CENTRALE DE BALINGUE :La contrebande de carburant qui ravitaille Bamako !

CENTRALE DE BALINGUE :La contrebande de carburant qui ravitaille Bamako !

15 juin 2022 0 Par Mali Scoop

Au Mali existe un vaste réseau de contrebande d’essence pour ravitailler les centrales thermiques.
De cette nécessité a surgi une opportunité commerciale hautement lucrative. Il y a bien longtemps que ce busines prospère. Les trafiquants ont commencé à acheter de l’essence auprès des chauffeurs des citernes, et à l’écouler illégalement sur le marché. Aujourd’hui, la vente illégale de l’essence sur les étals de rue à un prix inférieur à celui annoncé par les stations-service officielles parvient à faire l’affaire des chauffeurs de taxi moto et même des voitures.

La centrale thermique de Balingué, est dans l’agonie, car à ce jour deux des quatre tribunes ne fonctionnent pas correctement comme cela se doit. Sans oublier qu’un véritable business de contrebande du carburant pour alimenter la centrale est détourné pour d’autre fin. Après plusieurs décennies d’activités, les patrons de ce trafic illégal jouissent de popularité et de pouvoir à Bamako. Les pouvoirs publics ferment les yeux, se laissent soudoyer ou s’effacent devant eux.

Bien que les contrebandiers passent devant les postes de contrôle policier pour se retrouver sur le marché, ils ne sont pratiquement jamais interpellés et encore moins arrêtés. Les autorités leur laissent la voie libre en échange de quelque bakchich dont le montant a été préalablement convenu avec les grands patrons de ces réseaux de contrebande. Les points de vente bordent les trottoirs de la capitale et les routes de la capitale. Il est aujourd’hui rare qu’un citoyen n’ait un ami ou un proche qui travaille dans la contrebande d’essence ou dont la famille ne dépende pas directement des revenus de ce négoce. Les jeunes y voient une ressource pratique pour faire face aux charges familiales.

Au même moment, la centrale de Balingué se meurt tout doucement. Il n’est pas rare de voir des bidons de gasoil ou d’essence sortir nuitamment dans la zone pour être livrés. Bien organisé, car il y a parmi eux des éclaireurs qui guettent les voies, au moment où le chauffeur et son apprenti passe à l’acte. Il nous revient que des responsables de cette centrale sont de connivence avec ces derniers.

Le gouvernement se trouve entre l’enclume et le marteau. La résistance citoyenne (à la fois des membres du réseau et des clients habitués aux prix plus abordables), sans compter que cela entraînerait comme dégât en cas d’incendie. Mais on ferme les yeux sur ce trafic, qui fait que malgré que la zone industrielle et environ vient toujours les coupures intempestives du courant électrique, alors que cette centrale était une épine qu’on voulait enlever de leur pied lors de sa construction.

Les vendeurs de ce produit au Mali s’approvisionnent auprès de fournisseurs nationaux. En particulier auprès des camions-citernes transportant de l’essence destinée aux stations-service. Ils font des arrêts sur leur chemin pour qu’une partie du carburant soit siphonnée.

« L’opération se fait de nuit. Lorsque le camion arrive, il nous rejoint à notre base, qui n’est pas au bord de la route. Là, nous recueillons la quantité de carburant convenue et le camion continue son voyage », explique M.C qui tient un point de vente dans la capitale. La mission des transporteurs consiste à conduire des motos nuitamment pour livrer la cargaison aux différents propriétaires, qui par la suite, les livrent aux revendeurs. Imaginer un accident, même léger, impliquant une de ces motos peut causer des centaines de morts s’il survient à proximité de centres urbains.

En dehors de ce trafic la centrale de Balingué, aucune alternative n’est proposée aux trafiquants et aux vendeurs pour les inciter à abandonner cette activité. Et pourtant, Dieu sait que c’est un refuge pour les nombreux jeunes diplômés ou pas auxquels l’Etat n’est pas arrivé à offrir des emplois. Ce sont des jeunes gens qui se débrouillent afin d’échapper aux griffes de l’ennui, du vice, du besoin, mais aussi du vol, du gangstérisme etc.
A.D