Processus de sortie de crise : Choguel et A. Maïga rassurants mais le scepticisme  demeure !

Processus de sortie de crise : Choguel et A. Maïga rassurants mais le scepticisme demeure !

12 juillet 2021 0 Par Mali Scoop

A l’occasion du 6e anniversaire de la signature de l’Accord de paix et de réconciliation nationale au Mali, signé en 2015, à Alger, coïncidant également avec la 43e session ordinaire du Comité de Suivi de l’Accord (CSA), le Premier Ministre de la transition, Dr Choguel Kokalla Maïga, a tenu à rassurer que tout sera mis en œuvre par son Gouvernement pour la tenue effective des élections référendaire et générales (au délai prévu et de manière transparente) et l’application sur le terrain du contenu de l’ Accord d’Alger II. Selon lui, ces deux points (élections générales et Accord de paix) font partie des priorités de la transition.

Dans une déclaration livrée à la faveur du lancement officiel des travaux de la 43e session du Comité de Suivi de l’Accord (âgé de six ans révolus en juin dernier), le Premier Ministre de la transition, Dr Choguel Kokalla Maïga, s’est montré rassurant devant l’opinion nationale et internationale pour la tenue effective et en bonne et due forme les prochaines référendaire et générales ainsi qu’à l’exécution effective de l’Accord d’Alger II pour la paix et la réconciliation nationale au Mali. Ainsi soit-il !
Cependant, il y a lieu de s’interroger à la fois anxieusement et objectivement.

Anxieusement d’abord

En effet, disons anxieusement d’abord en ce sens que le PM annote avec fermeté que la mise en œuvre de l’Accord d’Alger se fera de façon « intelligente » ; c’est-à-dire, dans le respect strict de la ligne rouge contenant d’un certain nombre de points qui ne seront jamais négociables. Et, il précise qu’il s’agira, principalement, de l’Unité nationale du Mali, de la Souveraineté nationale, du caractère républicain et laïc de l’Etat, … Ce qui requiert un besoin de relecture des textes sur fond de retouche de certains Articles en soit. Or, pour la CMA et ses complices de près ou de loin, la mise en œuvre de cet Accord doit être intégrale et sans aucune éventuelle relecture. Surtout que Choguel avait toujours dénoncé l’esprit de cet Accord qui, à ses dires quand il était dans l’opposition face au Régime d’IBK, sou tend la partition du Mali au bénéfice des mouvements sécessionnistes dazawadiens. Ce qui amène à retenir que, concernant la mise en œuvre de cet Accord, toutes les options sont sur la table. La bombe à retardement n’est pas du désamorcée.

Objectivement maintenant

Par ailleurs, le PM a certifié que toutes les élections se tiendront comme convenu avec la Communauté internationale dont l’épée de Damoclès reste suspendue sur la tête de ses mentors putschistes auxquels, de par ricochet, le sort du pays tout entier est lié.
Certes, qu’elle soit souveraine ou suite à des pressions politiques internes et externes, tout indique qu’avec sa promesse de tenir les élections générales dans le délai prévu, le Gouvernement de la transition compte couper l’herbe sous les pieds de ses détracteurs. Selon le calendrier annoncé, le Referendum aura lieu le 31 octobre 2021 ; les Régionales et locales le 26 décembre ; le premier tour de l’élection présidentielle couplée du scrutin législatif c’est pour le 27 février prochain et les seconds tours respectifs pour les 13 et 20 mars 2022. Mais, reste à savoir si la branche armée des tombeurs du Régime d’IBK n’a pas son propre calendrier avec des candidats cachés vu le contexte sociopolitique dans lequel vont les choses actuellement. Et ce ne seraient ni Kaou Djim ni cette quidam soi-disant Présidente des femmes de Kati qui nous dirons le contraire. Ceux-là ne sont pas de simples animateurs de la galerie ; mais, il se pourrait qu’ils soient de savants joueurs du rôle de petits balafons émanant de gros balafons.
Ceci dit qu’avec l’annonce officielle du respect au calendrier des élections générales devant permettre à un regain d’espoir, d’optimisme. Mais, en toute objectivité, les raisons qui amenaient certains de prêter des intentions au Gouvernement de la transition en place, demeurent implicitement sur fond de pyrrhonisme sur l’échiquier politique national. Surtout est-il qu’avec l’avènement du 24 mai 2021 la Constitution du 25 février 1992 en vigueur est violée et la charte de la transition est enterrée de par les faits. Donc, la crédibilité, la sincérité de la junte et la question de savoir jusqu’où pourrait-elle cheminée le Président du M5-rfp, Dr Choguel Kokalla Maïga, risque de s’évertuer en autre centre névralgique de la feuille de route assignée à la transition. Qu’elle soit souveraine ou suite aux pressions diplomatiques de la Communauté internationale, force est de constater qu’avec cette détermination de Choguel de tenir la parole donnée en optant pour la tenue à la date indiquée les différentes élections met les uns et autres en droit d’être rassurés. Mis et encore mais, ce serait, effectivement, cette preuve de bonne volonté politique est sans aucun agenda tant redouté sous le boubou et/ou sous les treillis. Ce n’est pas exclu que les récents étalages sur la place des idées de création d’un parti politique au nom du Président de la transition, Colonel Assimi Goïta, par Kaou Djim et de prolongation de la période transitoire en cours par les femmes de Kati deviennent de réalités. En tout cas, même si le Premier Ministre, Dr Choguel K. Maïga, a pris l’engagement devant les Conseillers du CNT (Conseil National de la Transition, organe législatif transitoire) que tout sera mis en œuvre pour organiser dans les délais convenus des élections libres et transparentes, objectivement, toutes les éventualités sont là. Même si, de son côté aussi, le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Maïga, ne cesse de rassurer devant la classe politique, de la société civile et des partenaires techniques et financiers (PTF) que son Département est à pied d’œuvre pour tenir ces élections à temps et sans aucun risque de crise postélectorale. Ce qui annonce qu’il est permis d’espérer que le respect de la date d’élections échue est devenu un acquis. Seulement, le seul gros point d’interrogation est de savoir si oui ou non la junte n’a pas dans les coulisses son ou ses propres candidats.
En tout cas, le Premier Ministre et son Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, se battent pour le respect du calendrier des élections référendaire, présidentielle et législatives notamment ne semblait pas permettre de s’y attendre. Même si, désormais, sur le plan sociopolitique, entre les partisans plus ou moins déguisés de la junte originelle et les vrais Artisans de la chute du Régime d’IBK, l’atmosphère n’est plus tendue comme elle était surchauffée à blanc sous Bah N’Daw. Même du côté des autres Acteurs politiques et sociaux indécis, l’heure n’est conflictuelle autour du vaste programme de relecture en profondeur des textes régissant la loi électorale, la charte des partis politiques et la loi organique sur les conditions d’éligibilité et d’illisibilité des futurs Gouvernants de la Nation et du Peuple et autre. Même s’il reste que l’organisation des législatives, régionales, municipalités et du Référendaire ainsi que le redécoupage administratif du territoire national à but électoraliste demeure au centre des discussions. En somme, la décision est bonne en soi. Reste tout de même à savoir comment adapter la nouvelle donne au processus de concertations et d’échange en cours entre le Ministère de l’Administration Territoriale d’un côté et la classe politique et la société civile de l’autre.
Cependant, c’est la teneur de la future Constitution qui déterminera les conditions et modalités de participation aux prochaines élections générales en vue qui compte doit préoccuper. Car, là, tout est possible aussi pour permettre à ce que ces élections soient ouvertes à tous les postulants ou restreintes.
A.D