RELECTURE DE LA CHARTE DE LA TRANSITION : Quel coup prépare Assimi Goita ?

RELECTURE DE LA CHARTE DE LA TRANSITION : Quel coup prépare Assimi Goita ?

23 février 2022 0 Par Mali Scoop

La Charte de la transition qui était en cours de relecture depuis quelques jours maintenant au Conseil national de la transition, l’organe législatif sous la transition au Mali, a finalement été révisée en début de semaine. Cette révision de la charte de la transition, poussent des observateurs de la scène politique nationale à s’interroger sur le bien-fondé de cette révision à un moment où la durée de la transition doit normalement prendre fin le 27 février prochain.

Pour le Cadre d’échange des partis politiques pour la réussite de la transition, « cette démarche dénote d’une volonté manifeste des autorités maliennes de faire cavalier seul et d’agir de façon dictatoriale pour confisquer le pouvoir et pour s’y éterniser ». Ce regroupement de partis politiques en veut pour preuve la suppression envisagée du poste de vice-président ; toute chose qui concentrerait les pouvoirs absolus entre les mains du seul président de la transition, le colonel Assimi Goïta.

Il se dégage comme une sorte de méfiance entre les refondateurs au pouvoir et les acteurs de la scène politique.

En outre, le Cadre « estime que la priorité des priorités est de proposer un calendrier électoral consensuel avec l’ensemble des forces vives de la Nation ». Des appréhensions balayées du revers de la main par le gouvernement pour qui ces retouches visent une meilleure efficacité de l’action de l’Exécutif, notamment à « éviter les duplications des missions et permettre au ministre chargé de la défense et au ministre chargé de la sécurité, de recouvrer et d’exercer la plénitude de leurs attributions traditionnelles ».

La question n’est pas de savoir qui a raison et qui a tort. Mais, comme on le voit, dix-sept mois après le début de la transition, les acteurs de la scène politique malienne peinent encore à s’accorder sur l’essentiel des missions et des objectifs de cette transition visant à remettre le pays sur les rails de la démocratie. Et pour ne rien arranger, il se dégage comme une sorte d’antagonisme voire de méfiance entre les refondateurs au pouvoir qui ont toujours du mal à convaincre de la noblesse de leurs intentions dans leur volonté d’opérer des réformes en profondeur avant tout retour à l’ordre constitutionnel normal, et les acteurs de la scène politique réunis au sein du Cadre d’échange qui n’y voient que de la poudre de perlimpinpin qui cache mal un agenda et des desseins inavoués.

Une crainte d’autant plus fondée car le Conseil national de la transition vient de voter en début de semaine, la révision de la charte de la transition avec « l’augmentation du nombre de membres du CNT qui passe désormais de 121 à 147 membres », et d’une « adaptation de la durée de la transition aux recommandations des assises nationales »,entre autres.

Il est dans l’intérêt des Maliens de prendre conscience des dangers du pouvoir absolu.

Quand on sait que la pomme de discorde entre les autorités de Bamako et la CEDEAO tient essentiellement au délai de quatre à cinq ans issu des conclusions des Assises nationales, il est à espérer que cette relecture de la Charte de la transition ne paraîtra pas comme une nouvelle forme d’entourloupe des autorités de la transition visant à présenter sous le vernis de l’onction populaire, des mesures qui s’apparenteraient ni plus ni moins à une couleuvre difficile à avaler par l’instance communautaire.

La question qui se pose aujourd’hui, est de savoir si les autorités de la transition ont besoin de passer par le CNT pour proposer un chronogramme à la CEDEAO. Si ce n’est pas le cas, la relecture de la Charte de la Transition s’impose-t-elle ? Est-ce vraiment la priorité ?

 Le Point