PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION :Tous les coups sont permis
30 janvier 2023Des partis politiques sont vent debout contre le projet de nouvelle Constitution que le gouvernement compte soumettre à référendum, dans quelques mois. En effet, invités par le ministère de l’Administration territoriale à participer, le 12 janvier dernier, à une réunion pour « échanger sur les pistes » pour « une meilleure organisation du référendum », certains acteurs politiques ont tout simplement décidé de boycotter ladite réunion.
Le 24 juin 2022, le président de la transition le Colonel Assimi Goita a promulgué la nouvelle loi électorale fortement amendée par les membres du CNT. Depuis cette date, une partie de la classe politique ne cesse de dénoncer les articles qui s’y trouvent même si les acteurs politiques s’accordent sur une vraie réforme du système électoral.
Pour le retour à l’ordre constitutionnel, l’inquiétude des acteurs politiques et de la société civile sur le respect du chronogramme dans le délai imparti grandi. Et selon les autorités de la transition, les retards dus à l’exécution de la loi électorale, qui font douter plus d’un, sera revu afin de respecter les différentes dates.
Quant à la mise en place des démembrements de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections, le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale et de la Décentralisation rassure les responsables politiques et ceux de la société civile.
Les partis de l’Alliance Espérance nouvelle « Jigiya Kura », un regroupement d’Organisations de la société civile et de partis politiques qui, non seulement renient la légitimité des autorités de la transition à entreprendre une telle réforme, mais aussi estiment que « le temps [avant la fin annoncée de la période de transition, ndlr] ne nous permet pas d’aller à une nouvelle Constitution ». D’autres, par contre, à l’instar du parti PS-Yelen Koura de Amadou Koïta, ont choisi d’y aller pour défendre leur position et contester de vive voix, le projet de nouvelle Constitution dont ils disent ne pas voir la nécessité et en dénoncent le caractère « aventureux ».
Mais tous s’accordent à rejeter le projet de nouvelle Constitution tout en prônant un retour rapide à la légalité constitutionnelle. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce projet de nouvelle Constitution porté par les autorités de la transition, divise profondément les Maliens. Non seulement dans la forme, au regard de la remise en cause de la légitimité des autorités intérimaires par l’opposition, mais aussi dans le fond, en raison de certains points sensibles comme, par exemple, la question de la laïcité de l’Etat sur laquelle des personnalités et pas des moindres comme le très influent imam Mahmoud Dicko, portent encore le débat.
Il faut éviter de tomber dans le scénario tchadien d’un pseudo-dialogue dit national, inclusif et souverain, tenu au forceps à Ndjamena par les autorités de la transition malgré les récriminations et le boycott d’une importante partie des acteurs, et qui n’a contribué qu’à creuser le fossé de la méfiance entre concitoyens.
Si un tel scénario devait se répéter au Mali, on en imagine les conséquences pour un pays qui peine déjà à se remettre de la grave crise sécuritaire qui est toujours préoccupante et qui demeure aujourd’hui encore un véritable handicap pour son développement.
Le Point