plus dangereuse que les autres, car elle s’attaque à toute la population au même moment avec les conséquences. Les seules personnes qui peuvent se soustraire à cette mort certaine sont les fonctionnaires de l’Etat qui prennent leur salaire à la fin de chaque mois et qui l’investissement directement dans la nourriture. Sans oublier le manque de produits pharmaceutiques. Dans ces deux villes, les populations ont commencé à broyer du fer. Par exemple, dans la ville de Gao, le kilo de riz est de 500 FCFA pour des gens dont la plupart n’ont plus de revenu ni annuel encore mensuel. Le litre d’essence coûte 2000 à 3000 FCFA par endroit. A Ménaka, le kilo de riz coute de 1000 Fr à 1500 FCFA et le litre d’essence coûte 5000 FCFA. Pour des villes où il n’y a pas d’emploi et les chefs de famille ne peuvent en aucune manière subvenir aux besoins de leurs familles.
Actuellement, les populations peinent à trouver au moins deux repas par jour dans la ville de Gao et un repas dans les milieux ruraux. La même réalité prévaut dans la région de Ménaka. Selon un habitant de la ville de Ménaka, il y a certaines personnes qui font trois jours sans trouver à manger dans les hameaux et même dans la ville de Ménaka. Les mototaxi qui desservaient les populations en eau sont aux arrêts par manque de carburant car l’eau est aussi est un problème auquel les populations de la ville sont confrontés à Ménaka. Certes quasiment, toutes les régions vivent une situation difficile, mais la ville de Ménaka particulièrement a été fortement impactée par l’insécurité civile entraînant des pertes importantes de terres cultivables, des enlèvements de bétail fréquents, et des déplacements massifs de populations. Ces défis sont exacerbés par le manque d’accès généralisé et les multiples blocus, faisant de cette zone l’épicentre des mouvements armés les plus violents.
Le Point