RETRAIT DE BARKHANE ET DE TAKUBA DU MALI :Quel plan B en vue ?

RETRAIT DE BARKHANE ET DE TAKUBA DU MALI :Quel plan B en vue ?

23 février 2022 0 Par Mali Scoop

L’armée française et la force européenne TAKUBA au Mali, c’est fini. Poussée vers la sortie par la junte militaire aux affaires, le président français, Emmanuel Macron, a officiellement annoncé, jeudi dernier, à l’ouverture du 6ième sommet UE-UA à Bruxelles, le retrait militaire de la force française Barkhane et de Takuba du Mali, après plus de neuf ans de lutte (en ce qui concerne Bartkhane) antijihadiste dans notre pays. 

 « La France ne saurait être engagé militairement aux cotés d’autorités de fait, dont nous ne partageons, ni la stratégie, ni les objectifs cachés. C’est la situation à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés au Mali » Ces propos sont ceux d’Emmanuel Macron dans son discours, hier, devant les dirigeants européens et africains, pour justifier le retrait militaire de Barkhane et de la force spéciale européenne Takuba. Pour l’Elysée ceux qui accèdent au pouvoir par la force des armes, ne sont pas fréquentables. Pour le cas particulier du Mali, l’ostracisme, du fait du mode d’accession au pouvoir, s’est doublé de la dégradation continue des relations entre Bamako et Paris, au point que le point de non-retour semble avoir été franchi.

 Le ministre des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, avait déjà annoncé la couleur en officialisant ce qui, en réalité, n’était un secret pour personne. La France qui n’est plus en odeur de sainteté avec le régime de Bamako, quitte le Mali après avoir assisté impuissante à la violation de toutes les lignes rouges qu’elle avait fixées, en l’occurrence l’arrivée des mercenaires russes du groupe Wagner dont le nombre est aujourd’hui estimé à 1000,  et le maintien du flou sur le calendrier électoral censé ramener l’ordre constitutionnel dans le pays.

 En attendant de voir les nouvelles orientations stratégiques qui sortiront de cette rencontre au plus haut sommet, l’on peut continuer à épiloguer sur ce divorce entre la France et le Mali, qui laisse un arrière-goût amer pour les deux partenaires. Il est, en effet, certain que Paris garde comme un os à travers la gorge, la manière dont elle est éconduite des rives du Djoliba qu’elle a autrefois sauvées des groupes armés du Nord qui y déferlaient.

 Du coté de Bamako, le ressentiment est tout aussi vif car l’idée la plus partagée aujourd’hui au Mali, est que la France est responsable de la dégradation continue de la situation sécuritaire au Sahel. Mais au-delà du ressenti de part et d’autre, ce qui importe, ce sont les leçons qu’il faut tirer de cette coopération née dans l’enthousiasme populaire et  qui a tourné au vinaigre. Le Mali tient là une occasion en or pour prendre son destin en main et assumer pleinement son indépendance.

 Mais cette option ne dissipe cependant pas la peur que les groupes armés reprennent du poil de la bête et transforment le Mali en un Afghanistan sahélien. Quant à la France, cette mésaventure devrait lui permettre de corriger toutes les erreurs et les péchés à sa charge, si elle ne veut plus revivre les mêmes péripéties dans d’autres contrées.

 Nous osons également espérer que les cinq colonels, particulièrement le président de la transition, Assimi Goïta et le ministre de la Défense, Sadio Camara ont commencé à réfléchir à  un plan B pour combler le vide sécuritaire que va laisser la France et ses alliés. D’aucuns diront certainement que Wagner et les Forces armées maliennes vont assurer. Mais ne perdons pas de vue que le Mali fait 1,241 million km2 et le sahel, c’est plus de 5 millions de Km2. Comme quoi, le plus dur commence maintenant  pour une armée malienne en pleine reconstruction.

 Sinon, disons-le, tout de suite, s’affranchir d’une puissance étrangère et en même temps faire allégeance à une autre, ne saurait être une victoire en soi. C’est donc maintenant ou jamais de préparer l’après ‘’wagner’’. Cela passe nécessairement   par la formation et l équipement des Fama pour la reconquête de l’intégrité du territoire national. La souveraineté du pays passe aussi par là. A bon entendeur…

 Le Point